Paul Meilhat, surprise du chef
Parmi toutes ces bandes de joyeux drilles, il en était un qui était tout heureux d’être invité au banquet, c’est Paul Meilhat, le skipper de TS Régate Créteil Val de Marne. Arrivé à Nice fort de l’insouciance des nouveaux-venus, nanti d’un budget de peau de chagrin, il se débattait depuis le début de semaine avec les affres d’une jauge exigeante, monotypie et circuit professionnel obligent. Après avoir pu préparer son bateau sur le fil du rasoir, il arrivait sur la ligne, déjà satisfait de pouvoir être présent lors du top départ. Moins de deux heures plus tard il terminait à la quatrième place devant les Drouglazet, Chabagny, Morvan, et autres Troussel. Autant dire une divine surprise pour le navigateur du Val de Marne qui, à force de système D et d’huile de coude a trouvé là une première occasion de démontrer ses capacités. A noter par ailleurs le très bon comportement des Méditerranéens puisqu’outre Nicolas Bérenger, on retrouve Marc Emig, revenu d’un an d’abstinence du large, faute de partenaire, en cinquième position. Deux autres navigateurs du sud, à savoir François Gabart, originaire de Nice et le Marseillais Jean-Paul Mouren intègrent le top ten de ce prologue. La « Capitale Européenne de la Culture – Cap Istanbul » deviendrait-elle une nouvelle chasse gardée comme la Solitaire du Figaro fut, des années durant, celles de Bretons qui surveillaient jalousement leur bien. Nicolas Bérenger l’avait dit : « Je ne viens pas pour faire du tourisme, mais bien pour gagner.» La Baie des Anges n’est pas encore la porte du Paradis, mais il semble bien que certains aient déjà quelques idées pour s’en approprier les clés…
Stratégie, la grande divergence
Dès le prologue achevé, il était temps pour les marins de la Cap Istanbul de se pencher sur les fichiers météo et les logiciels de routage de cette première étape. Et le moins que l’on puisse dire est que la situation n’est pas des plus simples. Un flux d’ouest fort généré par un reste de Mistral balaie la zone à l’ouest de la longitude de la Presqu’île de Giens, quand les vents restent faibles le long des côtes de Corse. Faut-il accepter de rallonger sa route pour aller chercher ce flux ou bien accepter de naviguer dans les petits airs sur la route directe. Eric Péron (l‘Esprit d’équipe), pourtant habitué des chemins buissonniers, comme en témoigne sa trajectoire radicale sur la dernière Transat AG2R, n’en était pas moins perplexe. Fallait-il accepter de rallonger sa route de près de 100 milles sur une étape de 300 ? Comme le résumait laconiquement Erwan Tabarly, le skipper d’Athema : « c’est ça la Méditerranée ».