Sortis aux aurores pour écluser, les solitaires ont dû patienter au mouillage devant le port de Deauville pendant trois heures, le temps de récupérer les derniers fichiers météo, de s’alimenter, de vérifier une dernière fois les manœuvres et de plancher sur la navigation de ces premiers milles. Et finalement le vent qui peinait à s’installer venait balayer le plan d’eau dès 11h pour s’orienter au Nord-Est huit nœuds…
Le départ est toujours important sur une étape de La Solitaire et sur une ligne de 600 mètres de long, ça se bousculait au portillon ! Au point que quatre skippers se faisaient prendre au dessus de la limite : Yann Eliès (Groupe Quéguiner-Leucémie Espoir), Charlie Dalin (Normandy Elite Team), Edmund Hill (MacMillan Cancer Support) et Nick Cherry (Redshift). Pendant ce temps, Vincent Biarnes (Guyot Environnement) s’incrustait au bateau Comité tandis que l’Irlandais David Kenefick partait comme une fusée en bout de ligne en compagnie d’Adrien Hardy (Agir Recouvrement) : c’était le bon endroit ! En effet la brise de Nord-Est huit nœuds associée à la fin du courant de marée descendante favorisait légèrement la gauche du plan d’eau, côté large. Les deux solitaires ne parvenaient à la bouée au vent qu’après deux grands bords mais Anthony Marchand réussissait à les coiffer sur la marque… Avec Erwan Tabarly très percutant sur ce premier tricotage !
Mais la flotte arrivait tout de même très groupée avec un avantage pour ceux qui avaient le moins viré de bord et privilégié le côté au large de la plage de Deauville. A l’issue d’un petit bord de dégagement, les spinnakers prenaient leur envol et les leaders étaient avantagés avec moins de vent perturbé : quelques empannages plus tard pour aller virer une bouée devant les spectateurs normands, Anthony Marchand confirmait son leadership, talonné par Erwan Tabarly, Adrien Hardy, Sam Goodchild (Team Plymouth), David Kenefick et Corentin Horeau (Bretagne-Crédit Mutuel Performance).
Première avarie
Il fallait ensuite longer la grande plage de Deauville où un public nombreux s’était massé : Anthony Marchand était encore au coude à coude avec Erwan Tabarly… Les écoutes étaient alors choquées pour sortir de la baie de Seine et faire route vers la bouée Owers, dans l’Est de l’île de Wight. Le « petit train » s’étirait déjà sur un mille et demi et le Normand Joan Ahrweiller (Région Basse Normandie) signalait alors une avarie : sa drisse de grand-voile avait cassé et le solitaire l’avait tant bien que mal remplacée avec sa drisse de spinnaker, mais avec un ris…
La fin de journée s’annonçait sans surprise mais c’est en fin de cette première et courte nuit que les conditions vont se complexifier : l’arrivée d’une zone orageuse sur la Manche va pomper la brise et le passage de la bouée Owers en fin de nuit correspondra à la renverse du courant de marée ! Demain lundi sera donc extrêmement important puisqu’il faudra choisir son camp stratégique : longer les côtes anglaises et jouer avec les effets de site et les courants de marée, ou s’écarter au large pour espérer un vent plus stable et plus soutenu avec moins de courant…
Le départ vu du ciel
Ils ont dit :
Jérémie Beyou (Maître CoQ) : « Les modèles divergent pour le début de course : cela va dépendre si on prend du retard sur le parcours préliminaire. Après l’île de Wight, il y a une belle zone de transition avant de toucher le vent de Sud-Ouest : ça va être très variable et il faudra être bien réveillé ! »
Gildas Morvan (Cercle Vert) : « J’ai missionné ma mère pour qu’elle mette des cierges à la chapelle de Rocamadour à Camaret ! Maintenant, on est déjà en course ! Et je suis vraiment content d’être en mer : il va y avoir du jeu dès le coup de canon. »
Xavier Macaire (Skipper Hérault) : « Là, ça va être calme au début mais on va pouvoir avancer : il peut y avoir des pièges sur le parcours préliminaire, mais la traversée de la Manche ne devrait pas être compliquée. C’est après quand on va devoir longer les côtes anglaises ! Il faudra passer d’un régime anticyclonique à un flux dépressionnaire, ce qui est toujours complexe… Il y a encore pas mal d’incertitudes sur ce passage. »
Fabien Delahaye (Skipper MACIF 2012) : « A priori, nous aurons une brise de Nord-Est mais comme nous ne sommes pas loin d’une cellule orageuse, on ne sait pas encore si elle va nous influencer. Ensuite, c’est très compliqué avant de toucher le vent de Sud-Sud Ouest à l’entrée de la Manche… Il y aura pas mal de zones de transition mais on ne va pas envoyer souvent les spinnakers ! Il faudra être réactif ! »
Classement de 15h
1 OVIMPEX – MARCHAND Anthony à 478,42 milles de l’arrivée
2 ARMOR LUX TABARLY Erwan à 0,01 mille
3 TEAM PLYMOUTH GOODCHILD Sam à 0,07 mille
4 FULL IRISH KENEFICK David à 0,16 mille
5 BRETAGNE – CREDIT MUTUEL PERFORMANCE HOREAU Corentin à 0,27 mille
6 AGIR RECOUVREMENT HARDY Adrien à 0,27 mille
7 SKIPPER MACIF 2012 DELAHAYE Fabien à 0,35 mille
8 GROUPE FIVA LOISON Alexis à 0,38 mille
9 GEDIMAT CHABAGNY Thierry à 0,39 mille
10 DFDS SEAWAYS RIVET Frédéric à 0,41 mille