Le Golden Gate ce jeudi pour Gitana 13

Gitana 13 manoeuvre
DR

En guise de dernière ligne droite, l’équipage de Gitana 13 s’offre un « tricotage » pour rallier San Francisco. « Nous essayons de gagner au maximum dans le Nord pour progresser sur la route mais les conditions météorologiques nous forcent à tirer des bords » expliquait Dominic Vittet de la table à cartes du catamaran de 33 mètres.
Pris en étau entre deux situations météorologiques bien contrastées, Lionel Lemonchois et ses hommes n’ont eu d’autre alternative que de zigzaguer de l’un à l’autre : « Dans notre Ouest ? il y a une bulle anticyclonique synonyme de vents faibles alors que dans notre Est s’est formé un couloir de vents plus soutenus le long des côtes. L’enjeu de ces dernières 24 heures est de jouer successivement avec ces deux phénomènes. La route directe nous guide vers le Nord, mais dès que ça mollit trop nous virons de bord pour retrouver plus de pression, puis dès que le vent forcit nous remettons le cap vers la bordure de l’anticyclone… et vice versa » résume le navigateur embarqué.
Ces nombreuses manœuvres ne viennent cependant pas troubler l’organisation des quarts de Gitana 13 ; une machine parfaitement huilée après plus de 41 jours de mer, comme le confirmait Dominic Vittet : « Le rythme est correctement pris et nous appliquons toujours notre système de trois quarts de trois équipiers qui se relayent sur le pont toutes les trois heures. Hors quart, dédié à la météo et à l’optimisation de la trajectoire de Gitana 13, je prends malgré tout part au quart de 9 h et de 21h pour venir soulager les équipiers de permanence.»

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Le maxi-catamaran armé par le Baron Benjamin de Rothschild est toujours attendu à San Francisco dans la matinée de jeudi, où il franchira la ligne d’arrivée située non loin de la célèbre prison d’Alcatraz.

Le carnet de bord de Nicolas Raynaud

Pour la toute première fois, nos étraves pointent vers l’arrivée, vers le Golden Gate Bridge qui est aussi notre « way point » final. Pour la toute première fois, on peut espérer que la distance inscrite sur notre GPS est bien celle qui nous reste à parcourir pour boucler cette longue boucle entreprise depuis New York. Fini les multiples way points intermédiaires qui ont rythmé notre navigation sur cette Route de l’Or. A 6h00 TU, lors du changement de quart dans la nuit noire et étoilée, on pouvait lire ce chiffre en rouge sur le répétiteur du cockpit : 360 milles.
L’écran du GPS, à la table à cartes, indique un chiffre plus significatif encore : 22h30 ! Ce temps pour couvrir cette distance, constamment réactualisé, montre que nous sommes « clairs » sur notre ETA et que nous devrions bien franchir la ligne demain matin jeudi 28, soit dans l’après-midi French time. Mais avant de mettre le mot fin, de raccrocher bottes et cirés, cette dernière trajectoire s’annonce également un rien musclée. Actuellement de 18 nœuds, le vent de nord nord-ouest va fraîchir dans la journée jusqu’à 25/30 nœuds, avec la mer du vent. Lorsque l’on est au près serré, comme nous le sommes depuis la sortie du Pot au Noir, cela signifie tout simplement que cela va cogner une nouvelle fois durement à bord de Gitana 13.
La trinquette est à poste, prête à être déroulée pour remplacer le solent, la bosse de premier ris est sur son winch, prête à servir pour réduire la grand-voile. Comme d’habitude, la règle de base est respectée à la lettre : à la moindre demande du skipper, du chef de quart, la voilure pourra être diminuée dans les plus brefs délais. Ce n’est pas maintenant que nous allons changer quoi que ce soit à bord. Avec sans doute encore un ou deux petits bords de recadrage à effectuer, l’arrivée n’a jamais semblé aussi loin alors qu’elle n’a jamais été aussi proche. Tant que la ligne n’est pas franchie…