Sanya en tête avec une option risquée

A bord de Team Sanya
DR

Hier, deux options radicales ont été prises par Sanya dans le nord et par Groupama dans le sud. Les deux équipages ont des raisons d’y croire ce dimanche.  Sanya opte pour une route le long des côtes malgaches en essayant d’éviter un cyclone tropical qui se développe au sud-est. Un pari énorme, qui pour le moment semble bien lui réussir. Jules Salter sur Azzam estime que cette option est très risquée, car le VOR70 pourrait se trouver au près dans des vents forts, mais par contre, si cela marche pour Sanya, le bateau chinois va se trouver avec une avance de plus de 200 milles par la suite.

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Pour le moment en tout cas, il est difficile de juger les avantages des uns et des autres. La position au sud de Groupama continue de le défavoriser dans ce classement virtuel, tandis que le bateau le plus au nord se voit récompensé. Il va falloir patienter encore pour voir la situation réelle. Déjà en quelques heures, Groupama est passé de la deuxième place à la cinquième place avec une « perte » de 45 milles par rapport au leader, simplement à cause de leur cap différent.

Au terme de sept jours de mer, la flotte n’a parcouru que 1 700 milles depuis le départ du Cap et certains bateaux naviguent très proches les uns des autres. Team Sanya a vu la coque noire d’Abu Dhabi à un mille de son tableau arrière. “C’était comme si nous avons doublé la marque d’un parcours banane avec quelques minutes d’avance,” disait le skipper Mike Sanderson.

Un nouveau départ
Si Puma, Camper et Telefonica mettent désormais le cap au nord, Abu Dhabi continue de progresser vers l’est. Ce petit groupe semble être sorti à son tour du thalweg, qui le bloquait depuis quelques jours. C’est donc un nouveau départ que nous sommes en train de vivre dans cette deuxième étape de la Volvo Ocean Race.

La difficulté pour l’équipage de Sanya va être de passer au travers d’une dépression tropicale en mouvement orbital sous la grande île africaine : quelle va être exactement sa trajectoire ? En ce dimanche après-midi, elle se creuse et s’active avec une vaste masse nuageuse et des vents qui vont dépasser les quarante nœuds lundi matin. Est-ce que le voilier chinois sera au cœur du plus fort du coup de vent d’Est ou aura-t-il eu le temps de traverser pour se retrouver vers le centre de ce minimum barométrique où la brise sera plus maniable ? L’équipage va de toutes façons être sacrément secoué ces prochaines heures.

La situation est bien différente pour Groupama 4 sorti le premier du front, mais qui doit désormais grappiller du terrain vers le Nord pour ne pas s’engluer dans les hautes pressions qui s’installent devant son étrave. Franck Cammas et ses hommes vont virer de bord pour remonter vers La Réunion et surtout chercher à croiser devant le groupe central qui est aussi sorti du front ce dimanche matin. Le gain sera alors sensible, car au fur et à mesure que le voilier français va gagner dans le Nord, le vent va tourner favorablement au secteur Est en se renforçant.

Tout le monde devrait converger vers le même point pour passer le tropique du Capricorne afin de rester dans un flux régulier de secteur Est jusqu’à entrer dans la zone furtive définie par l’organisation de la Volvo Ocean Race. Mais alors la flotte sera approximativement alignée pour un long bord obligatoire vers le Pot au Noir équatorial. Mêmes conditions de vent régulier et de mer modérée de travers, les six VO-70 iront quasiment à la même vitesse : c’est donc le décalage qui va se construire dans les prochaines heures qui déterminera la hiérarchie, peut-être même jusqu’à la ligne d’arrivée !

Ils ont dit

Yann Riou (Groupama) : « Hier, après le passage du front, on s’est retrouvé dans une sorte de no man’s land, zone étrange avec plusieurs trains de houle qui se rejoignaient pour former des espèces de vagues pyramidales, infranchissables sans avoir la sensation de fracasser le bateau. Des chocs violents, et c’est rien de le dire. On se demande comment ça tient. Aujourd’hui au programme, petit temps, soleil, nettoyage, séchage, et sans doute un brin de toilette. Côté course, on commence à reprendre des couleurs au classement, mais ça, on s’y attendait. Jusqu’où ça ira et dans quelle mesure, on ne sait pas encore ».

Will Oxley (Camper) : « Finalement, après plusieurs jours très douloureux, nous sommes passés de l’autre côté de ce front qui nous a piégés de sa main de fer. On n’a pas tellement forcé le passage, c’est plutôt le front qui s’est affaibli de lui-même après avoir assez joué avec nous. Il y a un sentiment de soulagement maintenant qu’on navigue dans du vent de nord. Pour le moment, notre position a l’air bonne vis à vis de nos concurrents les plus proches. »

Classement de 14h

1 Sanya
2 Camper à 117 milles
3 Puma à 118 milles
4 Telefonica à 119 milles
5 Groupama à 131 milles
6 Abu Dhabi à 163 milles