La première course de la 12e édition des Voiles de St. Barth a été lancée ce lundi 17 avril avec un flux d’est plutôt léger et instable.
« Cette première journée a été magnifique ! Ça manquait un petit peu de vent c’est vrai, mais ça a indiscutablement été une parfaite mise en jambes pour tout le monde. Les conditions étaient très variables mais cela a bien ouvert le jeu. Le spectacle sur l’eau a été incroyable, notamment au moment des départs », relate Loïck Peyron, barreur du Multi70 Zoulou d’Erik Maris, vainqueur en temps réel de cette première course avec près d’une heure d’avance sur son plus proche concurrent. « Si nous avons régaté un peu tout seuls devant aujourd’hui, nous avons malgré tout pris beaucoup de plaisir sur l’eau, à doubler les monocoques les uns après les autres, mais aussi à nous battre contre nous-mêmes. C’est toujours génial de naviguer avec une belle équipe », ajoute le Baulois vainqueur de la Transat Anglaise, de la Transat Jacques Vabre, de la Barcelona World Race ou encore de la Route du Rhum, épaulé, cette semaine, par des marins particulièrement expérimentés à l’image de Thierry Fouchier, de Bruno Jeanjean et de Thomas Le Breton, tous passés par la prestigieuse America’s Cup, mais aussi de Bruno Mourniac, champion du Monde de SB20 en 2018 et double vainqueur du Tour de France à la Voile.
« On s’est appliqué à jouer au mieux chaque petit coup à terre et à exploiter les différentes veines de vent. On a vraiment bien travaillé le truc », détaille Loïck Peyron qui doit toutefois se contenter de la troisième place au classement provisoire en temps composé derrière Nala de James Vos puis Cui Bono de Rob Mervin. « Il reste la satisfaction du travail bien fait en plus du plaisir pris sur l’eau », assure Loïck Peyron, enchanté du succès grandissant des multicoques dans la Caraïbe et, par ricochet, du match qui va se jouer jusqu’à samedi dans cette catégorie. Une classe où certains ont d’ores et déjà compromis leurs ambitions de victoire, à l’image de Fujin skippé par l’Américain Greg Slyngstad. Disqualifié ce jour à la suite d’une faute sur Nala lors d’un passage de marque, le vainqueur de l’édition 2019 a clairement pris un plomb dans l’aile même si l’histoire a montré que la voile écrit parfois les histoires parmi les plus improbables.
Des matches serrés
Chez les monocoques, le match a également démarré sur les chapeaux de roues. Pour preuve, les écarts infimes à tous les étages, ainsi qu’en témoigne Bouwe Bekking, véritable légende de la Volvo Ocean Race avec un record de huit participations à l’épreuve entre 1995 et 2018. « Ce n’était pas une journée facile mais une journée très intéressante malgré tout. L’équipage a fait du bon travail, notamment à l’avant du bateau, sans jamais commettre d’erreurs. Nos changements de voiles ont été redoutablement efficaces, de même que nos placements au sein de la flotte », indique le tacticien du Swan 50 OD du Belge Filip Balcaen qui occupe ainsi la première place au classement chez les CSA 1 après ce premier acte. « C’est resté très serré du début à la fin, notamment avec Stark Raving Mad IX et Final Final. Il a constamment fallu lutter pour rester dans le rythme et aux avant-postes », concède le navigateur allemand, multirécidiviste sur les Voiles de Saint-Barth Richard Mille et sur la Saint-Barths Bucket Regatta. Pour lui, assurément, le plan d’eau possède de moins en moins de mystères malgré de nombreuses subtilités.
Le plaisir plus fort que la frustration
Idem pour le Britannique Chris Draper, lui aussi grand habitué de l’évènement et marin doté d’un palmarès étincelant avec, entre autres, une médaille de bronze aux Jeux Olympiques d’Athènes 2004 en 49er et de multiples succès dans le cadre de l’America’s Cup – dont un, tout récent, en Nouvelle-Zélande avec l’équipe Canadienne du SailGP. « Connaître la course n’est pas toujours suffisant. Le niveau de l’épreuve est relevé et le droit à l’erreur n’existe pas. En ce sens, ce lundi, nous avons connu une journée difficile à bord du Cape 31 Adrenaline (CSA 3) à cause des sargasses mais aussi en raison d’un coup tactique malheureux sur la fin du parcours qui a permis à nombre de nos concurrents de revenir et même de nous dépasser », souligne le tacticien, un peu frustré à l’issue de cette première journée de compétition mais certainement pas moins motivé pour la suite des évènements. « L’équipage est encore en rodage. Il progresse petit à petit et va continuer de le faire lors de cette semaine à Saint-Barth. Il n’y a pas beaucoup de meilleurs endroits au monde pour régater ! ». Un avis pleinement partagé par Jean-François Terrien, skipper de Sans Neuf dans la catégorie des CSA 4 et également légèrement contrarié dans ses plans lors de ce premier round. « Lors de la phase de départ, nous avons rencontré un problème de chariot de grand-voile. Un manillon a sauté et nous nous sommes retrouvés sans GV au moment du coup de canon. Nous avons cravaché autant que possible ensuite pour revenir au score et nous avons débordé la première marque au vent en tête mais ça s’est compliqué de nouveau sur le bord de spi. Il nous aurait fallu un peu plus de pression mais nous sommes optimistes pour la suite car normalement, demain et après-demain, le vent devrait être un peu plus consistant », termine le skipper Martiniquais. De fait, entre 13 et 15 nœuds sont attendus. De quoi poursuivre intensément le match et voir de nouveaux bateaux émerger.