L’échéance approche : dans un peu plus de trois semaines les duos de la deuxième édition de la Barcelona World Race s’élanceront, à l’occasion du dernier jour de l’année, à la conquête du monde. Ce mardi au salon nautique de Paris aura été l’occasion de faire le point sur les ambitions de chaque équipage et de lever un voile sur les modes de fonctionnement adoptés à bord de chaque bateau, de respirer un peu l’air du large en conversant avec les équipages de Mirabaud (Dominique Wavre et Michèle Paret) et Président (Jean Le Cam et Bruno Garcia).
Cette rencontre a aussi permis de préciser le dispositif de course en compagnie de Denis Horeau le directeur de course : « On pourrait simplement résumer cette aventure : trois mois, deux hommes, un espace restreint et la planète. Ce n’est pas forcément simple de naviguer en double. C’est un art en tant que tel, car l’une des clés du succès, c’est l’harmonie qui doit régner à bord du bateau… On a divisé la course en plusieurs segments qui correspondent à chaque grande étape Méditerranée, Atlantique, océan Indien, océan Pacifique. »
Pour les skippers en lice, le fait qu’il s’agit d’une course en double est une motivation supplémentaire. Jean-Pierre Dick, Virbac-Paprec 3 : « C’est la relation entre les deux skippers qui fait le charme et la réussite de cette course. En fait, la majeure partie du temps, on navigue comme en solitaire. Mais quand il s’agit de prendre les vraies décisions, il est important que ce soit à deux. C’est cela qui fait que ça fonctionne ou pas et c’est vraiment passionnant. » Mais pour son co-skipper, mieux vaut partir avec quelqu’un avec lequel on s’entend bien. Loïck Peyron, Virbac-Paprec 3 : « La navigation en double, c’est comme un mariage… Il s’agit de partager les emmerdements de la vie quotidienne. Plus sérieusement, on ne peut jamais savoir comment ça va se passer. Maintenant avec Jean-Pierre, on se connaît, on a déjà navigué ensemble. La motivation c’est quand même de se bagarrer, d’autant qu’il y a du beau linge autour de nous… »
Pour Michel Desjoyeaux, Foncia, le choix de son co-skipper François Gabart, s’est effectué le printemps dernier. « On a pu repérer ses qualités depuis deux ans qu’il naviguait à Port-la-Forêt sous les couleurs de la Région Bretagne. Maintenant, il va falloir passer trois mois en mer ensemble et personne ne peut préjuger de comment les choses se passeront. Sinon, on part demain après-midi en Espagne avec François pour essayer de mettre à l’eau au plus vite et engranger des milles ensemble. » Françoios Gabart admet aussi qu’ils ont très peu navigué ensemble jusqu’ici. François Gabart : « C’est un rêve d’aller faire un tour du monde. Qui plus est, sur un bateau neuf avec la personne qui est la référence en matière de course au large. On a beaucoup de choses à voir pour bien se préparer et trouver nos marques pour le départ. »
Le temps presse pour Kito de Pavant, Groupe Bel suite à son avarie dans la Route du Rhum le mois dernier : « Notre timing est très serré. On a quelques modifications à faire qui étaient prévues, auxquelles sont venues se rajouter des bricoles. Le bateau est à Port-Camargue. On est une quinzaine de personnes à travailler autour pour être prêts le week-end prochain. »
Pour d’autres skippers, cette épreuve sera une occasion de mieux connaître leur co-skipper. Armand Coursodon, Fruit : « J’ai fait la connaissance de mon coéquipier qui est polonais à Port-la-Forêt. Mais on a réellement commencé à se connaître avant tout à bord. Ça s’est plutôt bien passé. On a déjà passé quinze jours de mer ensemble, c’est un bon début… »
Deux des skippers ont participé à cette présentation grâce à une liaison par radio, car ils sont actuellement en mer. Pour ceux qui sont en Atlantique les conditions ont été assez dures cette semaine, contraignant certains à faire escale. Dominique Wavre, Mirabaud poursuit son convoyage en la compagnie de Michèle Paret : « On est au large de Lisbonne dans une mer croisée plutôt difficile. On n’a fait que du près depuis le départ et c’est assez désagréable. On est mieux préparés qu’il y a quatre ans, donc on vient pour faire au moins aussi bien. On vient, bien évidemment, pour la compétition ; mais surtout naviguer en double c’est génial. »
C’est pendant ce convoyage vers Barcelone que Jean Le Cam fait connaissance avec son 60 pieds IMOCA, Président (l’ex-Ecover 3 de Mike Golding) : « Le bateau est assez particulier. Mais par le passé, il a prouvé qu’il marchait correctement. On est entre Ibiza et Formentera, on devrait arriver d’ici peu… »