Une étape qui risque de traîner en longueur

Prologue Solitaire du Figaro
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Léger changement du parcours prévu initialement : la cardinale « Roche Gautier », dans le Nord-Est de Perros-Guirec a finalement été supprimée, mais la suite de l’itinéraire reste inchangée. Au total, la longueur du parcours est de 320 milles. Les projections donnent les premières arrivées devant Caen mercredi 3 août vers midi. Cette première étape, la plus courte des quatre de cette 42ème édition de La Solitaire du Figaro, sera peut-être paradoxalement, la plus longue en mer !

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C’est donc une étape de « montagne » qui se prépare avec un premier « tri » au passage de la première marque de parcours : même si la bouée « Radio France » n’est qu’à un jet de lance-pierre de la ligne de départ (1,5 milles), il va falloir s’extirper tout de suite de la flotte pour longer la plage de Perros-Guirec en profitant d’un souffle d’air très faible, face à un courant de marée conséquent puisqu’au plus fort du jusant. Ceux qui réussiront à enrouler la marque en premier bénéficieront immédiatement d’un « bonus » puisqu’ils seront alors poussés par la marée, facilitant leur sortie entre la pointe de Ploumanac’h et les Sept-Îles. Il faudra toutefois composer avec une brise peu établie de secteur Sud afin de gagner le large.

La traversée de la Manche ne sera pas une sinécure dans une brise variable tournant progressivement à l’Ouest mais avec des bulles sans vent. Le deuxième « col » à franchir sera la pointe de Start Point après avoir viré la bouée mouillée devant Plymouth. Selon l’heure d’atterrissage, il faudra ou non mouiller puisque les coefficients de marée atteindront 101 lundi ! Regroupement général ou a contrario, échappées sont au programme, mais la difficulté sera aussi de choisir son camp entre bord au large des rivages britanniques ou zigzags dans les baies pour profiter des brises thermiques en s’abritant du courant. Le troisième « passage à niveau » se situe une soixantaine de milles plus loin, à Portland Bill : cette pointe est bien connue des navigateurs qui participent à la Fastnet Race puisque nombre d’entre eux ont mouillé plusieurs heures en attendant la renverse de courant, un courant qui atteindra plus de trois nœuds lundi soir…

Enfin, la bouée de « Fairway » n’est pas non plus facile à contourner puisqu’elle se situe à l’entrée du chenal des Needles qui donne sur Cowes : là encore, ce sont plus de trois nœuds de courant qui peuvent faire buter la flotte… Il pourrait donc y avoir des écarts importants suivis de compressions au passage de chacun de ces points névralgiques, et les temps forts auront lieu au lever du jour lundi et en milieu de nuit suivante. La descente vers la Normandie s’avère ensuite moins complexe avec une brise qui devrait s’établir plus régulièrement. Il faut donc imaginer tous les scénarios sur cette première étape qui, quels que soient les résultats, marquera les corps et les esprits puisque trois nuits sont programmées pour seulement 320 milles de course !

Ils ont dit

Gildas Morvan (Cercle Vert) : « Potentiellement cette étape est dangereuse, elle peut faire des écarts importants. Il faudra déjà s’extirper de Perros-Guirec. Surtout, après la traversée de Manche, tout le parcours côtier en Angleterre – toujours avec beaucoup de courant – peut donner lieu à des phénomènes de passage à niveau. A chaque pointe, à chaque phare ou presque, il faudra être malin. Donc oui, il y a de grandes chances qu’il y ait des écarts déjà importants à l’arrivée à Caen. »

Paul Meilhat (Skipper Macif 2011) : « Nous n’aurons pas de vent au départ, sauf s’il y a un peu de brise thermique. Ensuite un flux faible de secteur Sud Ouest devrait arriver par l’Ouest et nous aider à traverser la Manche. Mais nous serons également sous l’influence de deux autres systèmes météo : un anticyclone qui nous apporte ce beau soleil depuis quelques jours et une dépression orageuse située sur l’Espagne. Nous sommes donc en bordure de ces trois systèmes, d’où ces conditions évolutives… Le plus compliqué sera le passage le long des côtes anglaises. C’est là que le courant sera le plus présent et où il faudra affiner sa stratégie en fonction du timing de nos passages au large des pointes. »

Frédéric Rivet ( Vendée 1) : « C’est une vrai belle étape de Figaro : longue, fatigante, dure physiquement et surtout nerveusement. Il y aura des passages à niveau, des écarts qui pourront se creuser aussi rapidement qu’ils pourront se combler, des rebondissements et sûrement beaucoup d’incertitude jusqu’au passage de la ligne d’arrivée à Caen. Comme d’habitude, la Solitaire ne se gagnera pas là mais en revanche elle pourra s’y perdre… »