« Je me sens plus libéré qu’au départ de la première étape à Deauville. » avouait Paul Meilhat (SMA) au moment de larguer les amarres du Barbican. De l’avis de tous les marins, une première étape est toujours stressante. Elle permet de se jauger entre concurrents, mais demande d’être conservateur plutôt que de tenter le diable et se retrouver en bas du classement alors que l’épreuve ne fait que commencer. Ce fut le cas de Yoann Richomme (Skipper Macif 2014), 29e au classement général à 2h39 du premier… Même cas d’école pour Sam Goodchild (Team Plymouth), 31e à 2h41 d’Alexis Loison. Alors sur cette deuxième étape, les skippers déçus de leur première course vont commencer à attaquer, prendre un poil plus de risques. Premier moment clé : le parcours côtier dans le Sound. « C’est toujours important à la fin d’un côtier d’être dans le groupe de tête » soulignait Corentin Douguet (Un Maillot pour la Vie) ce matin, 16e au général.
En revanche, pour le groupe de tête (seulement 16 mn entre le 1er et le 7e !), l’histoire est toute autre. Il va falloir être plus malin que son voisin, rester sur les réglages en permanence pour grappiller des dixièmes de milles et surtout rester frais pour enrouler le Fastnet en tête. Pour l’heure, pas question de contrôler les adversaires ; cette tactique, les skippers se la réservent pour la dernière étape. Dès ce soir, il s’agira plutôt de tout miser sur la vitesse du bateau et d’anticiper les courants et les variations du vent de nord à nord-est. « Je vais rester avec le paquet, marquer ma place. Et si il y a des options, j’irais mais je serais prudent. » explique Nicolas Jossier (In Extenso-Experts Comptables).
Ils ont dit
Yann Eliès (Groupe Queguiner-Leucémie Espoir) : « Hier soir, nous avons réglé un petit peu le mât parce qu’il faut savoir que tout se met un peu en place, c’est comme une chaussure en cuir, il faut que le pied rentre dedans, qu’il se fasse à sa forme, donc forcément ça prendra un petit peu de temps dans les jours à venir. J’aurais encore quelques réglages à effectuer, mais globalement ça va. Les longueurs de pataras, le hale-bas de grand-voile, on avait encore un peu de boulot. Nous avons essayé de faire toutes les configurations possibles. Globalement, c’est prêt à 90%. Maintenant, j’ai un deuxième objectif, c’est de me rapprocher du record de victoires d’étapes de Jean Le Cam (10 victoires d’étape pour Jean Le Cam, 8 pour Yann Eliès, NDLR). Je suis à deux longueurs, une victoire d’étape voire deux, ça serait génial. Comme ça, je pourrais espérer dans le futur le dépasser. »
Corentin Horeau (Bretagne – Crédit Mutuel Performance) : « J’ai fait 9e sur la première étape, j’ai 25 mn de retard sur Alexis Loison (Groupe Fiva) qui est en tête. Ce n’est pas énorme, c’est plutôt bien. Gildas Mahé (Interface Concept) est derrière moi à 10 mn. C’est serré, rien n’est joué. Les enjeux seront de ne pas perdre de temps sur les premiers et il y en a huit devant moi. Après, il y a la meute derrière moi qui n’est pas très loin non plus. Je vais essayer de faire une belle étape, comme la première, dans les dix premiers, et mieux si possible. Je vais tout faire pour bien naviguer, rester avec les leaders. Il peut y avoir des mauvais coups, des zones de calmasses. Il va falloir être opportuniste. »
Paul Meilhat (SMA) : « Elle sera différente cette deuxième étape. Parce qu’on a des portions de parcours plus grandes. Mais, on sait que ça se jouera sur les passages de marques. C’est un petit peu la même stratégie que sur la première étape, parce que c’est une course à élimination. Mon objectif, c’est plutôt de rester placé. Je me se sens plus libéré que sur la première étape. Et puis, sur le départ de France, il y a un poids, c’est plus stressant que de partir de l’étranger, ici c’est moins de pression. Avec un bon résultat, on part plus libéré aussi. Il y a déjà quelques écarts au classement. Je suis 7e au général à 16 mn du premier. Je suis très content, c’est un écart minime. »
Jérémie Beyou (Maître Coq) : « La météo, c’est un peu tout droit, mais sur la route, il y a les DST à respecter, donc ça peut occasionner des petits écarts. Il y a surtout la sortie de Plymouth qui sera difficile, car on ne part pas à la bonne heure. Là, déjà, il peut se passer des choses, ça m’inquiète un peu. Après, au Fastnet, on aura 12 à 24 heures avec quasiment pas de vent. Qui va rester collé, qui va partir avec la risée ? La situation météo est stable mais dans le détail se sera compliqué. »
Gildas Mahé (Interface Concept) : « Je vais essayer de faire en sorte que ça ne change pas ! J’ai pris 35 min quand même, ce n’est pas définitif. Il faut continuer à naviguer normalement, ce n’est pas parfait. On verra à la troisoième s’il faut regarder les concurrents. La deuixème étape, c’est mou au départ, c’est mou au Fastnet et il y a des phases de vent au reaching. Il y aura peut-être des zones de jeu aux DST, aux Scilly ; ça va ouvrir le jeu, c’est sympa ! Il faut s’appliquer pour faire une belle étape dans les 5, il faut remonter crescendo d’une étape à l’autre. »
Thierry Chabagny (Gédimat) : « On est content de repartir, on n’en est qu’au début. On est dans une étape plutôt anticyclonique, on devrait avoir du soleil, des conditions plutôt légères. Ça ne va pas empêcher qu’elle soit technique, on a des passages à la pointe de l’Angleterre, avec des DST à respecter, des routes assez tordues à trouver. On aura 24h assez douloureuses au Fastnet avec peu de vent et une conduite permanente pour faire avancer le bateau. On arrivera au cœur de l’anticyclone avec un gros coefficient et du courant. Le premier qui sortira de la zone du Fastnet et qui retouchera le vent de Nord Est en milieu de mer celtique, sera sur l’autoroute jusqu’à l’arrivée avec un vent établi et fraichissant. Il faudra aborder au mieux le Fastnet pour assurer l’étape ».