Le vent souffle comme prévu à 20 nœuds lorsque la flotte s’élance à 11 heures pour le premier bord de près, en direction d’une marque mouillée au pied du cap Leucate. Un paquet de cinq Figaro Bénéteau menés par Pietro d’Ali (Nanni Diesel) prend visiblement le meilleur départ, tandis qu’en second rideau les choses paraissent légèrement hésitantes. D’Ali, Kito de Pavant (Groupe Bel), Gildas Morvan (Cercle Vert) et Jean-Paul Mouren (Marseille Entreprises) s’élancent au vent de la flotte, mais le quatuor ne tarde pas à se muer en trio, Jean-Paul virant pour se détacher du groupe. Au près, les Figaro progressent vite dans le flux de nord ouest soutenu, flux qui se renforce à mesure que la flotte s’approche du cap Leucate… Le clapot en profite naturellement pour hausser le ton également, on s’achemine vers un passage de bouée au vent plutôt musclé ! Premier à la marque, Pietro d’Ali touche la bouée et répare immédiatement par un 360°, laissant le champ libre au géant vert. Fred Duthil (Brossard), Erwan Tabarly (Thalès) et Kito de Pavant (Groupe Bel) suivent de près, tandis qu’Oliver Krauss (Espoir Crédit Agricole) se lance à leur poursuite. Derrière, les passages de marque sont plus ou moins heureux, les premiers bords sous spi également. La flotte descend vite vers la seconde bouée, face au Canet en Roussillon… où une absence de vent agrémentée d’une pluie fine contraste radicalement avec les conditions du haut du parcours !
Haute tension
Résultat, l’effet tampon joue à plein et l’étau se resserre sur les leaders. Mais les écarts de vitesse assez importants entre les concurrents ne tardent pas à étaler de nouveau les 22 Figaro : à quelques milles de l’arrivée, au terme de la remontée le long des côtes du Languedoc-Roussillon en Septimanie, les premiers distancent sensiblement une flotte maintenant très étirée. Aux commandes, Pietro d’Ali devance un Gildas Morvan qui peu à peu gagne du terrain! Le final promet d’être tendu, car le géant vert n’est qu’à environ 4 longueurs du tableau arrière de son adversaire. La ligne est en vue, mais il reste une cardinale à laisser à bâbord, avant de se mettre au près serré. Un contre-bord sera nécessaire, reste à savoir quand déclencher le virement. Gildas, en embuscade, est le premier à envoyer tribord amures (« Attaquer, c’était la seule chose que je pouvais faire », expliquera-t-il) – la réaction du leader est immédiate, la guerre des virements peut commencer. Graduellement, le skipper de Cercle Vert reprend du terrain en raison d’une fluidité de manœuvres supérieure. Les duettistes sont au corps à corps, la température grimpe en flèche à l’approche de la ligne et les organismes doivent avoir largement dépassé les 37,2° réglementaires ! Malgré les efforts de Gildas Morvan, Pietro d’Ali conserve une avance suffisante pour signer sa première victoire sur l’épreuve, pour une poignée de secondes ! Notons que Pietro est le premier skipper étranger à remporter une victoire sur le circuit Figaro Méditerranéen, et ceci en 16 ans d’existence. Du grand spectacle, et un final qui décidément confirme le niveau relevé de cette Generali Solo 2005 – c’est en effet la seconde arrivée d’étape où tout se joue dans les ultimes longueurs… En troisième position, Erwan Tabarly pointe à plus d’une minute des leaders. Ce soir, Cercle Vert s’offre la première place au classement général, devant Jérémie Beyou (Delta Dore) et Erwan Tabarly.