Au contact à des vitesses de l’ordre de 30 nœuds depuis le départ de Ouessant il y a vingt-six jours, les 13 navigants du Maxi Banque Populaire et son skipper Loïck Peyron, ont subi ces dernières 72h une coupe sombre dans le tableau des performances du trimaran géant. Ainsi, la mise à distance nécessaire d’un champ de glaces négocié a contraint les marins à se débattre avec une longue zone de pétole faisant dangereusement chuter les moyennes.
Ainsi, il y a quelques heures, le retour du vent a été pris avec un sens évident de la modération à bord de Banque Populaire V, les derniers milles dans le Pacifique menaçant de traîner en longueur. En effet, l’équipage doit encore composer avec une nouvelle zone minée par les glaces imposant une trajectoire plus longue d’une centaine de milles et de près d’une journée vers la porte de l’Atlantique. Le face à face avec les icebergs pourrait bien ne pas être le seul de ce Trophée Jules Verne, tant les alertes sont nombreuses.
Joint à la vacation, Loïck Peyron raconte : « On est encore au milieu de beaucoup d’icebergs 27 nœuds de vent, grand voile à deux ris toute seule, deux on vient de se détourner plein sud pour éviter deux éco-radars sans les voir donc deux grosses bébêtes de glaces et sans doute leurs bébés aux alentours. On essaye de passer à plus de 5-6 milles à une dizaine de kilomètres de l’éco en question on attend que le jour arrive pour ré-accélérer afin de sortir définitivement de cette zone mais cela ne va pas être simple. C’est assez angoissant car le moindre morceau de glace non repérable au radar peut casser une deux ou trois coques. Les garçons qui dorment le font les pieds en avant car il vaut mieux se fracasser les chevilles que la nuque en cas de choc. On avance à une quinzaine de nœuds le plus doucement possible en direction de la sortie de cette zone très dangereuse. Dès que le jour va arriver, tout va s’arranger beaucoup mieux car en plus de cela nous sommes contre le vent avec une mer abominable. C’est un Pacifique qui ne l’est pas du tout. La fin du bastringue c’est en ligne droite dans 1200 milles encore, les dernières glaces prévues sont à 1200 milles, le machin fait 2800 milles de large, on va faire du nord délibérément, du moins de l’est et sortir de la zone de ce qui a été repéré. Mais les mauvaises surprises c’est qu’il y en a encore plus que prévu et que ces petits machins ça bouge et ça dérive. La nuit c’est vraiment dangereux. Voilà la punition du moment.»
Après avoir délaissé pour un temps la préoccupation du chronomètre et les trois jours d’avance affichés sur le temps de référence, les 14 navigateurs ne sont animés à cette heure que par un seul objectif : trouver la porte de sortie du monde des dépressions et des glaces et parvenir jusqu’au Cap Horn.
Si l’allure du grand bateau bleu a diminué avec une progression à une vitesse moyenne de 17 nœuds contre 30 il y a 10 jours, il possède toujours 960 milles d’avance sur le temps de référence. " Cette histoire d’avance, c’est le phénomène de l’élastique dans ces records. Ce qui compte, c’est l’avantage à l’arrivée. Entre les deux, il peut se passer plein de choses ".
Avance à 16h00 : 960 milles par rapport au temps de référence