Ces deux tentatives de battre le Record du Trophée Jules Verne auront donc échoué. Après 42 jours de mer, le verdict est tombé comme un couperet ce dimanche matin pour les équipages de Spindrift après celui d’IDEC hier. Il n’y aura pas de vainqueurs et encore moins de vaincus. Ce Trophée Jules Verne s’achève comme s’achèverait la fin de la saison 1 d’une bonne série. On a hâte de voir la saison 2.
Plus de quarante jours à suivre tous les jours la progression de ces machines incroyables. Et vous avez été nombreux à nous suivre. Quelle aventure, quel duel, quels hommes. Il y avait toute la matière pour un très bon scénario de film. De bons acteurs, une bonne répartition des rôles et de nombreux rebondissements avec des effets spéciaux.
Au départ, le pitch du film était assez simple. Faire une course autour du monde. Il y aurait eu d’un côté les “Gentils”, en mode commando qui partent sur un plus petit bateau et moins nombreux face aux “Méchants”, qui ont la plus grosse machine et des mercenaires à bord.
Au début, tout se passe bien. Les deux bateaux passent une première semaine incroyable. Forcément le plus gros gros rattrape le plus petit rapidement. Du duel attendu au départ de la course, il n’en est plus question. Chaque bateau trace sa route en ignorant l’autre. On s’ennuierai presque. 1000 milles d’avance.
S’ensuivent alors la première désillusion et la première leçon d’humilité. Elle commence à bord d’IDEC qui perd toute son avance et commence à accumuler du retard. Cette maladie venue de Sainte-Hélène se propage aussi à bord de Spindrift. Les compteurs sont pour la première fois remis à zéro et ce ne sera pas la dernière fois. Le Cap de Bonne Espérance marque le vrai début du film. Spindrift est en retard de 12 minutes, IDEC de plusieurs heures. On croise Loïck Peyron au Nautic de Paris qui a l’œil qui frise lorsqu’on lui annonce la nouvelle. Il sait ce qui les attend.
L’Océan Indien, le Pacifique seront les grands moments de ces deux tentatives de battre le record du Jules Verne. On découvrira mieux les hommes (et une femme) après les doutes, la fatigue. Il y aura un aspect dramatique avec la casse du foil de Spindrift. On partagera mieux la nature et la petitesse de notre planète. IDEC et Francis Joyon montreront tous leurs talents à ce moment-là. Comme s’il fallait attendre le moment d’être le plus loin de la civilisation pour trouver une justification à ce record. Une aventure humaine.
Humilité, modestie seront les mots embarqués à bord d’IDEC mais finalement que l’on percevra aussi sur Spindrift quand les deux bateaux se retrouveront bord à bord 30 jours après leur départ. Presque heureux de se retrouver.
L’Ocean Indien et le Pacifique auront changé le scénario du film loin de tout. Le Cap Horn marquera le retour à la civilisation et à la sévère réalité de la course. L’Atlantique Sud sera dur, cruel et punitif pour les deux trimarans. Habitués à rattraper les milles, les deux équipages attendront les derniers jours pour s’avouer vaincus. Le duel est terminé.
L’épilogue arrive. Il reste encore quelques jours de mer. Les conditions qui s’annoncent vont être difficiles pour rentrer à la maison. Les deux équipages savent qu’ils ont finalement tous les deux “pas perdus”. Ils ont peut être gagné là leur future victoire pour leur prochaine tentative. Une saison 2 dont les deux skippers souhaitent garder le même casting. Bravo aux deux équipages pour ces grands moments et ce grand film autour du monde. Ce n’est pas rien.