De Dunkerque à Roscoff, seize courses dont trois étapes de ralliement ont été disputées. L’année dernière, alors qu’ils participaient au Tour de France à la Voile pour la première fois, Franck Cammas et ses équipiers avaient rapidement pris l’ascendant sur leurs concurrents. Groupama 34 est-il imbattable ? Nombreux étaient ceux qui se posaient la question à la veille de cette 37e édition du Tour. Si Courrier Dunkerque 3 a été en tête les deux premiers jours, le bateau vert a effectivement vite repris les choses en main. Plus rapide, plus constant, tout réussissait à l’équipage de Fabien Henry (qui remplaçait Franck Cammas en Manche). Mais il a suffi d’une étape de ralliement ratée entre Dieppe et Granville pour que les Dunkerquois fassent chuter leur ennemi n°1 de la tête du classement provisoire. Depuis, les deux favoris sont inséparables. Que ce soit sur les parcours techniques ou pendant les étapes de ralliement, ils ne se lâchent pas d’une semelle. Si Groupama 34 est toujours aussi offensif, le vainqueur de l’édition 2013 arrive à Roses avec un retard significatif de 19 points. Mathématiquement, Groupama 34 peut encore gagner et l’équipage de Franck Cammas, qui reprendra son rôle de skipper pour toute la partie Méditerranée, mettra tout en oeuvre pour y arriver. Marquer son adversaire, verrouiller le plan d’eau, pousser l’autre à la faute : tout est bon pour grappiller le moindre petit point. Mais à trop vouloir se contrôler, Groupama 34 et Courrier Dunkerque 3 peuvent ouvrir des portes aux autres bateaux qui ne manqueront pas de s’engouffrer dans la brèche si l’occasion se présente.
Le jeu est ouvert
Le jeu est en effet très ouvert cette année. A quelques longueurs de l’arrivée, tout est encore possible. Le niveau relevé des équipages est une des explications. Mais si la bataille n’a jamais été aussi rude entre les têtes d’affiche, c’est aussi grâce à la monotypie des voiles, une nouveauté cette année. Avec un jeu de voiles identique pour tout le monde, les écarts entre les favoris et le reste de la flotte ont été réduits. Et tous les concurrents s’accordent à dire que, sans même parler du classement, ce Tour de France à la Voile est particulièrement intéressant d’un point de vue purement sportif. Parmi les trouble-fêtes, on retrouve aux premières loges Team Oman Sail (dont l’objectif d’être 3ème est pour l’instant atteint) et Bretagne – Crédit Mutuel Elite (seulement 5 point derrière). Sans oublier Ville de Genève – Carrefour Addictions, spécialiste des jolis coups tactiques : les jeunes Suisses prennent de plus en plus l’habitude de croiser devant l’étrave des grosses écuries. Pour ces équipages, le challenge en Méditerranée sera de ne pas se laisser distancer par les deux premiers. Si les écarts de vitesse avec les meilleurs ne sont pas énormes, c’est la constance qui fera la différence. Les Omanais, les Bretons comme les Suisses font encore de grosses erreurs. Nicolas Troussel et ses équipiers, qui n’ont pas de match racer à la barre à la différence notamment de Courrier Dunkerque 3 ou Team Oman Sail, sont parfois pénalisés pendant les phases de contact au départ. Si les Omanais menés par Sidney Gavignet ne cessent de progresser, certaines manœuvres sont parfois encore un peu hasardeuses. Quant aux Suisses, ils doivent gagner en rigueur et en expérience pour améliorer leurs résultats sur les étapes de ralliement. Chez les amateurs, le match est tout aussi passionnant.
Au même titre que Courrier Dunkerque 3 et Groupama 34 chez les pros, Normandy-Acerel et Toulon Provence Méditerranée-COYCH offrent de très beaux duels sur l’eau. Mais les Sudistes, pas assez performants sur les parcours techniques, ne parviennent pas à combler le retard de 13 points qui les sépare des Normands, leaders du classement amateur. L’arrivée en Méditerranée, un plan d’eau qu’ils connaissent mieux, et le renouvellement d’une partie de l’équipage pourraient peut-être leur donner un nouvel élan. Et si leur avance de 26 points sur Nantes – Saint Nazaire est un matelas assez confortable pour empocher la seconde place au classement amateur, Florian Simonnot et ses équipiers ne veulent pas s’en contenter. C’est la victoire qu’ils visent !
Enfin, l’équipage de Be. Brussels – Bienne Voile, souvent abonné à la dernière place, n’est pas pour autant démoralisé, bien au contraire ! Les Belges et les Suisses qui n’avaient jamais navigué ensemble avant le début de la course, continuent d’améliorer leur vitesse comme leurs manœuvres et prennent beaucoup de plaisir à naviguer. Leur travail commence à payer puisqu’ils ont terminé à la 7ème place lors des deux dernières courses.