« On a droit à un spectacle exceptionnel, dans une jolie brise d’un peu plus de dix nœuds de vent, toute la flotte sous spi est venue saluer une dernière fois Ouistreham et Caen où nous avons été si bien reçus » Jacques Caraës, le directeur de course, avait bien raison de se réjouir cet après-midi vers 16h30. A 15h20, le Comité de course avait lâché les 49 solitaires pour cette étape de 415 milles à destination de Crosshaven en Irlande. Seul bémol : la fortune de mer arrivée au malheureux jeune britannique James Bird, dont le bateau GFI Group a talonné en se rendant sur la zone de départ et a subi une voie d’eau suffisamment importante pour que James décide de remonter vers Caen afin de réparer. Il pourrait décider ensuite de rejoindre la flotte en Irlande afin de participer à la deuxième étape.
Ce sera finalement le seul incident notable des premières heures du parcours disputées sur une mer plate en rade de Caen. Trop gourmands sur la ligne au départ, Jeanne Grégoire (Banque Populaire), l’Italien Pietro D’Ali (Kappa) et Nicolas Lunven (Bostik) étaient rappelés par le comité et prenaient donc un léger retard. A l’inverse, les deux anciens planchistes de haut niveau que sont Robert Nagy (Theolia) et Fred Duthil (Distinxion), prenaient le meilleur départ et se disputaient le leadership lors des premiers milles de ce parcours… accompagnés d’un certain Nicolas Troussel (Financo), lauréat 2006 de La Solitaire Afflelou Le Figaro, déjà dans le match. Eric Drouglazet (Liusinia), Ronan Treussart (Groupe Céléos), Marc Emig (A.ST Group) et Gérald Véniard (Scutum) étaient à l’affût eux aussi, tout comme Nicolas Bérenger (Koné Ascenseurs) ou encore Michel Desjoyeaux (Foncia), qui avaient tiré le meilleur parti du premier bord de portant. Mais personne n’était évidemment éliminé.
La flotte était encore relativement groupée au moment de virer la première bouée officielle, à savoir la bouée Radio France, mouillée devant la célèbre Juno Beach. Fred Duthil, encore lui, s’adjugeait ce premier accessit à 17h02, avec 5 minutes d’avance sur Nicolas Troussel (Financo) et 6 minutes sur Robert Nagy (Theolia). « Mais c’est très serré, c’est vraiment à la queue leu leu », commentait Jaques Caraës.
La flotte naviguait alors vent de travers et commençait à se battre avec une des malédictions du Figariste solitaire : les paquets d’algues qui s’emmêlent dans la quille et les safrans, freinant la progression du bateau. Une grande classique de La Solitaire en Manche. Patrice Bougard (Kogane) déplorait une légère avarie (écoute de grand voile et poulie basse de chariot cassées) mais poursuivait sa route. La flotte mettait alors le cap sur la bouée Norfolk qui oblige les solitaires à aller longer la côte est du Cotentin avant de s’attaquer à la traversée de Manche proprement dite. Le vent forcissait alors pour une quinzaine de nœuds, laissant espérer une progression meilleure que celle envisagée encore hier, sachant que la météo s’annonce toujours tordue de l’autre côté du Channel. Tous ceux qui se disaient cette semaine « particulièrement sereins » et prétendaient avoir « hâte d’y être » – à savoir 95% de la flotte – sont servis. Voici venir la première soirée et la première nuit en mer de cette Solitaire 2007 qui, déjà, tient toutes ses promesses.
C’est parti pour la 38e Solitaire du Figaro
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