Vers une quatrième étape longue et variée

Maître Coq Beyou Solitaire 2014
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Cette ultime étape va conclure cette 45ème édition de La Solitaire du Figaro de belle manière ! D’abord parce que les écarts entre les quatre premiers sont très faibles : Jérémie Beyou n’a que 15’13 d’avance sur Corentin Horeau (Bretagne-Crédit Mutuel Performance), 18’57 sur Charlie Dalin (Normandy Elite Team) et 24’02 sur Gildas Mahé (Interface Concept)… Sans compter la meute qui concède moins de trois heures et qui, sur un tel parcours avec une telle météo annoncée, peut bouleverser tous les schémas ! Car à ce stade de la course, il serait hasardeux de mettre sur la touche nombre de solitaires qui vont attaquer de toutes parts et à tous moments sur ce parcours de 490 milles très technique.

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Car ça va commencer fort : un bon flux d’Ouest à Nord Ouest de 20 nœuds et plus au passage d’un front dégénéré qui laisse derrière lui un marais barométrique… Il y aura donc du louvoyage le long des côtes vendéennes puis un sérieux ralentissement au large de Belle-Île. Et le vent ne va réellement s’installer de secteur Sud qu’en soirée lorsque la flotte va parer la pointe de Penmarc’h. Puis l’arrivée d’une dépression atlantique qui va se stabiliser au large de la pointe bretonne, va influer tout le reste du parcours. Après 150 milles où la dispersion de la flotte sur cette première tranche de parcours pourra être importante, tout le monde va converger sur l’Occidentale de Sein en pleine nuit de lundi, pour un bord tout droit vers Ouessant qui va se transformer ensuite en louvoyage pour aller chercher la bouée de Portsall, à quelques encablures de l’épave de l’Amoco Cadix… Et hop ! Une première traversée de la Manche sans option particulière puisque la brise sera normalement stabilisée au secteur Est modérée. 

Et là, les options vont une nouvelle fois fuser de toutes parts ! De la bouée Manacles dans l’Est du cap Lizard, il y aura 135 milles à tirer des bords jusqu’à l’entrée des Needles, à l’Ouest de l’île de Wight. Avec une marée haute à Plymouth mardi soir à 21h05… et une pleine mer à Portland Bill à 23h01 mercredi soir lorsque les premiers devraient s’approcher de la bouée Fairway. Après plus d’une journée de louvoyage dans une brise d’Est à volumétrie variable puisqu’une grosse molle est aussi au programme en milieu de cette troisième journée de mer ! Enfin, une dernière traversée de la Manche ne devrait pas changer grand-chose sur une hiérarchie qui risque fort d’être établie déjà depuis l’île de Wight. Soixante milles au vent de travers avec des coefficients de marée en baisse : 62 pour jeudi matin. Il n’y aura donc pas de pause sur ce parcours : avec un premier louvoyage où les petits décalages pourront se transformer en grands écarts, avec une molle belle-îloise qui pourrait encore aggraver les deltas, un contournement des îles d’Iroise avec des renverses de marée façon passage à niveau, et un très long louvoyage britannique qui va de nouveau éclater la flotte en petits clans… 

Or sachant que deux ténors n’ont qu’une idée en tête, s’imposer à Cherbourg-Octeville, et que la troupe n’a pas l’intention de suivre le leader pour enfin marquer sa Solitaire, la bataille sera mal rangée… Yann Eliès (Groupe Quéguiner-Leucémie Espoir) et Fabien Delahaye (Skipper Macif 2012) sont uniquement là pour gagner cette manche. Et Jérémie Beyou ne pourra pas contrôler trois dauphins (Horeau, Dalin,Mahé) qui vont se disperser dès le départ sur le plan d’eau.

Ils ont dit…

Jérémie Beyou (Maître Coq), leader au classement général provisoire : « Le départ de cette dernière étape risque d’être tonique avec 25 nœuds de vent. Il va falloir jouer la prudence sur le petit parcours banane pour préserver les bateaux. Ensuite, ce sera un grand bord de près toujours dans du vent musclé où il faudra gérer les courants. Ensuite, le vent devrait mollir assez rapidement et basculer au Sud-Est. Cette période de transition devra être anticipée : elle risque d’être un moment clé de la course. Je pense que ce sera rugueux, costaud et qu’il peut y avoir des écarts et des gros coups de mou… »

Yann Eliès (Groupe Quéguiner-Leucémie Espoir), vainqueur de la deuxième étape : « Ça va être un beau merdier ! Il a fallu que je m’y reprenne à trois fois pour tenter de comprendre… Cette quatrième étape va être compliquée et longue : c’est bien pour conclure cette 45ème édition. On devrait arriver jeudi après quatre jours et quatre nuits de mer, comme celle qu’on vient de finir. » 

Gwénolé Gahinet (Safran-Guy Cotten), leader provisoire au classement bizuth : « Une grosse étape encore ! Mais je suis plutôt à l’aise dans la durée. Et j’ai l’impression d’avoir bien récupéré. J’aimerais partir correctement sans oublier Sam Matson qui n’est qu’à 32 minutes derrière moi pour le classement « bizuth ». Après pour rentrer dans les dix premiers au général, il faudrait que je mette une heure et demie à Gildas Morvan et Thierry Chabagny ! Mais il y a deux pétoles sur la route et pas mal de près… »