Un début de course compliqué

Flotte à Bordeaux 2015
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En guise d’entrée, un plat pimenté : la descente de la Gironde jusqu’à la pointe de Grave. Entre les bancs de sable, les bouées de chenal à respecter, le courant, les troncs d’arbre flottants entre deux eaux, la concentration sera de mise. Il y a deux ans, un jeune bizuth en avait fait les frais : il avait échoué son Figaro Bénéteau sur un banc de l’estuaire et avait dû attendre la marée montante pour repartir…
Au près avec un vent d’ouest instable (entre 8 et 12 nœuds), un œil sur la carte, un autre sur les petits camarades, tous vont devoir régater à couteaux tirés tout en jouant la prudence. Une trentaine de milles plus tard, ils seront sortis de cette première grande difficulté et pourront prendre le large vers un horizon plus dégagé… au coucher du soleil.

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 Pour le plat de résistance, les marins vont devoir faire le bon choix. L’idée sera d’aller chercher rapidement vers l’ouest une bascule de vent qui leur permettra alors de descendre vers la route directe, soit le cap Finisterre, sous spi dans des conditions maniables : 15 nœuds, de quoi glisser et afficher des moyennes honorables, annonce Météo Consult. Mais dès lundi, la course risque d’être freinée par une dorsale (zone sans vent) qu’ils n’ont pas intérêt à traverser sous peine de passer des heures à table. Comme on dit dans le jargon maritime, les marins pourraient alors décider de « faire le tour de la paroisse », autrement dit de contourner la bulle, quitte à rallonger la route mais avancer plus rapidement. Lundi risque d’être une journée mollassonne, avant que mardi, le vent ne repasse au sud-ouest ! Les marins rangeront donc leur spi pour naviguer penché en direction du cap Espagnol où les attend une autre période de transition. Un Golfe de Gascogne capricieux !

Le vent de nord-nord-est établi rentrera dans la nuit de mardi à mercredi jusqu’à 25 nœuds avec un effet venturi bien connu au cap Finisterre. Les skippers vont pouvoir affoler les compteurs et profiter de ces conditions idéales pour faire de la route. Mais les côtes espagnoles avec leurs effets de site où le vent peut disparaître la nuit compliquera le dernier tronçon du parcours. L’étape promet d’être longue, dure mentalement mais stratégiquement passionnante.

Ils ont dit :

Yann Eliès, Groupe (Queguiner – Leuncémie Espoir) : « Le début de cette étape, c’est la plus grosse difficulté. Sortir de l’estuaire avec du courant, pas forcément beaucoup de vent et des bancs de sables, des bouées à respecter. Le danger de s’échouer et de louper une bouée, c’est le cauchemar du figariste. Une fois que nous aurons dépassé la passe sud de la Gironde, il y aura un gros soulagement !  »

Thierry Chabagny (Gedimat) : « Première barrière à franchir, la sortie de la Gironde. Il y a deux ans, un bateau s’est échoué et il est resté coincé 8 heures ! Cela demande beaucoup de concentration parce qu’on va être 39 bateaux à naviguer dans un petit espace avec beaucoup de courant, des bancs de sable, de l’eau marron où tu ne vois pas le fond, et des marques à respecter. Il faudra avoir un œil sur la carte, un autre sur les concurrents et la stratégie, parce que l’idée est de partir avec les premiers. »

Xavier Macaire (Skipper Hérault) : « La première partie sera technique avant un courant contre nous au début, donc nous irons plutôt tirer des bords près de la berge, puis le courant sera avec nous, donc ce sera plus simple. L’embouchure avec le fleuve qui rencontre l’océan pourra être mouvementée, car il peut y avoir de la houle. Une fois en mer, je me sentirais plus libéré »

Rob Bunce (Artemis 37) : « La première partie de la course va être la plus dure, c’est sûr. Nous commençons par 30 milles sur le fleuve. 39 bateaux sur un si petit espace, c’est un vrai challenge. Il y a peu de fond et c’est très mouvant, il sera donc très difficile de sortir de cet estuaire en un seul morceau. Le départ s’annonce plutôt mou, avec ensuite un peu de près en direction de l’Espagne. »