So long, New York

Ericsson à New York
DR

A l’arrivée à New York, tous les équipages avaient soulignés, le visage rongé de fatigue et les mains en vrac, que cette brève étape de 400 milles entre Annapolis et New York avait été la plus rude de toutes les étapes disputées jusqu’à présent dans cette course autour du monde, dont la route est pourtant passée par les 40ème Rugissants et les 50ème Hurlants.
 
Ce matin, à quelques heures du coup de canon de cette 12ème manche de 3 500 milles, les spéculations vont bon train. La rançon de cette météo musclée est que certains caressent sans trop l’avouer, l’espoir de battre le record de la traversée de l’Atlantique d’Ouest en Est, (le Charlie Barr), détenu depuis deux ans presque jour pour jour par Mari Cha IV, en date du 1er juin 2005. Mari Cha IV (43 m), dont le skipper n’était autre qu’un certain Mike Sanderson et certains équipiers, Sidney Gavignet et Jan Dekker, en autres…. Un rôle d’équipage qui en rappelle un autre !

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Après deux jours de pit stop, les équipages ont comblé leur déficit de sommeil accumulé dans le sprint entre Annapolis et New York et finit les réparations nécessaires avant de reprendre une mer difficile, avec deux jours de navigation au près, puis, après le passage du front, un boulevard au reaching, où les VO 70 vont pouvoir exprimer toute leur puissance, notamment les deux plans Kouyoumdjian du team ABN AMRO.
 
ABN AMRO TWO
 
Pour ABN AMRO TWO, cette traversée a un enjeu particulier ; celui d’effacer le souvenir et les conséquences des deux dernières étapes où le cumul d’avaries et le manque de réussite dans les choix météo ont été chèrement payés.  Actuellement 5ème au général provisoire, à égalité de points avec Brasil 1, le skipper français, Sébastien Josse rappelle cependant que la performance d’ABN AMRO TWO reste remarquable. L’équipage des Kids, moyenne d’âge 26 ans, se bat en effet contre des marins professionnels bardés d’expérience, acquise sur la Coupe America, la Withbread, la Volvo Ocean Race, The Race, le Jules Verne et autres Jeux Olympiques. Une maturité sportive et psychologique que Josse et son équipage sont entrain d’acquérir sur le terrain de cette Volvo Ocean Race 2005-2006. Le skipper Français croit encore à une place sur le podium final. Pirates n’est qu’à 5.5 points, Movistar à 5 points et Brasil 1 à 0, même si ce dernier l’emporte par tiebreack. Reste que cela passera par une place d’honneur sur cette transat.

ITV Sidney Gavignet et Sébastien Josse juste avant le départ
 
Qu’attendez-vous de cette étape ?
 Sidney : On parle beaucoup de record, mais cela ne sera pas notre priorité, car les records dépendent beaucoup trop des conditions extérieures. Par contre c’est une transat de 3 500 milles, une longueur qui nous convient bien. Pas trop longue, mais assez pour que les ABN AMRO s’expriment bien. Notre équipage part pour gagner cette manche car si nous l’emportons à Portsmouth, et que nous passons en tête au Cap Lizard, nous avons mathématiquement gagné la course, alors qu’il restera encore 4 manches à disputer. Ce que nous voulons, c’est tuer définitivement les espoirs de nos concurrents de venir nous inquiéter pour cette 1ère place au général. C’est déjà presque fait, d’autant que nos adversaires commencent à vraiment se battre entre eux. Ce qui nous arrange bien. Donc pour cette manche, nous partons pour gagner. Mais avant de gagne,r il faut arriver et donc ne pas casser. Pas de record de traversée, mais un record de victoires, par contre cela nous irait. (rires).
 
 
Les conditions sur cette étape ?
Sébastien : On part au près, c’est à dire vent de face pendant deux jours. Ce que l’on vient d’avoir pour rejoindre New York lors de la dernière manche. Après cela, cela devrait aller très très vite. Nous allons passer un front et après filer littéralement au reaching vers l’Angleterre. Depuis l’étape du Horn, nous n’avons pas eu ce type de conditions rapides où nos VO 70 pouvaient parfaitement exprimer leur puissance. Donc je pense qu’on sera tous contents de naviguer sous cette allure. Cela sera peut-être la dernière fois avant la fin de la course, le 17 juin à Göteborg. Après nous naviguerons près des côtes. Côté résultats, tous les espoirs nous sont permis pour cette traversée car les conditions vont être favorables aux deux ABN AMRO.
 
Quel effet cela fait de revenir en Europe ?
Sébastien : C’est encore plus de motivation pour faire un bon résultat. Portsmouth n’est pas loin de la Bretagne, c’est comme si je revenais à la maison. La Manche, le Cap Lizard, tout cela je connais grâce à la Solitaire du Figaro. Donc pour mon équipage, et aussi du point de vue personnel, cela me ferait plaisir de revenir sur le podium à Portsmouth. Cela serait psychologiquement important pour tout le monde. Pour l’équipe, mais aussi pour la course, pour prouver qu’il y a encore du match. C’est vrai également pour les autres adversaires d’ABN AMRO ONE. Le résultat de cette 12ème manche va être déterminant sur l’esprit de ce dernier acte européen.

Source ABN AMRO