8 au 9 janvier
Les caprices d’Éole ou plutôt la période de transition. Nous voilà dans une situation plutôt rare : ABN ONE prend la poudre d’escampette devant le front froid de la fameuse dépression. On est dans un vent de NW 25-30 nœuds, le tout au portant à 140 degrés du vent (et au soleil) tandis que les poursuivants se battent pour les miettes dans un vent très capricieux. La pilule est un peu dure à avaler surtout que jusqu’à présent nous n’avions pas fait beaucoup d’erreurs, du moins pas plus que les autres. Trente petits miles et nous voilà relégués à 338 miles en 36 heures. Pour nous, il faut maintenant attendre le prochain train qui ne devrait plus trop tarder.
10 janvier
Enfin, la voilà cette dépression ! Le deuxième train vient d’arriver. Les deux derniers jours ont été très fatigants pour l’équipage. On a changé quatorze fois de voiles et, en plus de ça, au reaching (vivement les voiles sur emmagasineur !). Quand je vois les numéros 1, Simeon et Johnny (les deux Hollandais de l’équipe) partir sur la plage avant, constamment sous l’eau, j’ai mal pour eux ! J’essaye comme je peux d’abattre un peu pour les protéger. Les cirés n arrivent plus à sécher pendant les quatre heures de repos. Remettre son ciré froid et humide (sans vous parler de l’odeur !) : la sensation est très désagréable… Enfin, le positif : nous revoilà avec le spi de tête et les 18 noeuds de vitesse sont de nouveau sur les écrans. On a gagné une trentaine de miles sur Pirates au passage du front. Comme je dis toujours : c est bon pour le moral des troupes de voir qu’ils ne se défoncent pas pour rien.
11 janvier
ça fume : 23,45 noeuds de moyenne, 563 miles, top speed à 33,1 noeuds : nouveau record des 24 heures en monocoque ! Cette fois-ci, pas de changements de voiles sur les dernières 24 heures. On accompagne la dépression dans un vent stable et régulier de 25-30 nœuds, à 130 degrés sous reacher, un ris. Tout est matossé jusqu’à la moindre écoute sur le pont. C’est la lance à incendie en permanence pour le barreur et le régleur. C’est casque ou masque obligatoire sous peine de ne plus voir les instruments pendant plusieurs secondes et faire une sortie de route.