Dans l’Est de Rio de Janeiro, le cap Frio est une frontière climatologique qu’il va falloir négocier avec circonspection : FenêtréA-Prysmian, large leader des Multi-50 et PRB, bien installé en tête de la flotte des monocoques IMOCA, ont commencé leur virage sur la droite cette nuit avec une brise de secteur Nord qui semble mollir à terre. Il faut trouver la bonne courbe pour réaliser le compromis route la plus courte et route la plus rapide car les masses nuageuses et orageuses ne vont pas se déliter avant demain mardi et la brise apparaît plus établie à la latitude d’Itajaí, soit sur le 26°S…
Ce nouveau changement de rythme avec un ou plusieurs empannages à la clé va être déterminant pour le trio leader des IMOCA : sans conteste, Vincent Riou et Sébastien Col ont fait un petit break depuis deux jours avec un écart maintenu entre 30 et 40 milles sur Armel Le Cléac’h et Erwan Tabarly. Entre une brise qui vient de plus en plus de l’arrière et des zones de grains assez difficiles à anticiper, le bonus du foil de Banque Populaire VIII ne joue plus. C’est donc côté tactique et stratégie que l’écart au leader peut évoluer avant cette dernière phase de transition et cette grande ligne droite vers l’arrivée. La jonction entre ces deux systèmes météo est d’une extrême importance…
« Ça va, les affaires ne sont pas trop mal. Ce matin nous avons réussi à passer au travers d’un front nuageux. Nous sommes au portant et on file vers le Cabo Frio et après on vire à droite demain. Cela se rapproche un peu. Après Cabo Frio, le bord au large pourrait le faire, on va tâtonner, on verra comment ça se passe. Pour le moment nous ne sommes pas encore en approche de Cabo Frio, on verra si on passe à terre ou au large, on verra demain matin les fichiers et avec un peu de feeling. La position de leader amène à ouvrir la route et prendre des risques, mais je préfère être là où je suis » raconte Vincent ce matin.
A la barre de PRB, le duo de se relaye pour ne rien rater et pour faire avancer au mieux son 60’. « Banque Populaire a bien marché au reaching. Nous étions mieux positionnés que lui et ne pouvions pas utiliser les mêmes voiles, maintenant qu’on a les voiles qu’on veut, on ne peut pas dire qu’il nous fait peur, mais il y a un paquet de manœuvres à faire et aussi des erreurs qui peuvent arriver… On est dans la course et la régate, c’est plutôt sympa. Par rapport à Queguiner-Leucémie Espoir, nous, on s’est franchement décollé de la côte pour ne pas subir les perturbations côtières. On a bien rechargé les batteries. Maintenant on est sur le sprint final : ce ne sera pas de tout repos. On est à l’attaque ! » s’enthousiasme Vincent qui pense pouvoir rallier Itajai mercredi dans l’après-midi.
Sur Banque Populaire : Armel est plus que jamais motivé : «Il nous reste moins de 4 jours avant d’arriver, on est à fond avec Erwan. Le vent va changer et on sera au portant. Il va falloir être bon, c’est une belle course et c’est loin d’être fini ». Concernant la vie à bord de Banque Populaire, pas de doute, tout va bien : « Ça va mieux on a récupéré un peu, on a bien mangé et bien dormi. L’ambiance est bonne, les bonshommes sont remontés comme jamais, on est à fond ! Je suis super content de ce nouveau bateau, j’avais beaucoup de choses à découvrir et c’était important de faire cette transat, cela va me servir pour les prochaines échéances mais pour l’instant, on est toujours dans le match pour la victoire ! »
En revance, le moral en a pris un coup à bord de Quéguiner- Leucémie Espoir. Longtemps au contact avec Banque Populaire VIII, et PRB Yann Eliès et Charlie Dalin ont perdu pas mal de terrain sur leurs adversaires directs la nuit précédente. Comment expliquer un tel écart, si ce n’est pas un petit passage à niveau qui, peu après Récife, a permis à PRB et Banque Populaire VIII de s’échapper dans un vent généreux, alors que derrière, Eole a cruellement molli. Si la situation est dure à accepter, baisser les bras n’est pas le genre de la maison. Bien décidés à saisir la moindre opportunité de combler ce retard, Yann est Charlie savent que la météo autorise encore tous les espoirs dans cette descente le long des côtes brésiliennes. En effet, le vent devrait faiblir par devant à l’approche du Cap Frio pour permettre à Quéguiner- Leucémie Espoir de revenir dans le match avant de pénétrer dans le Golfe de Rio. Les prochaines 24 heures seront cruciales.
Le match se poursuit et l’intensité de la régate laisse peu de place au repos. Vincent et Sébastien. « Il nous reste trois ou quatre jours. La fatigue s’est installée depuis un moment, mais on arrive à avoir notre rythme. Ce sera plus compliqué à l’arrivée avec pas mal de manœuvres donc il ne faudra pas être trop fatigué. Ça se joue à des petits degrés d’angles et à des petits réglages, sur les écoutes des voiles, des réglages de pilote aussi parce qu’on ne barre pas tout le temps. On se complète pas mal avec Vincent. Lui est plutôt sur la météo et il a fait un joli coup en nous amenant plus au large. Et puis on se repose. Celui qui est standby fait des petits travaux dans le bateau, la bouffe, et on échange beaucoup à chaque fois qu’on tourne aussi, sur la façon dont on a réglé le bateau, on fait des marques partout pour avoir des repères et parler des mêmes choses » raconte Sébastien.























