Vers un départ au portant

Départ Deauville
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A contrario de la première étape courue dans des conditions très variables de 2 à 25 nœuds, au près comme sous spi, et de la deuxième étape essentiellement dominée par un vent de travers bâtard faible à modéré, cette troisième manche va débuter dimanche à 15h00 par du spinnaker dans un vent medium de Nord-Est à Est. Il faut donc s’attendre à un long déboulé au grand largue sous spi tribord amures, puis à un empannage du côté du chenal du Four. 

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Les 505 milles peuvent être divisés en six tranches : 40 milles jusqu’à la pointe bretonne, 30 milles pour passer par le raz de Sein, 60 milles pour parer la pointe de Penmarc’h, puis l’archipel des Glénan et le passage à l’intérieur de Belle-Île ; ensuite c’est le golfe de Gascogne avec 155 milles vers le Sud-Ouest pour contourner une bouée océanographique avant un bord de 150 milles plein Est vers la bouée BXA devant le phare de Cordouan. Le premier devrait se dérouler encore sous spinnaker, le second au vent de travers-débridé. Enfin, la remontée vers Les Sables d’Olonne imposera probablement un louvoyage le long des côtes charentaises et vendéennes. 

De fait, chaque coureur va devoir faire correspondre sa stratégie avec ses objectifs. A la mi-temps, le match n’est pas tout à fait le même pour le groupe des onze leaders qui se tiennent en moins d’une heure, pour ceux qui pointent au-delà de la vingtième place avec plus de quatre heures de retard sur le premier, pour les sept « bizuths » qui jouent aussi leur propre match avec les trois premiers en une demie heure… 

La motivation est d’abord fonction de l’ambition 
Yann Eliès (Groupe Quéguiner-Leucémie Espoir) ne vise que les victoires d’étape et peut donc se permettre tous les coups sans s’occuper de la flotte. Le leader au classement cumulé, Fabien Delahaye (Skipper Macif 2012), est talonné à 1’43 par Jérémie Beyou (Maître Coq) et à 3’18 par Alexis Loison (Groupe Fiva). Il devra forcément regarder son écran AIS pour savoir les intentions de ses poursuivants. Mais les autres prétendants au podium ne vont-ils pas aussi vouloir frapper un grand coup pour bondir au classement ? Certains vont profiter de cette étape pour sortir du bois quand d’autres vont jouer conservateur pour garder du gras sur l’ultime manche vers Cherbourg.

Bref cette troisième étape propose une multitude de scénarii dans un cadre restreint pour le premier quart du parcours plutôt côtier (jusqu’à Belle-Île) puis une ouverture pour la traversée du golfe de Gascogne où la dispersion latérale pourrait être conséquente ! Enfin les derniers 70 milles entre la Gironde et la Vendée auront décanté la flotte, mais les paquets qui vont se succéder devraient avoir de quoi batailler pour le gain de quelques minutes, voire quelques quarts d’heure…

Ils ont dit 
Fabien Delahaye (Skipper Macif 2012), 1er au classement général provisoire :
« Je n’ai pas de pression, je ne regarde pas trop le classement. J’ai un capital d’avance, c’est toujours ça de pris. Je repars à zéro sur cette étape. 11 bateaux sont encore dans le match, on peut arriver aux Sables-d’Olonne dans pas de vent. Nous ne sommes jamais à l’abri de rien sur La Solitaire. Cette troisième étape va être différente des autres. Ca va ouvrir le jeu, il y aura des allures très différentes, du large, du côtier, ça risque d’être une très belle étape ».

Alexis Loison (Groupe Fiva), 3e à 3 mn 18 s : « On est a mi course et maintenant il faut concrétiser ce qu’il s’est passé à la première mi temps. Je suis dans l’objectif que je me suis fixé au départ. Je vais tout faire pour m’y tenir, je vais naviguer de la même façon. Mon objectif, c’est de faire dans les cinq. Je suis troisième avec une victoire d’étape. Je ne veux pas tout gâcher sur la fin. C’est une arrivée à domicile, j’ai envie d’avoir le sourire. Il ne faut pas se louper, j’ai fait un break sur des concurrents, je vais le garder. »

Gildas Mahé (Interface Concept), 8e à 33 mn : « Je me suis fixé cette année de limiter les risques au maximum, de changer mon fusil d’épaule, d’attendre que les adversaires fassent des erreurs plutôt que de faire des coups. Je vais naviguer sans prendre de risques. C’est ce que j’ai fait sur les deux premières étapes, ce n’est pas ce qu’il y a de plus drôle comme façon de faire. Mais les régates passées nous ont montré que la sagesse était d’attendre que les autres fassent des erreurs à notre place. »

Corentin Douguet (Un maillot pour la vie), 12e à 1h38’53” : « Cette troisième étape, je vais la gagner parce que mon anniversaire a lieu pendant l’étape dont je vais m’offrir une victoire comme cadeau ! (rires). Je suis 12e au général, l’objectif final accessible c’est de rentrer dans le top 10 et de faire un podium sur une étape. J’ai bien accéléré entre la première et la deuxième étape, ce qui me redonne confiance. Ce sera une étape complexe, le contournement de la pointe de Bretagne est un vrai dossier. Il n’y a pas de stratégie à avoir pour moi. Je vais faire ma vie, continuer à aller vite, personne ne me regarde. Je n’ai pas une grosse pression, je suis plutôt dans le match donc je pars de Roscoff plein gaz.»

Yann Eliès (Groupe Queguiner – Leucémie Espoir), 35e à 12h16 : « Il y aura beaucoup de spi pour descendre jusqu’à la bouée Odas au milieu de golfe de Gascogne et après sans doute du vent de travers. Je n’ai pas encore regardé dans le détail, mais j’ai vu que c’était plutôt maillot de bain et crème solaire ! De toutes façons, il y aura des petits coups à faire notamment sur la partie côtière jusqu’au ras de Sein, ensuite ce sera plus large. Ce ne sera pas l’autoroute, il y aura des petites bascules à gérer. Tout se fera dans les détails. Ce qui est sûr, c’est qu’il n’y aura pas de gros écarts. »