L’équipage : Jérémie Beyou et Sidney Gavignet
Du haut de ses 31 ans, Jérémie Beyou fait partie de cette génération particulière qui a tout à la fois un lourd bagage et l’avenir devant elle ! Les premières régates du Finistérien remontent à l’enfance, et on le classait volontiers parmi les « gros bras » de la Classe Figaro alors qu’il n’avait pas encore 30 ans… Ayant quitté ce circuit hautement compétitif après avoir remporté l’intégralité des épreuves et le titre de Champion de France de Course Au Large en solitaire fin 2005, Jérémie avait également entre temps usé ses cirés en trimaran ORMA et dans diverses classes monotypes. Aujourd’hui à la barre d’un 60 pieds IMOCA sur plans Farr, quasi sistership de PRB, il a récemment travaillé la météo et la stratégie, un domaine dans lequel il avait déjà fait ses preuves en routant le trimaran Banque Populaire jusqu’à la victoire dans la Transat Jacques Vabre 2005.
Pragmatique, ce marin qui s’attaque à son premier tour du globe a voulu partager son cockipt avec un navigateur d’expérience… c’est pourquoi il a choisi Sidney Gavignet, ayant 3 Whitbread / Volvo à son actif, et l’expérience des campagnes à l’anlo-saxonne, avec tout ce que le terme implique en matière de rigueur et d’organisation. Compétiteur acharné, chef de quart à bord d’ABN AMRO 1, victorieux lors de la dernière Volvo, Sidney est également un personnage contemplatif à qui l’on doit de fort jolies lignes (lire « L’envers du décor »). Auréolé d’un record en monocoque sur l’Atlantique (Mari Cha IV, 2003) et de deux records des 24 heures (améliorés depuis), Sidney a été un atout précieux pour le développement du monocoque Delta Dore, lancé en septembre 2006 – un voilier qui a fait preuve de sa fiabilité en terminant 4ème d’un Fastnet très mouvementé cet été.
Jérémie Beyou : "Nous serons régulièrement seuls sur le pont. Pour cela ce sera important d’avoir des réflexes de solitaire. Mais nous fonctionnerons vraiment en double, effectuant les manoeuvres à deux le plus souvent possible. La discussion sera permanente et nous confronterons nos points de vue régulièrement, notamment pour les questions météo. Nous déciderons à deux, nous partagerons les bons et les moins bons moments à deux, nous devrons toujours nous donner tous les moyens d’être au maximum de notre efficacité. La course dictera le rythme mais il y aura aussi ces petits moments de convivialité qu’il est important de trouver à bord d’un bateau, comme le plaisir de partager un plat et de se retrouver à deux sur le pont."
Le parcours : Détroit de Cook > Cap Horn
Après le passage dans le détroit de Cook, c’est le début de la grande cavalcade dans le Pacifique, avec ses conditions généralement propices aux moyennes élevées. C’est une portion du parcours dans laquelle on peut assister à des rebondissements, car il suffit d’attraper un train de dépressions avant ses rivaux pour creuser un écart ou combler un éventuel retard… Le gros danger, ce sera naturellement les glaces dérivantes, mais l’organisation travaille sur une solution qui permettrait de fournir aux équipages des images satellites visualisant les icebergs. L’idéal en termes de navigation dans cette zone est de jouer les bordures de dépressions pour conserver un flux régulier de 25 à 30 nœuds. Après la troisième et dernière porte « glaces », c’est route directe vers le cap Horn, qui à l’inverse des autres est doublé au pied des cailloux : il n’y a aucun intérêt à se rallonger la route !
(Source : Barcelona World Race)