Trêve au moteur
Clin d’œil symbolique de l’histoire : la flotte, qui a quitté au milieu de la nuit l’île de Bozcaada a déposé les armes le temps de sillonner, au moteur, le détroit des Dardanelles. Pause sur la course, trêve de la compétition dans un haut lieu et des eaux qui gardent le souvenir impérissable de combats sans merci. Pour autant, aucun des 27 solitaires n’a boudé son plaisir de s’accorder un petit répit, riche d’instantanés fugaces qui n’en resteront pas moins longtemps gravés dans toutes les mémoires. La mer de Thrace et la Méditerranée sont désormais dans les sillages et les étraves pointent tout droit vers la mer de Marmara : un autre monde maritime entre orient et occident. C’est là que la compétition doit reprendre tous ses droits avec le coup d’envoi de l’ultime et dernière étape.
Christian Gout, directeur de course : « C’est une petite croisière de 60 milles au moteur depuis Bozcaada, dans la mesure où en raison du trafic maritime intense, il est interdit de régater à la voile sur le détroit. Nous sommes partis très tôt, vers 4h30 et nous avons profité d’un superbe lever de soleil derrière les côtes turques », confie alors le directeur de course Christian Gout. « Les skippers y trouvent du plaisir même si ce n’est pas forcément très rigolo de progresser au moteur : ils traversent des sites incroyables pour eux et la nature y est très belle. C’est un bon moment de détente. »
Aux voiles etc…
Pour autant, après les Dardanelles pas d’armistice qui tienne ! Après cette trêve de 60 milles au moteur, l’heure des dernières hostilités a de nouveau sonné. Aux voiles etc… En avant pour la dernière étape longue d’un peu plus de 100 milles. Au large des plaines arides et désertes de la Thrace, 5 milles dans l’est de Gelibolu, les 15 préparateurs ont désormais débarqué des monotypes pour rejoindre les bateaux accompagnateurs. À 16h, les jaugeurs ont entamé leur grande campagne de plombage. Quant au Comité de Course, il cherche le vent perdu pour mouiller la ligne de départ et donner le coup d’envoi de ce 5ème parcours en direction d’Istanbul. Sur zone, il lorgne le renforcement d’un léger zest de 5 nœuds…
Marmara, une mer mal connue
Sous le soleil au zénith, Eole menace en effet de prendre la poudre d’escampette. Sûr en tout cas que cette étape, la plus courte de cette transméditerranéenne de 1650 milles, s’annonce aussi la plus nerveuse et la plus tendue. Au-delà des entourloupes du vent, il faudra compter avec les ambitions de chacun. Au louvoyage, sur une mer encore mal connue, tous les coups tactiques seront plus que jamais permis pour une jolie clique de solitaires que seuls quelques minutes séparent après 1550 milles parcourus dans une succession de conditions de vent et de mer que seule la Grande Bleue sait offrir. Et Christian Gout d’ajouter : « Ca sent l’arrivée. Le dénouement approche à grands pas et il y a forcément beaucoup de tension. Si le leader, Nicolas Bérenger semble à l’abri, pas mal de skippers se tiennent en peu de temps au classement général et jouent très gros sur cette dernière étape : ils jouent le podium et ils auront forcément le couteau entre les dents. »
Dénouement demain jeudi à la mi-journée.