Le calme après la tempête

PCO Technologies Tanguy de Lamotte
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Officiellement, Didier Le Vourc’h (Vecteur Plus), Pierre-Yves Lautrou (Téo Taket), Marine Chombart de Lauwe (Esprit 93) ont déclaré leur abandon en arrivant dans un port français ce mardi. Pierre Brasseur (Peintures Ripolin), Marie Christine de Brugière (Lady Jim), Daniel Vodikca (CK Fisher), Stéphan Bonvin (Marcel for ever), Nacho Orti (Intrepid Project Valencia) et Hugo Ramon (Emotion Saling Team-Aspanob) se sont détournés pour une escale. Le coup de vent n’a certes pas été très violent mais il a été rapide, ce qui a engendré une mer dure et chaotique pendant quelques heures la nuit dernière, et ce qui n’a pas arrangé les solitaires qui avaient déjà quelques soucis techniques.
 
Pour les soixante Minis encore en route en course vers les Açores, ce mardi après-midi a été l’occasion de souffler un peu avec une mer qui s’est aplatie progressivement (il y a eu jusqu’à quatre mètres de creux lundi dans la nuit) et un vent qui tourne lentement au secteur Nord Ouest en mollissant au fur et à mesure que les bateaux se rapprochent des côtes espagnoles. Dormir avant tout, sécher ses vêtements et l’intérieur, manger un plat consistant, faire un check-up du bateau, voilà les occupations principales des solitaires après deux jours de mer. Comme la route est directe, comme le vent ne fait que se stabiliser et que la tendance est à un apaisement général des conditions de navigation, il faut en profiter… mais pas trop longtemps au risque de se faire décrocher au passage de la point Nord Ouest de l’Espagne.
 
La louche espagnole
 
Le cap Finisterre devrait donc être relativement paisible à déborder et risque fort d’être le point de passage le plus délicat à négocier avant l’archipel des Açores. De fait, les options prises dès lundi rendent les trajectoires quasiment obligatoires : les « Sudistes » à l’image de Jean-Marie Vidal (Jason) suivi par un groupe de voiliers de série dont Romain Vidal (Bingo), Dominik Zurrer (Ubik 245), Alexis Hupin (Manu Poki)… vont forcément atterrir sur la pointe Estaca de Barres et donc raser les falaises ibériques. Cette trajectoire peut être excellente si le vent tourne comme prévu au Nord voir Nord Est à moins de dix nœuds sur zone, car il y a souvent un effet Venturi au large de La Corogne qui accélère le flux…
L’ex-Figariste, double vainqueur de la Solitaire, Jean-Marie Vidal connaît bien ce phénomène et sa route laisse entendre qui cherche à en profiter pour réaliser une « louche », une trajectoire courbe pour revenir aux avant-postes par dessous ! Classé douzième mardi après-midi, il ne serait pas étonnant de le voir prendre mercredi matin, la place de dauphin du leader actuel, le Slovène Andraz Mihelin (Adria Mobil Too). Ce dernier emmène le peloton avec déjà dix milles d’avance sur le Belge Peter Laureyssens (Ecover), Adrien Hardy (Brossard), David Sineau (Bretagne Lapins), Isabelle Joschke (Degrémont)… qui se sont tous regroupés après le passage du front sur une route similaire par effet de convergence.
 
Du côté des voiliers de série, les écarts sont peu significatifs entre les dix premiers voir plus ! A l’exception de Hervé Piveteau (Jules) Antoine Debled (ADDModules) et de Grégory Magne (20 minutes) très au Nord et des « Sudistes », le pack est compact au centre du golfe de Gascogne à une vitesse de plus de six nœuds, cap au Sud Ouest. Avec des bateaux au potentiel strictement identiques, a contrario des prototypes qui sont plus ou moins typés pour le travers ou le petit temps, le différentiel ne pourra se faire qu’en étant « au taquet » toute la nuit…
 
Nuit blanche pour lune noire
 
Car plus au large que les Vidal, cette « bande de Minis » va aussi buter dans des airs plus mous dans la nuit de mardi à mercredi, leur passage à la longitude du cap Finisterre étant prévu en fin de matinée. Derrière ces derniers reliefs avant l’archipel des Açores, un flux de secteur Nord à Nord Est est en cours d’installation, ce qui signifie que les premiers à déborder la péninsule ibérique vont creuser très rapidement l’écart sur le gros de la flotte. La nuit de mardi à mercredi va donc être assez sollicitante car rappelons qu’il n’y a quasiment pas de lune, que le vent va mollir et devenir assez variable en force et en direction. Il faut donc imaginer passer une nuit blanche pour faire le break ou rattraper son retard. Surtout entre minuit et le lever du jour, une période où les paupières ont tendance à tomber si on n’a pas pris du stock de sommeil dans l’après-midi. De plus, les changements de température sont générateurs de petits souffles bienvenus mais souvent imprévisibles : si le solitaire n’est pas sur le pont à ces moments-là, ce sont plusieurs milles voir dizaines de milles dans les calmes, qui s’envolent…

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