Gitana 13 à 1000 milles de San Francisco

Gitana XIII
DR

Depuis plus de trois jours, le maxi-catamaran armé par le Baron Benjamin de Rothschild profite d’un flux de Nord-Est d’une quinzaine de nœuds pour grimper avec la dorsale de l’Anticyclone. Ces conditions stables associées à une mer relativement calme ont permis aux hommes de Lionel Lemonchois d’aligner de belles moyennes tout au long du week-end. « Nous sommes au près mais au près débridé, à 60 °du vent, sous grand voile haute et solent. Il y a très peu de mer, ce qui nous permet de tenir des vitesses élevées bien que nous soyons à une allure que n’affectionne pas notre monture ! » soulignait Dominic Vittet.
Sur le pont, les quelques rares embruns qui viennent effleurer le filet de Gitana 13 autorisent une navigation en cirés légers. Une tenue adéquate dans les températures encore agréables qui règnent au large du Mexique.

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Arrivée le 28 ?

Cap au Nord-Ouest, le catamaran de 33 mètres arrondit sa trajectoire pour conserver un angle de vent favorable. Il devrait en être ainsi jusqu’en milieu de semaine, avant que Lionel lemonchois et ses équipiers ne changent d’amure ; un virement de bord obligatoire pour rejoindre la Baie de San Francisco à la faveur d’un flux qu’ils espèrent de Nord Nord-Ouest. « Nous sommes toujours tribord amure et ce pour deux jours encore. Selon les dernières prévisions nous aurons au moins un virement de bord à réaliser 24 ou 36 heures avant notre arrivée, car nous allons buter sur la bordure de l’Anticyclone. Mais d’autres petits virements seront peut-être à envisager afin de rester dans la bonne veine de vent ».

Au vu des derniers routages, Dominic Vittet estimait que Gitana 13 pourrait se présenter au pied du célèbre Golden Gate Bridge jeudi 28 février dans l’après-midi (heure US) et clore ainsi une formidable aventure de plus de six semaines. D’ici là, de belles heures de navigation attendent encore les dix marins du Gitana Team.

Le carnet de bord de Gitana 13, par Nicolas Raynaud

Nous sommes aujourd’hui dans notre 40ème jour de navigation sur la grande bleue. Autant vous dire que pour la plus grande majorité d’entre nous, sept sur dix exactement, nous avons battu largement notre temps passé jusqu’alors en mer. Il est rare d’affronter des parcours aussi longs, la seule exception venant des tours du monde non stop. Lionel Lemonchois, Ludovic Aglaor et Florent Chastel étaient ensemble sur Orange 2 lors du Trophée Jules Verne en 50 jours et des poussières. Mais la palme du « plus de temps en mer » revient cependant haut la main à notre skipper. Sur cette même Route de l’Or en 1994, sur le monocoque skippé par Isabelle Autissier, Lionel avait décroché ce record en 62j 5h 55’ !
Reste que le temps en mer est un concept bien abstrait. Il y a six jours, nous passions l’équateur, six jours que nous n’avons pas vu passer. Cela n’avait pas été le cas lors de la remontée au portant le long de l’anticyclone de Pâques. Là en effet, alors que les conditions de navigation étaient « idylliques », les jours nous avaient paru s’étirer en longueur. L’inaction sans aucun doute, car depuis que cela bouge à nouveau, comme ce week-end avec une belle navigation au près serré sous un ciel d’une incroyable pureté, les quarts filent à nouveau à vitesse grand V.
Ce 40ème jour de mer est également l’occasion de saluer notre passage symbolique sous la barre des 1 000 milles restant à parcourir pour franchir la ligne d’arrivée située, non pas sous le Golden Gate Bridge, mais au pied de la non moins célèbre prison d’Alcatraz. Cet îlot au milieu de la baie de San Francisco, lieu de visite touristique, nous espérons l’atteindre dans la journée du jeudi 28 février. Avec 700 milles parcourus lors des dernières 48 heures et des conditions de navigation qui s’annoncent similaires, nous pourrions prétendre l’atteindre plus tôt. Mais voilà, avec ce vent de secteur nord d’une quinzaine de nœuds, la ligne droite nous est proscrite. Pour rejoindre notre destination, nous allons devoir tirer des bords, donc nous rallonger la route. Nous ferons tout pour arriver au plus vite, cela ne nous empêchera pas de profiter pleinement des derniers jours d’un si beau et long voyage.