Proche de l’équateur en ce moment estival dans l’hémisphère Sud, le Pot au Noir offre plus de brises verticales qu’horizontales. Explication : la grosse chaleur entraîne une forte évaporation et il se crée des cellules de convergence où l’air est aspiré en hauteur pour former des nuages, voire des cumulonimbus qui culminent jusqu’à plus de 12 kilomètres d’altitude ! Ainsi au centre du nuage, l’air monte, sur les bordures il descend en rafales et entre deux nuages, il n’y a pas ou peu de vent… Il est donc extrêmement difficile de cerner ce phénomène qui a des effets très locaux (autour de cinq milles) alors que les images satellites n’ont une résolution que d’une soixantaine de milles. Cela explique que les navigateurs vivent dans le flou puisque l’effet de calme peut apparaître en un lieu, puis disparaître quelques heures plus tard pour revenir quelques milles plus loin…
Ken Read et les Américains sont désormais relégués à plus de 150 milles du leader après avoir espéré une traversée rapide de la zone de convergence inter-tropicale hier. En effet, les conditions locales dans cette zone sont assez imprévisibles et aléatoires comme l’explique le skipper de Puma. “Hier soir tout allait très bien. Nous étions à seulement 6 milles de Groupama et puis d’un coup nous nous sommes trouvés englués et ils ont de nouveau repris 35 milles.” Read essaie de rester optimiste en se disant que si cela se passe comme cela pour eux, cela peut arriver également aux autres.
La situation de Groupama 4 n’est pas très reluisante non plus. L’équipage n’ pas réussi à sortir de cette zone et même si les Français restent en troisième place, ils sont désormais à plus de 110 milles du nouveau leader. Ils ont eu des moments où ils croyaient pouvoir passer de l’autre côté mais se sont retrouvés ralentis de nouveau ce matin. Yann Riou : « La course au large c’est comme ça. Un jour tu te sens très fort, presque intouchable. Le lendemain, tu te sens misérable. Il faut l’accepter, ou faire autre chose. La journée d’hier nous a vu nous arrêter dans cette zone de convergence qui remonte lentement avec nous vers le nord… Ce faisant, elle a permis à nos concurrents de revenir à notre hauteur et à certains de nous dépasser à la faveur d’un décalage dans notre est. On a juste perdu 150 milles dans l’histoire ! On espérait devoir gérer notre avance, il va falloir maintenant rattraper notre retard… On s’est accroché à quelques grains pour grappiller du terrain vers le nord. Quelques petits milles de regagnés. Les grains sont passés. A l’instant présent, il y a 2,1 noeuds de vent et nous avançons à 1,76 noeuds. »
Pendant ce temps-là, Camper et Telefónica profitent d’un vent d’ouest et progressent à 12-14 noeuds, tandis qu’à l’arrière de la flotte Ian Walker et ses hommes sur Abu Dhabi font tout leur possible pour faire avancer Azzam, qui souffre énormément dans le pot au noir.
Classement de 14h
Camper
Telefonica à 23,7 milles
Groupama à 111,4 milles
Puma à 151,5 milles
Abu Dhabi à 195,4 milles



















