Au moins vingt prétendants à une place sur le podium

Flotte au départ de Caen
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Ceux qui ont plus de trois heures de retard au classement cumulé des deux premières étapes ont en effet très peu de chance de remonter parmi les dix premiers, c’est à dire à partir du 32ème. Mais pour ceux qui ont plus de deux heures de retard soit dès le 23ème, il est encore envisageable d’intégrer le « top ten » si l’une des deux prochaines étapes laisse une opportunité de tenter un bon coup tactique (ce qui semble fort probable !). Entre une heure et deux heures de retard, soit du 8ème au 22ème, tout est encore possible pour une place dans les cinq premiers au classement général, voire même sur le podium. Car n’oublions pas que La Solitaire du Figaro est une course par élimination en temps et qu’aucun marin n’est à l’abri d’un mauvais coup de chance, d’une avarie ou d’une option tactique ratée.

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Toute la difficulté de cette course en solitaire réside dans le maintien de la régularité au fil des manches, or pour l’instant le classement des deux premières étapes s’est essentiellement construit dans les cinq dernières heures de course ! Alors en haut de tableau, Jérémie Beyou (BPI) marque un avantage important non seulement par sa victoire à Dún Laoghaire, mais surtout par sa présence constante aux avant-postes depuis Perros-Guirec. Il en est de même pour Nicolas Lunven (Generali) 2ème et pour Fabien Delahaye (Port de Caen-Ouistreham) 3ème. De son côté, Thomas Rouxel (Bretagne Crédit Mutuel Performance) a confirmé qu’il est un animateur très présent en tête de flotte tout comme Laurent Pellecuer (Atelier d’architecture JP Monier) et Erwan Tabarly (Nacarat). Quant à Jean-Pierre Nicol (Bernard Controls), sa deuxième étape (13ème à 50’) lui fait perdre beaucoup de temps mais il a démontré qu’il reste extrêmement motivé et capable de revenir, voire même d’initier une option.

Toujours dans le match même si elle concède une petite heure, Jeanne Grégoire (Banque Populaire) est parfaitement dans le tempo de la régularité, tout comme Paul Meilhat (Macif 2011), Romain Attanasio (Savéol) ou Anthony Marchand (Bretagne Crédit Mutuel Espoir). Et ceux qui n’ont pas totalement concrétisé par manque de chance, problème technique ou petit coup tactique inefficace, sont aussi à surveiller à l’image de Gildas Morvan (Cercle Vert), Eric Drouglazet (Luisina), Thierry Chabagny (Gedimat), Adrien Hardy (Agir Recouvrement) ou Frédéric Duthil (Sepalumic)…

Tenir dans le temps
Or la victoire tient aussi à la capacité à rebondir, à effacer les mauvais moments, les instants de doute, pour passer en mode initiative, attaque, décalage. A Dún Laoghaire, l’analyse montre qu’il ne faut pas trop s’écarter de la meute : les calmes de Barfleur avaient relancé la première étape pour ceux qui avaient « joué » avant le passage de la bouée Fairway, mais l’option de Thomas Ruyant (Destination Dunkerque) lors du passage du raz Blanchard lui a coûté très cher lors de la deuxième étape, tandis que Sam Goodchild (Artemis) après Guernesey revenait bien dans le match en virant le premier mais replongeait au classement quand il quittait le peloton sous le cap Lizard… Tout comme pour ceux qui ont louvoyé au passage de Land’s End afin de se recaler dans l’Est ou pour ceux qui ont glissé vers l’Ouest pour essayer de sortir plus rapidement de la dorsale. Au final, tout le monde (ou presque) s’est retrouvé sur la même ligne et les écarts se sont réellement construits quand le vent de Sud-Ouest s’est installé.

La différence entre les « briscards » et les « novices » semble bien résider là : rester dans le pack est l’assurance d’un classement correct (toutefois insuffisant pour « scorer »), mais il faut « frapper » au bon moment comme a su le faire Jérémie Beyou (BPI) à l’entrée du canal Saint-Georges, pour grimper sur le podium… Avec une prochaine et troisième étape assez complexe côté météorologie, il y a du grain à moudre pour tous : une entrée en matière modérément ventée de secteur Ouest, une traversée de la Manche dans un vent mollissant, puis une grande zone de calme au large de la pointe de la Bretagne !
Trois bizuths en 15 minutes

Le cercle des débutants a « perdu » un de ses membres en cours de route : David Sineau (Britanie Cosmétiques) a abandonné pendant la 2e étape après avoir talonné au large de Cherbourg. Ils ne sont donc plus que neuf à se battre dans cette catégorie. Après deux étapes, on distingue nettement trois groupes de trois coureurs. Il y a d’abord les hommes de tête avec trois bateaux en 15 minutes. Morgan Lagravière (Vendée), grâce à sa très belle 6e place en Irlande, a pris le commandement. Il est suivi à 9 minutes et 12 secondes d’un Xavier Macaire (Starter Active Bridge) brillant dans la première manche mais moins en forme sur la deuxième. Derrière, à un minuscule quart d’heure, le Britannique Phil Sharp (The Spirit of Independence) est probablement le plus régulier des trois. Il faut s’attendre à une sacrée bagarre au sein de ce trio pour la victoire finale chez les bizuths. Mais les poursuivants n’ont pas dit leur dernier mot. Notamment au sein d’un deuxième groupe constitué dans l’ordre de Charlie Dalin (Keopsys), Thomas Ruyant (Destination Dunkerque) et Conrad Humphreys (DMS). Ces trois marins ont plus d’une heure de débours sur Morgan Lagravière, mais avec encore deux manches à courir, une belle performance est toujours à leur portée. Derrière, alors qu’on dépasse la barre des 4 heures de retard, il faudrait un gros coup de Trafalgar pour qu’Alexis Littoz-Baritel (Savoie Mont-Blanc), Sam Goodchild (Artemis) ou Sébastien Picault (Kickers) remettent en cause la hiérarchie actuelle. Ces trois coureurs peuvent néanmoins viser l’étincelle sur les deux courses restantes et jouer les trouble-fêtes chez les leaders.