L’arrivée des marins en mer Celtique a mis fin à deux jours de louvoyage acrobatique. Ce matin, à 7h13, après une nuit de tactique sous les côtes anglaises, Jérémie Beyou (BPI) franchissait en tête la ligne virtuelle située entre la pointe de la Cornouaille et les Scilly pour remporter le Grand Prix GMF Assistance devant Erwan Tabarly (Nacarat) et Nicolas Lunven (Generali). Au même moment, le gros de la flotte, toujours groupée, se positionnait pour la suite d’un programme météorologique relativement incertain. Une dépression devant succéder à une dorsale, toute la question était de savoir si un épisode pétoleux aurait lieu avant l’établissement d’un vent d’ouest puis de sud-ouest, se renforçant progressivement.
Fallait-il jouer à court terme sur la dorsale ou regarder plus loin vers la bascule du vent à gauche ? Cet après-midi vers 15 heures, aucune panne de vent à l’horizon. Mieux, les marins qui avaient tous viré de bord progressaient à 6 nœuds de moyenne et commençaient à choquer doucement les écoutes sous un grand soleil. Cette petite période transitoire va sonner la fin de la lutte contre les éléments et laisser place à une longue partie de glisse. Et les premiers à défroisser leur spinnaker pour filer pleine balle en Mer d’Irlande prendront un petit ascendant sur leurs camarades.
S’agira-t-il des hommes de l’Est soit Alexis Loison (en tête au classement de 16 heures), Jean-Charles Monnet (Parie 15e) ou encore le bizuth Xavier Macaire (Starter Active Bridge) ? Ou du groupe occidental composé de Jérémie Beyou (BPI) 2e, Erwan Tabarly (Nacarat), 3e, Nicolas Lunven (Generali), 5e ; voire des plus radicaux partisans du large comme Jean-Pierre Nicol (Bernard Controls) ou Thierry Chabagny (Gédimat) ? A l’heure actuelle, les 30 premiers Figaro Bénéteau se tiennent en 4 milles, un écart qui ne représente de 2% du chemin qu’il reste à parcourir !
Depuis le départ de Caen il y a deux jours, les occasions de se reposer ont été bien maigres. Le soulagement de s’échapper sous spi va vite céder le pas à l’éreintement. Pour faire la différence dans les dernières longueurs, il faudra être le plus rapide au portant. Autrement dit, ne pas lâcher la barre. Le tout dans un contexte qui devrait se dégrader avec un renforcement du vent de sud-ouest et beaucoup humidité. Ces paramètres vont faire les affaires des gros bras du circuit Figaro ou des plus affamés. Les premiers sont attendus mercredi aux alentours de midi…
La liste des bobos s’allonge
Petit à petit, la liste des avaries communiquée à la Direction de Course s’allonge : problèmes de ballast pour Sébastien Picault (Kickers) et Nicolas Lunven (Generali); aérien (girouette) cassé pour Alexis Littoz (Savoie Mont Blanc), souci d’alternateur pour Sam Goodchild (Artemis) ; ordinateur de bord cassé et safran abîmé pour Frédéric Duthil (Sepalumic), latte cassée et problème de pilote pour Fabien Delahaye (Port de Caen Ouistreham)…
Ils ont dit
Frédéric Duthil (Sepalumic) : « Tout va dépendre de la bascule : si elle est franche et uniforme sur toute la zone, ce sera pas mal mon option ! Mais si ça arrive progressivement par l’Ouest, ce sera plus compliqué… Pour l’instant, les coups que j’ai faits avec Gildas Morvan n’ont pas abouti. La mer est encore assez formée, le vent est instable et le bateau tape : il faut être aux réglages. Cela change d’hier : ça fait un petit moment de répit et c’est bien venu… »
Jérémie Beyou (BPI) : « Cet après-midi, on est arrivé dans un vent mollissant qui tournait vers la droite (vers le Nord) : à chaque fois qu’on voulait virer sur la droite, le vent tournait dans le même sens, alors j’ai continué en bâbord amure vers l’Ouest. On reste ensemble avec Erwan Tabarly… C’est bien parti, toujours au près en attendant le passage de la dorsale dont les conditions météo restent quand même un peu aléatoires. L’objectif que je me suis fixé, c’est d’essayer d’être le plus Nord-Ouest de la flotte pour anticiper le nouveau vent. »
Nicolas Lunven (Generali) : « Depuis le départ de Caen, j’étais un peu discret mais cette nuit quand on a touché les côtes anglaises, j’ai fait un petit coup en anticipant une première bascule qui m’a permis de recoller aux premiers. Et ce matin, un deuxième coup qui m’a carrément remis dans le sillage de Beyou et Tabarly. Entre le cap Lizard et Land’s End, ma pompe de ballast a grillé et je me suis retrouvé au fond du bateau à bricoler pour trouver une solution : j’ai fait un tout droit sous pilote quand la flotte s’est décalée un peu sous le vent et au final, je me suis retrouvé avec un peu plus de pression… Maintenant, il fait beau et le vent s’est calmé, mais jusqu’à l’arrivée, je vais devoir pomper à la main ! »
Classement de 16h
1 LOISON Alexis Port Chantereyne Cherbourg-Octeville à 166,80 milles de l’arrivée
2 BEYOU Jérémie BPI à 0,00 mille
3 TABARLY Erwan NACARAT à 0,20 mille
4 MONNET Jean-Charles PARIS 15 – Château Peyrat Fourthon à 0,40 mille
5 LUNVEN Nicolas GENERALI à 0,50 mille
6 ROUXEL Thomas BRETAGNE-CREDIT MUTUEL PERFORMANCE à 1,10 mille
7 PELLECUER Laurent ATELIER D’ARCHITECTURE JEAN PIERRE MONIER à 1,30 mille
8 DROUGLAZET Eric LUISINA à 1,40 mille
9 MACAIRE Xavier STARTER ACTIVE BRIDGE à 1,40 mille
10 HARDY Adrien AGIR Recouvrement à 1,40 mille