Panne de vent. Ciel bas, mer d’huile et pas un souffle dans le Perthuis d’Antioche à 13h. Le Comité n’a pas eu d’autre choix que retarder la procédure pour finalement lancer le départ à 14h19, sous un ciel gris et des ondées scélérates. Dans moins de 5 nœuds de vent, c’était comme prévu complexe dès l’entame pour les 50 marins de cette 39e édition. En milieu de ligne, Corentin Douguet (E.Leclerc Mobile) semblait avoir pris un des meilleurs départs, alors que trois bateaux devaient réparer pour avoir coupé la ligne prématurément : ceux d’Eric Drouglazet (Luisina), Romain Attanasio (DCNS 62) et Laurent Gouezigoux (Boistech).
Les premiers bords de près vers la bouée de dégagement étaient déjà une épreuve, tant il était difficile de faire progresser les monotypes… au ralenti, pour ne pas dire à l’arrêt. La preuve : il a fallu près de 55 minutes aux premiers pour couvrir les deux milles séparant la ligne de départ de cette première marque de parcours. Pour l’anecdote, à cette moyenne Vigo serait à 10 jours de mer… heureusement qu’on devrait accélérer cette nuit !
Pellecuer et Mouren en tête
Reste que c’est un trio de Méditerranéens qui a le mieux tiré son épingle du jeu sur cette toute première partie d’étape : vainqueurs ensemble au printemps de la Transat ag2R en double et adversaires aujourd’hui, le Montpelliérain Laurent Pellecuer (Docteur Valnet Aromathérapie) et le Marseillais Jean-Paul Mouren (M@rseillentreprises), doyen de la course (22e participation !) s’adjugeaient les tous premiers lauriers. Ils ont viré la bouée de dégagement respectivement 1er et 2e, devant un autre homme du sud : Christopher Pratt (DCNS 97). Ces trois-là ont tiré les meilleurs bords et ont eu la réussite nécessaire dans le premier louvoyage. Ils pouvaient alors s’attaquer aux 8 milles restants pour s’extraire du perthuis, franchir la bouée Radio France et enfin route vers l’Espagne. Dans le bon wagon aux avant-postes, on retrouvait en 4e position le décidément très étonnant bizuth François Gabart (Espoir Région Bretagne), Corentin Douguet (E.Leclerc Mobile 5e), Franck Legal (Lenze, 6e), Alexis Loison (All Mer Ineo GDF Suez, 7e), Armel Tripon, (Gedimat, 8e), Thomas Rouxel (Défi Mousquetaires, 9e) et Antoine Koch (Sopra Group 1) qui clôturait ce premier Top Ten.
Météo tordue
Des écarts se sont déjà créés lors de cette première heure de course : 6 minutes de retard à partir du 11e concurrent et plus de 10 minutes à partir du 20e, ce qui est impressionnant en Figaro au bout d’à peine 60 minutes de course. Ce n’est heureusement que le tout début des 450 milles vers l’Espagne et il va se passer beaucoup, beaucoup de choses d’ici l’arrivée à Vigo, prévue lundi. Mais les solitaires détestent prendre le moindre retard, eux qui savent mieux que personne que cette course s’est déjà jouée pour 13 secondes. Aussi, si personne n’est évidemment éliminé d’entrée, certains se voient déjà contraints de cravacher pour recoller. Les occasions ne manqueront pas, tant il va y avoir des coups à faire… et encore beaucoup d’aléatoire pour cause de météo pas très bonne fille. Richard Silvani, de Météo France, explique : « il n’y aura que des vents très faibles jusqu’à la nuit, mais on peut espérer une dizaine de nœuds de ouest-sud-ouest à partir de 23h. Demain matin samedi, les bateaux auront droit à une dizaine d’heures de nord-nord-ouest à 10-15 nœuds avant que l’anticyclone ne se reforme. Pétole de nouveau et bascule à l’est, quasi vent arrière, pour une dizaine de nœuds. Dimanche, le vent devrait s’orienter sud-est puis sud-sud-ouest, quand fraîchira une dépression sur le cap Finisterre pouvant générer des vents de 25 à 30 nœuds. Puis, ce sera très mou sur la fin après le passage d’une nouvelle dorsale… » Un programme copieux, donc, dont une des clés sera le positionnement dans le golfe de Gascogne en fonction de l’arrivée de la dépression sur le cap Finisterre. Entre autres…
A 16h30, c’était toujours la croix et la bannière pour faire avancer les bateaux et les leaders ne se voyaient pas sortir du Perthuis avant 19h pour aller enfin s’attaquer à ce fameux golfe de Gascogne. La première nuit risque d’être longue.
BM
Ils ont dit… après la bouée de dégagement :
Laurent Pellecuer (Docteur Valnet Aromathérapie), en tête à la bouée de dégagement : « Je suis content d’être passé en tête à la bouée de dégagement dans la mollasse et le courant avec Jean Paul Mouren (avec qui il a gagné cette année la Transat AG2R, ndr). Là, c’est pas très rigolo, il n’y a pas d’air du tout. Nous sommes plusieurs bateaux parallèles dérivant lentement vers la pointe de Chassiron. Je vais me faire doubler de partout. Le vent ne commencera à rentrer que lorsque nous aurons passé cette bulle anticyclonique orageuse. Je ne nous vois pas à la bouée Radio France avant 19h ce soir.»
Christopher Pratt (DCNS 97), 3e à la bouée de dégagement : « Le vent sur le parcours ? Je crois qu’on a eu 4 nœuds au maximum. Là, actuellement, on a 1 nœud ! Il est certain que c’est bien de prendre un bon départ, mais les écarts sont insignifiants. Avec cette pétole, ce sera au petit bonheur la chance. Il faudra être patient en attendant le vent. Cette nuit, on devrait passer dans une petite dépression un peu molle, avec du sud-sud-ouest puis du nord-ouest. On verra bien à quelle sauce on sera mangé ».
Adrien Hardy (Agir Recouvrement), 36e à la bouée de dégagement : « Les débuts en douceur, ce n’est pas forcément le plus facile. Je pense même que ce sera fatiguant. Pour l’instant, il y a zéro vent ! Mon premier départ de Figaro était assez émouvant avec mes partenaires et du monde sur l’eau pour m’encourager. Si j’appréhende la première nuit en mer ? Non, au contraire, j’ai hâte d’être seul. C’est à ce moment là que je me dirai vraiment : c’est parti ! Cette première nuit sera super importante, il faudra être opportuniste. Sur cette étape, rien n’est écrit.»