La boucle est bouclée (Source L’Oréal Paris)
Maud Fontenoy a franchi la ligne d’arrivée de son défi A Contre Courant ce mercredi 14 mars. Il était 11 h 21 GMT (15h21 heure de la Réunion, 12h21 à Paris), quand la jeune femme a mis le point final à son aventure. La ligne virtuelle qui marquait l’accomplissement du parcours était tracée au large de Saint-Denis, à la Réunion, l’Ile d’où la jeune femme et son monocoque, L’Oréal Paris, s’étaient élancés le 15 octobre dernier. Maud Fontenoy aura passé près de 5 mois en mer, 150 jours 23 heures et 48 minutes, pour boucler plus de 21.300 milles nautiques (38.340 kilomètres). ” Je suis super contente ! C’est le plus beau jour de ma vie, le grand moment ! ”, a commenté Maud Fontenoy, euphorique, quelques minutes seulement après avoir franchi la ligne d’arrivée. Une petite flotte avait pris la mer pour aller chercher la jeune femme au large, à grand renfort de cornes de brume. L’Oréal Paris a parcouru les derniers milles sous un soleil radieux, dans un vent fort et des creux de deux mètres, sous le regard des Réunionnais qui s’étaient également donnés rendez-vous à Terre pour applaudir la fin de parcours de la navigatrice (…) ” Ca a été 5 mois avec de nombreuses galères mais je ne regrette rien. Ca valait vraiment le coup. Ce passage de ligne a été un moment très intense, un mélange d’émotions très fortes. La conclusion que je tire c’est que je suis allée au bout de moi-même. Ce n’est pas une question de gros bras mais une question de volonté ”, explique Maud.
(Source L’Oréal Paris)
Point de vue…
Que retenir du périple de Maud Fontenoy ? Tout d’abord qu’elle a été contrainte de mettre le mot "défi" à la place de "record", sa tentative ne rentrant pas dans le cadre des parcours homologués autour de la planète. Que ça l’a agacée quand le microcosme de la course au large lui a vertement rappelé qu’il y avait des règles. Qu’après ses expériences de galérienne, elle a mis la barre très (trop ?) haut en s’engageant dans un défi vélique jugé par tous les marins de la planète comme extrême. Qu’elle a su donner du relief à sa circumnavigation, au prix d’une communication très efficace : Maud Fontenoy et son bateau sponsorisé par L’Oréal Paris ont parfaitement réussi à occuper l’espace médiatique, s’offrant même le luxe de faire l’ouverture de certains journaux télévisés. Bernard Stamm et les concurrents du tour du monde en solitaire avec escales de la Velux 5 Oceans ont parfois dû regretter de ne pas avoir pris Patrick Poivre d’Arvor comme parrain de leur bateau… Et que penser du battage médiatique lorsque le mât de son monocoque s’est brisé en deux ? Fort heureusement, Jean-Luc Van den Heede, vieux loup de mer, a pris son téléphone, s’empressant de rappeler à la navigatrice et à son équipe à terre qu’elle n’avait pas besoin d’assistance. Qu’il y avait à bord tout le matériel pour confectionner un gréement de fortune : VDH lui a faxé 8 pages détaillées. Qu’il n’était pas nécessaire de mettre la Marine Nationale en alerte. De dérouter sur zone un cargo allemand. D’envoyer, depuis Perth en Australie, un remorqueur, affrété par L’Oréal, à sa rescousse. Que le 5 mars, c’est le porte-hélicoptères "Jeanne d’Arc" qui lui rendait une visite dite "surprise" dans l’océan Indien : "C’est la France qui vient me soutenir et m’encourager", lâchait la navigatrice, émue aux larmes. Pas moins. Cela dit, qu’on ait vibré ou pas avec la charismatique Maud Fontenoy, on se doit de respecter sa démarche. Et sa performance. Car c’en est réellement une de mener un bateau autour du monde. Et de le ramener, seule. Contre vents et courants. Avec courage et détermination.
Philippe Eliès