Nord ou sud ? A l’approche de Gibraltar, les premiers concurrents se sont trouvés confrontés à un choix cornélien. Alors que leurs bords les avaient amenés à naviguer près des côtes marocaines, ils avaient le choix entre tenter de forcer le courant de marée dans la partie sud du détroit ou une traversée du passage pour bénéficier de conditions plus favorables dans la partie nord. Virbac-Paprec 3, en position de contrôle, choisissait, logiquement, de s’écarter le moins possible de la route directe, imité par l’équipage de MACIF. Vincent Riou, en embuscade en troisième position, profitait du marquage entre les deux premiers pour tenter un coup. Bien leur en prenait : alors qu’au sud, les deux leaders peinaient contre le courant, PRB profitait de la renverse qui avait déjà eu lieu dans le nord du détroit pour prendre la tangente.
A bord de PRB, Vincent Riou et son équipage ont suffisamment d’expérience pour ne pas tomber dans l’euphorie, même si réussir un coup gagnant de ce type est forcément bon pour le moral. Il est en tous les cas un point sur lequel tous seront d’accord, c’est que tant que la ligne d’arrivée n’est pas franchie, tout peut arriver. Les écarts restent infimes entre les prétendants à la victoire finale. Il semble bien que le coup de Gibraltar ait fait des émules puisqu’à la sortie du détroit, c’est l’équipage de Banque Populaire qui choisissait de partir à terre pour tenter sa chance en solitaire.
Derrière, les choses sont forcément plus difficiles. Une pointe d’inquiétude règne tant à bord de Groupe Bel que de Cheminées Poujoulat. Inquiétude de voir la porte de Gibraltar leur claquer au nez et d’abandonner tout espoir de revenir dans la course. A bord d’Acciona, l’équipage espagnol a dû faire face à nombre de petits soucis de jeunesse… Mais Bubi Sansó dispose d’une machine qui a les moyens de faire ses preuves au prochain Vendée Globe et n’est pas si loin des ténors de la classe.
Ils ont dit :
Kito de Pavant (Groupe Bel) : «On est concentré, on sait que dans ces conditions, il faut rester très vigilant, d’autant que les conditions devraient favoriser ceux qui sont devant. On n’aimerait pas se faire piéger par le détroit de Gibraltar, alors on essaye d’avancer au mieux. »
Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat) : « On était bien parti, mais on a mal négocié la première nuit. Il va falloir qu’on essaye de revenir, mais actuellement c’est plutôt la prime à ceux qui sont devant. On va essayer de ne pas se faire piéger par les bulles sans vent. Là, on est bord à bord avec Groupe Bel qui est sous notre vent et qui glisse un peu plus que nous. »
Javier Sanso (Acciona) : « Je suis content d’avoir pu tester notre Acciona dans ces conditions. Comme pour chaque nouveau bateau, nous avons eu des soucis techniques, mais tout est réglé. Nous avons perdu quelques heures avec l’enrouleur du solent, que nous ne pouvions pas rouler, mais heureusement Pachi est un crack et on a trouvé la bonne solution. Hier, la trinquette s’est détachée alors que nous prenions le troisième ris dans 50 nœuds de vent. Nous faisons tous les efforts à rejoindre la flotte, mais ce n’est pas facile.»
Classement de 15h
1 PRB à 230,7 milles de l’arrivée
2 Virbac-Paprec 3 à 2,9 milles
3 MACIF à 4,6 milles
4 Banque Populaire à 19,5 milles
5 Cheminées Poujoulat à 53,5 milles
6 Groupe Bel à 53,7 milles
7 Acciona à 70,1 milles