Et oui, on s’approche des côtes espagnoles en faisant des bonds dans tous les sens. La mer n’est pas très formée mais très désordonnée et lève de façon très variable en force et en direction. Ce qui nécessite de barrer pour optimiser la trajectoire dans les vagues.
Depuis hier nous avons beaucoup manoeuvré avec Jean Luc et le rythme a tout de suite été donné. Nous avions envisagé une configuration de voile au départ et avons changé de stratégie dans la dernière demi-heure. Ca nous a mis un peu le feu mais ça montre aussi que l’on peut changer et être opportunistes. Le début de course dans la molle n’était pas notre favori et pourtant on fait jeu égal avec les meilleurs de la discipline, donc ça c’est déjà positif !
A la bouée d’Etretat, on met un peu de temps à mettre le grand gennaker, mais on revient sur Macif qui est reste sous J1 pour ne pas trop manoeuvrer. On gagne le duel à l’empannage et on se retrouve tous les trois, c’était top ! Sur mer plate, Prince de Bretagne allait très vite et Macif a accéléré avec son J1 en lofant au-dessus de nous à la tombée de la nuit. C’était juste la bagarre dont je rêvais. Le vent a forci. A l’attaque, sous gennaker grand-voile haute et mer plate, Jean Luc s’en est donné à coeur joie . Puis grosse manoeuvre de nuit en arrivant sur Cherbourg : déroulé de génois , roulé de gennaker, affalage du gennaker et mise en sac.
C’est toujours impressionnant d’être à l’avant du bateau de nuit avec la petite lumière de la frontale qui éclaire tes mains, tu sens la vitesse du bateau et tu vois l’eau noire défiler à toute vitesse . Les sensations sont décuplées et à ce moment tu as confiance dans celui qui, 30 mètres derrière, te regarde, à la barre, et scrute le moindre détail du halo de lumière accrochée autour de ta tête.
Entre Cherbourg et Ouessant, on s’est offert un reaching sur mer plate de dingue sans que ça soit chaud. Tout sous pilote, avec des pointes à 40 noeuds !
A Ouessant, changement d’ambiance mais c’est resté rapide toute la nuit à chercher du gain ouest : enchainement de virements et de prises de ris, tout ça avec le même mec ! Il en veut comme un lion et moi, j’ai les serres accrochées aux manivelles et on pousse tout ce que l’on a dans les tripes. C’est parfois dure à enchainer mais quelle satisfaction quand tu vois le résultat d’un mille gagné ! Petit gain mais grand plaisir ! C’est tonique et ça va continuer jusqu’à Porto comme ça. Alors ne comptez pas sur nous pour mollir !
Je vais me faire mon premier plat « lyofal » et je viens de monter un thé au miel au barreur avec le reste de l’eau chaude. On n’a pas encore trop mis le système de quart en route mais ça fonctionne déjà bien !
Bonne soirée.
Thomas
            


















