Jusqu’au bout, le doute planait sur l’issue de cette 44ème édition de La Solitaire car même si le passage à la bouée d’Antifer permettait de comptabiliser les écarts, il y avait encore une cinquantaine de milles à parcourir dans une brise de secteur Ouest variant de 20 à 30 nœuds… Le moindre écart pouvait coûter très cher soit en casse, soit en temps pour ranger après un vrac. Et Yann Eliès (Groupe Quéguiner-Leucémie Espoir) ne voulait pas lâcher le morceau face à Adrien Hardy (Agir recouvrement) pour l’octroi d’une nouvelle victoire d’étape !
Mais c’est dans le rétroviseur surtout que le futur vainqueur de La Solitaire du Figaro 2013 regardait : depuis Fairway, la bouée mouillée à l’entrée de l’île de Wight, Yann Eliès, Xavier Macaire (Skipper Hérault) et Morgan Lagravière (Vendée) se doutaient que la place de premier était libre. Frédéric Duthil (Sepalumic) était en effet relégué à la 18ème place à plus de 25 milles de la tête de course ! Aucune chance de revenir puisque le vent n’avait pas prévu de mollir jusqu’à l’arrivée, au contraire…
Les trois coureurs calculaient donc les écarts en distance pour les transformer en temps de course et le verdict était nettement à l’avantage de Yann Eliès : Morgan Lagravière qui le devançait de trois minutes à Roscoff était déjà à 5 milles derrière au passage de Fairway et à 10 milles en enroulant la bouée d’Antifer… Au moins trois quarts d’heure de marge avant d’entamer le sprint final.
Macaire s’insère
Mais c’est aussi Xavier Macaire qui réalise un superbe coup puisqu’il termine troisième à Dieppe et monte sur la deuxième marche du podium final ! Paradoxalement un résultat un peu décevant pour le Méditerranéen puisqu’il avait, en Angleterre, fait le break avec plus d’un mille de marge sur Yann Eliès. Or il ne lui manquait que 13 minutes pour lui griller la politesse au classement cumulé…
Mais le violent choc juste avant le départ de Roscoff avec le bateau d’Amaiur Alfaro (Région Aquitaine-Ateliers de France) s’était concrétisé par une brèche dans son bordé, juste au niveau du ballast tribord. La sécurité du Figaro-Bénéteau n’était pas remise en cause, mais le réservoir fuyait tribord amures et se remplissait bâbord amures malgré le bricolage à base d’autocollants que le marin effectuait sous la pluie…
C’est particulièrement dans la descente entre Wight et Antifer que le Méditerranéen a été le plus handicapé : il laissait échapper son leadership et surtout 25 minutes car son bateau perdait de sa puissance sur ce long bord de débridé… Il était temps d’en finir à Dieppe car Morgan Lagravière n’était qu’à cinq milles de son tableau arrière : à l’arrivée, Xavier Macaire gardait 6 minutes 46 secondes de marge pour monter sur la deuxième marche du podium.