ETA à Dieppe vers 13h

Agir Recouvrement
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Du vent portant d’Ouest faible : voilà ce que les solitaires ont dû négocier depuis leur passage du raz Blanchard mardi après-midi. Et pour éviter de pousser le courant de marée descendante, toute la flotte (sauf un) a choisi de prendre le large pour s’écarter de la pointe de Barfleur où le jusant était le plus fort en début de nuit. En effet, seul Arnaud Godard-Philippe (Senoble), très en retard au passage de la pointe de La Hague, a longé les côtes du Cotentin pour ne pas se faire emporter par la marée : il n’avait pas trop le choix au vu de son décalage, et il concédait donc plus de trente milles en fin de nuit…

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Pour ce dernier « rush » qui a des allures de pas de sénateur, la flotte est très groupée en termes de distance au but, Dieppe n’étant plus qu’à une cinquantaine de milles : l’arrivée ne devrait donc pas se faire avant le début d’après-midi car les conditions météorologiques sur l’eau n’annoncent pas de renforcement sensible du vent. Le flux d’Ouest ne dépasse pas huit nœuds et reste assez stable en direction depuis la tombée de la nuit. C’est donc plus un positionnement par rapport à ses concurrents pour certains (en particulier pour les leaders au classement général) ou par rapport à l’approche de la terre pour d’autres, qui déclenche les empannages. Sur une mer plate et après que le crachin se soit enfin dissipé, les skippers ont parfois pu prendre un peu de repos en prévision d’un final assez tendu ce mercredi matin : les écarts à Dieppe risquent fort d’être infimes pour plus de la moitié de la flotte !

Dans ce nuage de traces qui marquent les trajectoires depuis Barfleur, deux clans se sont formés, tous deux naviguant au-dessus de la route directe vers Dieppe. Plus au Nord, le leader Paul Meilhat (Macif 2011) emmène trois des prétendants au podium de cette 42ème Solitaire du Figaro : Erwan Tabarly (Nacarat), Fabien Delahaye (Port de Caen-Ouistreham) et Jérémie Beyou (BPI) ne se lâchent pas d’une étrave ! Ils savent qu’il n’y a plus de réelle opportunité de faire le trou et préfèrent assurer un classement correct sur cette étape qui ne pourra pas jouer sur la hiérarchie finale. Ce groupe de quatre est accroché par Laurent Gouezigoux (Valorisons) qui tire bénéfice de son option de mardi lorsqu’il est passé au Nord de l’île de Guernesey.

Plus au Sud, Eric Péron (Macif 2009), Adrien Hardy (Agir Recouvrement), Nicolas Jossier (Entreprendre en pays Granvillais), Frédéric Rivet (Vendée 1) et les bizuths Morgan Lagravière (Vendée) et Alexis Littoz-Baritel (Savoir Mont-Blanc). Dans cette brise faible et stable, il est extrêmement difficile de prendre parti pour l’une ou l’autre des options et il est fort probable que les solitaires passent du temps devant leur écran pour visualiser grâce à l’AIS le timing des empannages. A ce stade de la course, ils sont encore une vingtaine à pouvoir prétendre à une place sur le podium de cette ultime manche !

Ce qui semble acquis, c’est que Jérémie Beyou est assuré de la victoire au classement général devant Fabien Delahaye puisqu’ils naviguent à vue, plutôt en tête de la flotte. En revanche, Nicolas Lunven (Generali) est en ballotage tout comme Thomas Rouxel (Bretagne Crédit Mutuel Performance) pour la troisième marche du podium final : si Erwan Tabarly arrive une demi-heure avant eux, il peut prétendre à cette place d’honneur. Et le challenge concerne aussi nombre de coureurs pour le classement final : Jean-Pierre Nicol (Bernard Controls) est en difficulté en 38ème position, Thierry Chabagny (Gedimat) est en passe de devancer Laurent Pellecuer (Atelier d’architecture Jean Pierre Monier), tandis que Morgan Lagravière (Vendée) confirme son statut de meilleur bizuth de cette Solitaire du Figaro.

Ils ont dit

Jérémie Beyou (BPI) : « A 50 milles de l’arrivée, j’ai mon dauphin 50 mètres sous mon vent… J’aimerais dire que ça sent bon, mais au vu des conditions actuelles, ce n’est pas fait : il peut se passer des trucs. On attend une rotation vers le Sud-Ouest, et vu la force du vent et les masses nuageuses dans le ciel, chacun choisit son camp : la flotte est éclatée dans tous les sens. C’est pourquoi je reste avec Fabien et Erwan… J’espère que le vent va se lever un moment ou un autre ! S’il y a douze nœuds de vent, ça change tout : c’est plus facile de contrôler. »

Fabien Delahaye (Port de Caen-Ouistreham) : « Je suis toujours avec les mêmes : Jérémie, Erwan et Paul ! Le vent ne veut pas tenir : il y a moins de sept nœuds actuellement, ce qui rend difficile de trouver la bonne vitesse. Et la bonne trajectoire. Il faut être à la barre pour sans cesse relancer… Il y a pas mal d’incertitudes sur la brise à venir : ça peut être long. »

Paul Meilhat (Macif 2011) : « Depuis le passage du cap de La Hague, on est sous spinnaker dans pas beaucoup de vent, et ça a molli ces dernières heures. J’ai réussi à creuser un peu d’avance sur mon groupe, mais il y a certains gars plus au Sud que je ne peux pas contrôler. La situation est un peu plus favorable pour ceux qui sont devant, mais je ne sais pas ce qui va se passer par-dessous. Il faut empanner à chaque bascule dans 5 à 10 nœuds de vent. »

Laurent Gouezigoux (Valorisons) : « Ce n’est pas simple ! Les conditions actuelles sont difficiles pour une fin d’étape avec 6 à 8 nœuds de brise, et vent arrière c’est compliqué. Le coup tactique d’hier a bien porté ses fruits : j’avais entendu une météo d’un sémaphore qui annonçait une bulle orageuse dépressionnaire sur la route : j’ai pris la décision de la contourner par le Nord. Maintenant, ce finish est assez tendu et ce n’est pas facile de rester au contact de Jérémie and compagnie. Il faut quelques nœuds de vent de plus pour que les choses se simplifient… J’essaye avant tout de m’accrocher aux bateaux qui vont bien ! »

Erwan Tabarly (Nacarat) : « Sous spinnaker avec 5 à 8 nœuds, il faut tirer des bords en jouant sur les empannages. Il y a beaucoup de choses à faire à bord ! Il faut choisir son camp et c’est donc assez incertain jusqu’à Dieppe. J’ai dormi un peu mais je sens que je suis fatigué : il faudra rester lucide pour ce final. Les écarts se font et se défont assez rapidement selon les bords : il ne faut pas se tromper. »

Classement de 9h
1 HARDY Adrien AGIR Recouvrement à 33.80 nm
2 PERON Eric MACIF 2009 à 0.80 nm
3 RIVET Frédéric VENDEE 1 à1 mille
4 JOSSIER Nicolas Entreprendre en Pays Granvillais à 1.30 nm
5 MEILHAT Paul MACIF 2011 à 1.50 nm
6 BEYOU Jérémie BPI à 1.70 nm
7 DELAHAYE Fabien PORT DE CAEN OUISTREHAM à 1.70 nm
8 TABARLY Erwan NACARAT à 1.80 nm
9 GOUEZIGOUX Laurent VALORISONS à 2.20 nm
10 MORVAN Gildas CERCLE VERT à 2.50 nm