Baston finale à Gibraltar

Jean-Pierre Dick qualifié
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« Tu veux le chiffre du jour ? 42 noeuds. On passe dans la partie la plus ventée de Gibraltar. C’est très impressionnant. La mer est blanche et il y a des cargos. On vient de passer à 300 mètres d’un porte-containers absolument énorme. La mer est très cabossée, ça tape partout et on a du mal à tenir à bord du bateau. Il a des moments, c’est à la limite du danger, on espère que tout va bien se passer »… voilà comment Jean Pierre Dick décrivait la situation vendredi à la vacation. La conversation s’est d’ailleurs résumée à un bref échange, l’urgence étant pour l’équipage de préparer le prochain virement. « Dans ces conditions, si tu rates une manoeuvre, cela peut prendre de centaines de mètres voire des milles pour la rattraper, ça peut vite être la ‘cata’» commente Sébastien Josse, invité spécial de la visio -onférence.
A 7 noeuds de moyenne, face à des vagues aussi hautes qu’abruptes et au milieu d’un trafic maritime intense, Paprec-Virbac 2 tire des bords entre l’Espagne et le Maroc, dans ce goulet d’étranglement d’à peine 14 km de large. C’est donc une entrée brutale dans les eaux Méditerranéennes que les leaders s’apprêtent à vivre. Ils devaient doubler le rocher proprement dit ce vendredi soir vers 19h.

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Attention à la casse

Cette nuit et encore demain aux abords de la mer d’Alboran, les conditions seront toujours très musclées. Un final en guise de punition après 90 jours de mer et surtout, un final chargé d’angoisse pour le matériel, aussi érodé que les hommes. « Il arrive un moment où tu ne peux plus sous-toiler le bateau parce qu’avec cette mer, il faut rester manoeuvrant. J’imagine qu’ils doivent être très attentifs. Le mât mais aussi les voiles, les poulies, tout doit être fatigué » poursuit Sébastien Josse. Plus que jamais, l’arrivée sur les pontons de Barcelone (prévue lundi 11), sera un soulagement pour Dick et Foxall. 340 milles derrière, Hugo Boss risque, d’ici 24 heures, de subir le même sort. Pour l’instant, Alex Thomson et Andrew Cape se trouvent au large du Portugal, pratiquement à la latitude de Lisbonne, soit très au nord de la trajectoire directe. Le bateau noir navigue au près océanique dans un vent de sud-est et devra virer pour viser l’entrée du détroit. Au fur et à mesure de sa progression, il devrait à son tour rencontrer un flux d’est fort. L’équipage anglo-saxon est attendu à Gibraltar ce dimanche.

Temenos II « comme au cinéma »

Pour les poursuivants, qui progressent eux aussi face au vent entre le Cap Vert et les Canaries, le prochain obstacle est une dépression orageuse dont l’évolution est aléatoire. A la vacation, Dominique Wavre entrevoyait de délicats jours à venir mais profitait aussi du moment présent : « on a grand soleil, 15 à 20 noeuds de vent, il fait bon, c’est comme au cinéma ! ». Mutua Madrileña, qui avait tenté la veille un décalage à l’ouest, a vu son option tomber à l’eau, faute d’une bascule de vent favorable. Le tandem espagnol conserve plus de 130 milles de retard sur le troisième de la course. Enfin, le seul équipage à avancer au portant aujourd’hui n’est autre qu’Educacion sin Fronteras. Servane Escoffier et Albert Barguès s’apprêtent à passer ce soir (après 20h00) la porte brésilienne de Fernando de Noronha. Devant leurs étraves : le pot au noir, synonyme de retour prochain dans l’hémisphère nord.

Le classement du 8 février à 15h

1 PAPREC-VIRBAC 2 à 542,4 milles de l’arrivée
2 HUGO BOSS à 341,8 milles des leaders
3 TEMENOS 2 à 1469,2 milles
4 MUTUA MADRILENA 1603,6 milles
5 EDUCACION SIN FRONTERAS à 2761,0 milles
ABD VEOLIA ENVIRONNEMENT
ABD ESTRELLA DAMM
ABD DELTA DORE
ABD PRB

(source BWR)