Les marins sont parfois superstitieux. Il se dit dans le Landerneau des Figaristes que le gagnant du prologue ne gagne pas La Solitaire. Jérémie Beyou n’en a que faire : « Je suis heureux de cette victoire. Ce truc superstitieux, ça m’énerve. C’est bon pour le moral de gagner le prologue ! » Dans des conditions idéales, quoiqu’un peu tordues (entre 12 et 17 nœuds de vent dans les rafales, et un courant à vous dépaler sous le vent des bouées), le double vainqueur de La Solitaire en 2005 et 2011, a su creuser l’écart avec ses tenaces adversaires en les gardant à bonne distance dès la fin du premier bord de spi.
37 Figaro Bénéteau en régate (le Normand Joan Ahrweiller sur Région Basse Normandie n’ayant pu participer pour raisons techniques), cela ressemble à un gros embouteillage au passage d’un rond point. Isabelle Joschke et Claire Pruvot se sont accrochées au passage de la première bouée au vent. Le constat est malheureux pour Isabelle : « Il y a eu un choc assez important dans le balcon arrière et dans le bordé. J’ai des dégâts qui sont conséquents. Ce n’est pas dramatique parce qu’on est à une semaine du départ et que tout se répare. »
Il reste une semaine aux 38 marins pour finir de se préparer. Une semaine pour bricoler sur le bateau, étudier la météo et se reposer avant le grand jour, le dimanche 8 juin prochain !
Ils ont dit
Jérémie Beyou (Maître Coq), vainqueur du Prologue : « Il n’y avait personne sur la ligne donc je me suis mis devant d’emblée. Je pensais que tout le monde serait un peu plus chaud ! Après, je voulais protéger la gauche, j’avais une bonne vitesse. Après, sous le vent j’enroule en tête, et je conserve mon avance. Ce truc de ne pas gagner le prologue parce que ça porte malheur, ça m’énerve, ça faisait longtemps que je voulais le dire ! C’est dévaloriser le prologue, la ville qui accueille et La Solitaire du Figaro. Ceux qui disent qu’il ne faut pas gagner le prologue si on veut gagner La Solitaire, je ne suis pas d’accord. Je suis très content de l’avoir gagné ! ».
Thierry Chabagny (Gedimat), 3ème du Prologue : « Il y a eu du courant au moment de la renverse avec 15 nœuds de vent moyens, des rafales à 16-17, c’était parfait pour une remise en jambe pour moi, parce que je n’ai pas navigué en solitaire depuis deux mois et demi. Et puis avec les petites misères que j’ai eues sur la Transat AG2R , je n’ai pas eu l’occasion de me confronter aux autres bateaux. »
Adrien Hardy (AGIR Recouvrement), 9ème du Prologue : « Les conditions étaient bien sympas. Mon objectif, c’était de faire simple, de naviguer décontracté, de ne pas trop me fatiguer. Je termine 9e donc je suis content : je ne voulais pas être trop devant, ni trop derrière, donc c’est parfait ! Un prologue, c’est l’occasion de passer tous les adversaires en revue, de se mettre dans l’objectif de La Solitaire, c’est toujours intéressant… »
Erwan Tabarly (Armor Lux – Comptoir de la Mer), 31ème du Prologue : « Je n’ai pas pris beaucoup de risques, je ne me suis pas trop mélangé à la bataille, les filles se sont cartonnées devant moi, j’ai fait ensuite une petite touchette avec un autre bateau, alors je me suis un peu écarté des autres par la suite. Ce sont mes 40 ans aujourd’hui, j’aurais le temps de les fêter, c’est sympa ! Il nous reste une semaine avant le départ, je vais en profiter. »
Alain Gautier (Generali), 32ème du Prologue : « Le prologue ne s’est pas très bien passé pour moi. Je suis plutôt bien parti, j’étais du bon côté, mais je n’ai pas fait ce que je voulais faire et ça c’est une bêtise. Quand tu commences à faire l’inverse de ce que tu veux, ça ne va pas ! Sans compter quelques manques de repères parce que je n’ai pas trop navigué sur ce bateau. Bref, ça s’est mal enchaîné… »
Isabelle Joschke (Generali – Horizon Mixité) : « En arrivant à trois- quatre longueurs de la bouée au vent, en tribord amures, donc prête à envoyer mon spi, Claire est arrivée bâbord amures en route de collision avec moi. Elle était assise à la barre et comme elle me regardait en train de manœuvrer, je ne me suis pas inquiétée du tout, j’ai pensé qu’elle était en train d’abattre pour passer derrière moi et à ma grande surprise pas du tout, elle a continué dans la direction de mon bateau et finalement elle m’est rentrée dedans. Il y a eu un choc assez important dans le balcon arrière et dans le bordé. J’ai des dégâts qui sont conséquents. Ce n’est pas dramatique parce qu’on est à une semaine du départ et que tout se répare. »
Claire Pruvot (Port de Caen Ouistreham) : « C’est en arrivant sous la marque au vent. Je suis obligée de revirer en bâbord, il y a un bon paquet de bateaux, mais il y a vraiment moyen que je repasse derrière Isabelle. A ce moment-là, le temps de transférer, j’ai mis le pilote et en voulant l’arrêter j’ai appuyé sur « auto », et ça bloque la barre pendant quelques secondes avant que je puisse la remettre sur stop. Je vois que je vais taper, je n’ai pas la main sur la barre. Il n’y a pas moyen d’éviter le truc car Isabelle ne peut rien faire. L’idée, c’est d’aller l’aider, car en plus elle n’a pas de préparateur pour les premiers jours. C’est vraiment bête comme situation, nous ne sommes déjà pas beaucoup de filles sur la course ! »
Classement du Prologue
1 MAITRE COQ BEYOU Jérémie
2 CERCLE VERT MORVAN Gildas
3 GEDIMAT CHABAGNY Thierry
4 NORMANDY ELITE TEAM DALIN Charlie
5 SMA MEILHAT Paul
6 REDSHIFT CHERRY Nicholas
7 TEAM PLYMOUTH GOODCHILD Sam
8 BRETAGNE- CREDIT MUTUEL ESPOIR SIMON Sébastien
9 AGIR RECOUVREMENT HARDY Adrien
10 GROUPE QUEGUINER LEUCEMIE ESPOIR ELIES Yann