Départ dans des conditions très instables

Départ Dun Laoghaire
DR

Ce matin sur les pontons de Dún Laoghaire, la fatigue marquait les visages un peu plus que d’habitude. Emmitouflé dans son costume de leader, Jérémie Beyou (BPI) portait son masque du stress ; plus détendu, Nicolas Lunven (Generali) avait enfilé ses chaussettes rouges porte-bonheur; Romain Attanasio (Savéol) s’inquiétait d’avoir oublié le pain ; Paul Meilhat (Macif 2011) arborait son sourire de toujours ; Morgan Lagravière (Vendée), en tongs et chaussettes, jouait le jeu devant les caméras ; les dernières infos météo circulaient de bord en bord et tout le monde s’accordait pour dire « méfiance » devant la simplicité théorique de cette 3ème étape de 477 milles à destination des Sables d’Olonne.

- Publicité -

A midi pétantes, les 46 solitaires d’élançaient pour un parcours côtier de 8 milles devant Dún Laoghaire, dans un léger flux d’Ouest-Sud Ouest et une mer plate. Mais très vite, les conditions de navigation se compliquent. Un premier passage de grain donne l’alarme : les rafales montent à plus de 20 nœuds et la pluie s’abat sur la flottille avant que le vent ne bascule dans tous les sens. Fabien Delahaye (Port de Caen Ouistreham), Vincent Biarnes (Prati’Bûches) et Jeanne Grégoire (Banque Populaire) prennent les devants après 30 minutes de louvoyage. Ils vont passer toutes les bouées en tête, laissant la meute s’expliquer avec un vent totalement imprévisible, des grains musclés succédant à des zones sans air. La flotte s’éparpille alors en baie de Dublin, qui sous génois, qui sous spi, certains partant au tas dans les surventes quand d’autres se retrouvent scotchés plus près de terre.

Course de vitesse et de placements pendant 180 milles
A 13h55, le tiercé Delahaye/Biarnes/Grégoire passe la marque Radio France au niveau du phare de Muglin, plusieurs dizaines de minutes devant le dernier Jean-Pierre Nicol (Bernard Controls) qui, comble de malchance, explose son grand spi dans une claque. Mais quelques instants plus tard, alors que l’armada filait au reaching sous génois et s’étalait sur plus de 3 milles entre la côte et le large, la hiérarchie changeait du tout au tout. « Mieux vaut en rire » philosophait Jeanne Grégoire (Banque Populaire) à la vacation de l’après-midi, alors qu’elle se faisait doubler de toutes parts. Au classement de 16 heures, à la latitude de la charmante pointe de Wicklow, le groupe de concurrents qui évolue près des terres est à l’honneur.

Francisco Lobato (Roff) mène le bal devant Gildas Morvan (Cercle Vert), Jérémie Beyou (BPI), Marc Emig (Ensemble Autour du Monde) et Etienne Svilarich (Volkswagen Think Blue). A l’opposé, Adrien Hardy (Agir Recouvrement) et quelques autres tentent leur chance plus au large. Le champ d’éoliennes qui se trouve sur la trajectoire des marins va encore accentuer cette « séparation de trafic ». Jusqu’à la prochaine marque de parcours de Wolf Rock (pointe de la Cornouaille), soit pendant les 180 prochains milles, tout le monde va évoluer sur un seul bord (tribord) et les écarts vont se jouer sur de « simples » placements.

Ils ont dit :
Fabien Delahaye (Port de Caen Ouistreham) : « Départ pas simple mais la suite n’est pas simple non plus : en regardant les positions tu sais à peu près ce que ça donne… C’est comme un nouveau départ, à l’irlandaise cette fois ! On a pris le départ dans du petit temps, du courant, c’était intéressant avec des grains à passer : c’était sympa à régater mais maintenant tout est à refaire parce que je ne suis plus en tête et loin de là ! J’espère que ça va s’établir un peu mieux dans les heures qui viennent et que ça va arrêter de faire le yoyo avec du vent qui rentre fort, des molles, parce qu’on est dans le dévent du relief. Il faut prendre ce qu’il y a à prendre, essayer de se placer, de faire avancer le bateau, le temps qu’on s’éloigne des côtes irlandaises. »

Jeanne Grégoire (Banque Populaire) : « C’est rigolo ! Pour une fois je pars bien mais maintenant je suis presque dernière ! C’est un joyeux bordel mais il faut s’en amuser…Quand j’étais sous spi au niveau de la bouée Radio France, j’ai croisé Isa (Isabelle Joschke -Galettes Saint Michel-ndr) et je lui ai dit : t’inquiète pas, tu vas jouer le classement CLS ! J’avais 2-3 milles d’avance sur elle et là elle vient de me passer à fond la caisse, ça donne une petite idée de l’ambiance… Là on a 25 nœuds, alors que tout à l’heure il y en avait 2 ! »

Yannig Livory (One Network Energies) : « Sur le bord de près après le départ, j’ai perdu la clavette de safran donc je n’étais plus manœuvrant, le safran est devenu libre et je me suis retrouvé à la ramasse. Ça y est, c’est réparé mais j’ai perdu la pièce dans le bateau donc il a fallu un peu de temps pour la retrouver, sortir le marteau, les outils pour réparer tout ça. C’est vrai que pour l’instant c’est plaisant d’être devant mais on verra par la suite, la hiérarchie va s’établir cette nuit, les gars vont très vite ! »

Classement de 16h

1 LOBATO Francisco ROFF à 460,20 milles de l’arrivée
2 MORVAN Gildas CERCLE VERT à 0,60 milles
3 BEYOU Jérémie BPI à 0.7 mille
4 EMIG Marc ENSEMBLE AUTOUR DU MONDE à 0,8 mille
5 SVILARICH Etienne Volkswagen Think Blue à 0,8 mille
6 LUNVEN Nicolas GENERALI à 0,9 mille
7 GIROLET Matthieu ENTREPRENDRE à 0,9 mille
8 PICAULT Sébastien KICKERS à 0,9 mille
9 CHABAGNY Thierry GEDIMAT à 0,9 mille
10 ATTANASIO Romain SAVEOL à 1 mille