Depuis le départ, il y a un mois au large de Ouessant, le temps intermédiaire entre le cap Leeuwin et la sortie du Pacifique est le rare à ne pas tomber dans l’escarcelle de Loïck Peyron et ses équipiers, l’équipage d’Orange II et Bruno Peyron en restant les détenteurs avec 8 jours 18 heures et 8 minutes, soit 1 jour 20 heures 59 minutes et 15 secondes de mieux.
Attaquer, le mot est lâché et de retour au sein d’un champ lexical que les glaces et la dépression dans un premier temps, puis la dorsale et l’absence de vent dans un second, avaient appauvri de toute notion de performance. Mais à bord, on sait toutefois qu’il reste un océan avant le graal et nul ne penserait à mettre de côté l’essentielle gestion de la machine. Leur rôle à tous est de regarder le chronomètre mais aussi et surtout de continuer à préserver la machine comme ils l’ont si bien fait jusqu’à présent. Avec des vents bien installés et enregistrés jusqu’à 40 nœuds la nuit dernière, les éléments se sont chargés de leur rappeler les faits. Autre mise en garde, la présence de glaces dans une zone relativement proche qui aura obligé la cellule de routage à faire un choix, optant pour le crochet par le large dans un schéma plus maniable mais une mer froide favorisant justement cette présence inopportune, plutôt qu’une confrontation avec le gros d’un phénomène dépressionnaire.
D’ici à demain, c’est encore à la limite avec le Pacifique que flirteront les marins du Maxi Banque Populaire V en poursuivant une route à l’Est, vers la Géorgie du Sud, attendant le moment opportun pour empanner. Derrière, sonnera enfin l’heure de la délivrance des mers du Sud, du retour en Atlantique et de la route du Nord, vers l’Equateur : " Le vent va mollir toute la journée d’aujourd’hui et se renforcer demain, au Nord Ouest d’une dépression centrée sur la Géorgie du Sud. Une fois qu’on aura empanné, on va pouvoir faire du Nord et retrouver de la chaleur. Ce risque d’être la remontée à l’Equateur la plus rapide que j’ai jamais faite. A priori ce sera dans des temps meilleurs que celui de Franck Cammas et son équipage, et que le record absolu détenu par Bruno, mon grand frère ".
Un scénario a priori encourageant pour les jours à venir, que Marcel van Triest, routeur à terre détaillait ce midi : " Ils vont avoir une mer relativement musclée et vont devoir faire ce crochet par la Géorgie du Sud. Demain matin, ils vont empanner et remonter plein Nord. Ce sera la journée des grands changements. Pour l’instant, ils devraient être très rapides jusqu’au large de l’Uruguay. Ensuite, il y a aura une transition au large du Brésil. Ils devraient arriver à l’Equateur entre sept et huit jours, ce qui est un temps très correct. Au final, il n’est pas impossible de s’approcher des 45 jours…"
Avance à 16h00 : 552,1 milles par rapport au temps de référence