Spindrift et IDEC accélèrent à fond. Ils savent que ce jour là Loïck Peyron sur Banque Populaire n’avaient pas été très heureux à l’approche du Cap Horn. On le voit sur sa trajectoire, Banque Populaire avait du remonter au nord avant de repiquer plein sud. Une dorsale avait mis les nerfs de l’équipage à rude épreuve.
Près d´un mois de mer dans ce Trophée Jules Verne et alors que les derniers milles se profilent dans le Pacifique, la dorsale poursuit son office, entamant les réserves du Maxi Banque Populaire V qui totalise ce mercredi une avance de 600 milles sur le temps de référence. Avec des vitesses moyennes largement inférieures à 15 nœuds sur les 24 heures qui viennent de s’écouler, à bord, ils n’avaient pointé aussi Sud depuis leur départ de Ouessant.
Le Pacifique n’en fini pas de ralentir Loïck Peyron et ses 13 équipiers, comme s’ils devaient être les seuls visiteurs en cet été austral. Ainsi, alors que les glaces semblent être moins présentes, l’équipage du Maxi Banque Populaire V a-t-il actuellement du mal à partir avec une dorsale anticyclonique qui lui barre la route, l’empêchant non seulement de dérouler ses performances habituelles mais aussi et surtout de faire un cap à l’Est, en ligne directe vers le cap Horn, porte de sortie de ce marasme météorologique.
A bord, on tente de se sortir au mieux des griffes de ce système pour le moins handicapant et on manœuvre pour essayer de lui échapper… souvent en vain comme le confessait ce midi le skipper du Pouliguen : “Ca manœuvre ! On vient juste d’empanner une deuxième fois depuis ce matin. On se bagarre dans des conditions compliquées. Nous sommes à un passage à niveau. En ce moment, nous avons 8 nœuds de vent, nous avançons à 11 nœuds et pas du tout sur la route. On risque de mettre au moins 24 heures de plus que prévu pour arriver au cap Horn, mais c’est vrai qu’entre le contournement par le Nord de la zone de glaces qui a entraîné la négociation d’une grosse dépression et maintenant cette dorsale, la situation n’est pas simple “.
Au Horn le 23 !
Avec une trajectoire et une évolution totalement aléatoires, ce phénomène anticyclonique ne cesse de mettre les nerfs de la cellule de routage à rude épreuve. En mer, on observe, on analyse et on vit au rythme des petits signes qu’il distille, quand à terre, Marcel van Triest est occupé, de jour comme de nuit, à trouver un échappatoire. Mais en la matière, il semble que les espoirs ne soient pas permis : ” Soit on arrive à passer devant cette dorsale dans quelques heures, ce qui m’étonnerait beaucoup, soit il faut faire avec jusqu’au Horn. C’est un vrai barrage entre deux dépressions, une devant nous et une derrière. Entre les deux, il y a ce petit morceau d’anticyclone. Ca va être relativement long… On sera plutôt au cap Horn le 23 décembre, dans la journée “.
Le passage du cap Horn signifiera également la possibilité d’inverser la tendance enclenchée ces derniers jours et qui a vu fondre l’avance sur le tableau de marche de référence comme neige au soleil. Une perspective qui avait de quoi réjouir Loïck Peyron, qui confiait l’importance accordée aux données dont l’équipage dispose sur le parcours de Franck Cammas et ses hommes, actuels détenteurs du Trophée Jules Verne. Une théorie forcément agrémentée à bord par les souvenirs encore très frais d’un Frédéric Le Peutrec, membre de cet équipage victorieux. “On sent notre concurrent tout proche. On peut sentir son souffle froid ! En 2010, Groupama 3 était passé beaucoup plus Sud que nous dans le Pacifique, preuve qu’il y avait sans doute moins de glaces et là ils déboulent virtuellement à 28 nœuds. C’est sympa d’avoir ce type d’informations, ça fait frémir ! Mais on espère se refaire à partir du Horn, on se bagarre pour cela. Les conditions en Atlantique Sud ne semblent pas mauvaises même si elles ont tendance à se dégrader et on devrait avoir de meilleures conditions que celles qu’ont eu nos amis il y a presque deux ans “.