Grands écarts au classement

Corentin Douguet
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Les yeux rougis d’épuisement, la tête pleine de ces 36 dernières heures de navigation extrême, les oreilles bourdonnant encore du vacarme assourdissant du bateau qui retombe dans les vagues, les muscles engourdis par les changements de voile incessants ou simplement pour avoir, des heures durant, maintenu l’équilibre des corps malmenés, les nerfs à vif d’avoir attendu une bascule aléatoire, raté une stratégie, navigué seul en aveugle, sans connaître la position des concurrents, les premiers solitaires sont arrivés à La Corogne. L’un après l’autre, très doucement. Corentin Douguet, le grand vainqueur de l’étape, étonné de sa propre performance, est le premier à révéler la dureté de ces dernières heures de remontée épique dans le golfe de Gascogne, de celles qui font se demander aux plus aguerris « mais que suis-je venu faire dans cette galère? ».

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Superbe victoire de Douguet, Desjoyeaux leader au classement général provisoire
A 23h 39 minutes et 45 secondes, le skipper de E.Leclerc/Bouygues Telecom passait la ligne d’arrivée en triomphateur, 28 minutes devant Nicolas Troussel (Financo) et presque 49 minutes devant Michel Desjoyeaux (Foncia). A La Corogne, les écarts sont tels avec les poursuivants, que ce trio de tête se retrouve confortablement installé sur le podium du classement général provisoire. Grâce à sa régularité à toute épreuve (3e, 1er et 3e sur les trois étapes), Mich’ Desj’, déjà deux fois vainqueur de La Solitaire, détrône l’ancien leader Frédéric Duthil (Distinxion), arrivé 8e avec 2h12 de retard. Desjoyeaux prend donc la tête du classement général devant Douguet et Troussel. Gildas Mahé (Le Comptoir Immobilier) lui aussi très constant depuis le départ de Caen, termine quatrième en Espagne… Une position qu’il maintient également au général.

Double peine 

Ce parcours de 560 milles entre Brest et la pointe nord-ouest de l’Espagne a été une succession de cas d’école. Après un passage délicat au raz de Sein (mouillage pour certains), un grand bord très tactique au portant jusqu’à l’embouchure de la Gironde, puis une phase de calme plat, les solitaires retiendront un final dur et sublime dans la brise, au beau milieu du golfe de Gascogne. Pour nombre d’entre eux qui ont souffert, cassé du matériel, terminé à bout de force, c’est un peu la double peine. Nicolas Bérenger (Koné Ascenseurs) qui occupait jusque-là la troisième marche du podium provisoire, paye un très lourd tribut sur cette étape puisqu’il termine à plus de 4 heures du vainqueur…. Il n’est pas le seul parmi les favoris à voir ses chances réduites pour l’accès à une place d’honneur cette année. Gildas Morvan (Cercle Vert), 10e, accuse à l’arrivée 2h28 de retard, Gérald Véniard (Scutum) n’en revenait pas d’avoir pris « 3h28 dans la vue », à peine un quart d’heure de moins que Thierry Chabagny (Brossard). Ce baptême du feu n’a pas été pour déplaire en revanche à Nicolas Lunven (Bostik) qui termine en Espagne 9e et 1er bizuth, 14 minutes devant un autre rookie Vincent Biarnes (Côtes d’Armor). A noter également la belle performance d’Eric Drouglazet (Luisina), Thomas Rouxel (Défi Mousquetaire) et Jeanne Grégoire (Banque Populaire). Bien que distancés en temps, ces trois-là, respectivement 5e, 6e et 7e ont réalisé une excellente fin de course.