Et maintenant la grande étape

Cap Istabul 2008 depart etape 3
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Arnaud Godart Philippe, le skipper de Senoble, plus impatient que ces camarades de jeu, a volé le départ ce qui l’a contraint à franchir la ligne une nouvelle fois. Sur le plan d’eau, l’association du thermique et du vent synoptique du large offre un bon flux de d’Ouest de plus de 20 noeuds et augure un début d’étape tonique. Pourtant, le vent devrait très vite mollir à mesure que les 28 solitaires vont progresser sur la route dans les eaux de la mer Ionienne… A la bouée de dégagement, Thomas Rouxel (Défi Mousquetaires) est aux commandes suivi de près par Paul Meilhat (TSR Créteil-Val de Marne), puis de Gildas Morvan (Cercle Vert), Nicolas Bérenger (Kone Elevators) et Eric Peron (Esprit d’équipe)…

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Une étape cruciale ?

Sur cette troisième étape entre la Sicile et la Crète, la plus longue étape de la course, les petits airs sont annoncés majoritaires. Mais, en Méditerranée, le doute persiste et une seule certitude l’emporte : la Grande Bleue n’a pas son pareil pour déjouer toutes les prévisions et servir une météo qui vient bouleverser les hiérarchies sur l’eau. Il n’empêche que ce troisième parcours qui emmène les 28 solitaires traverser la mer Ionienne s’annonce long, voire très long. La flotte pourrait mettre 5 jours pour rallier Aghios Nikolaos dans les eaux grecques…
Une étape cruciale ? Aucun doute, ce parcours long de 540 milles (1000 km) entre la Sicile et la Crète s’annonce celui de tous les dangers. La flotte est en effet invitée à traverser la mer Ionienne, qui sépare l’Italie et la Grèce. C’est donc avant tout un parcours hauturier, en plein cœur de la Méditerranée dans toute sa splendeur, qui attend les skippers au tournant du Cap Passero à la pointe sud-est de la Sicile.

5 jours de mer devant les étraves

« Arrevaderchi Marzamemi, ciao la Sicile ! » Il est temps pour les navigateurs de quitter la Sicile et les eaux italiennes pour rejoindre les eaux de la méditerranée orientale. Sur les pontons du petit port de pêche, beaucoup de skippers ne font pas mystère de leurs appréhensions à l’heure de larguer les amarres et d’entamer ce « gros morceau », le plat de résistance « à la sauce Grande Bleue ». Beaucoup ont consacré l’essentiel de leur temps à dormir pour récupérer, à l’image de Gildas Morvan (Cercle Vert) qui reconnaît avoir fait ses 35 heures de sommeil sur cette escale sicilienne. Et ce d’autant plus que la prochaine étape s’annonce aussi périlleuse que complexe au regard des prévisions météo – à prendre avec les pincettes de rigueur ! – annoncent du petit temps en mer Ionienne.
Pascal Landure, le météorologue embarqué qui officie auprès de la Direction de Course compte 5 jours pour rallier Aghios Nikolaos sur la côte nord de la Crète. Il a planté le décor lors du briefing qui a rassemblé ce midi les 28 navigateurs. « La situation météo se caractérise par une activité orageuse faible. Vous allez partir dans un vent d’ouest dominant de 10-15 nœuds qui va mollir à mesure que vous allez vous éloigner des côtes. » Gare aussi à la pétole qui menace de sévir dans la journée de lundi avant qu’un flux de secteur ouest se reconstitue et se renforce le long des côtes de la Crète. Bref, on l’a compris, les 28 solitaires vont sûrement rencontrer moult situations qui vont taper sur leurs nerfs déjà pas mal éprouvés par l’intensité de la régate qu’ils livrent depuis le départ de Nice.

De l’attaque dans l’air…

5 jours de mer au gré et au tempo des caprices du vent, voilà qui promet de peser gros dans le classement général. Cette étape menace en effet de creuser de gros écarts, de faire le bonheur des uns comme le malheur des autres. Les premiers au classement général n’ont plus qu’à bien se tenir comme le précise volontiers Thierry Chabagny (Suzuki Automobiles) : « Sur une telle étape, rien est joué et j’ai bien l’intention de me battre jusqu’au bout pour grappiller des places. Cette troisième étape s’annonce comme une étape complète, longue, difficile. Elle sera très stressante pour les leaders. De mon côté, à la 12è place au classement général, je suis en position d’attaquant. Ca va être bien ! » Même topo du côté du bizuth Paul Meilhat (Conseil Général du Val de Marne-Ville de Créteil), chez qui la curiosité de la découverte l’emporte sur un soupçon d’inquiétude. À 26 ans, ce fin régatier goûte pour la première fois à la course au large en solitaire sur cette « Capitale Européenne de la Culture-Cap Istanbul » : « J’ai évidemment quelques appréhensions pour ces 540 milles sans portes, sans côtes… sans rien. Mais depuis la deuxième étape, je mesure mieux les premiers signes de la fatigue : c’est en fait très sonore. Quand j’écoute la VHF comme la radio, il est temps que j’aille dormir ! En revanche, je sais que je suis beaucoup plus frais que la plupart de mes concurrents qui terminent leur saison. C’est un avantage évident et j’espère pouvoir en tirer pleinement profit sur cette étape d’envergure qui va beaucoup exiger… »
Quant au doyen et Marseillais Jean-Paul Mouren, il ne se laisse pas tromper : « Il n’y a pas de quoi se faire peur. J’ai bien regardé les fichiers et les modèles météo. Mais à dire vrai, je me fie plus à la lecture du ciel qui reste le meilleur indicateur des conditions que l’on va rencontrer. Ici, les molécules de vent sont plus volages qu’en Atlantique et j’ai l’impression qu’on va peut-être pouvoir aller plus vite qu’on peut le croire… » Parole de grand sage méditerranéen !

(source Cap Istanbul)