2ème étape, à 50 milles dans le nord de Sao Jorge

Groupe Picoty
DR

C’est aujourd’hui que l’on va pouvoir mesurer la force de caractère des tandems engagés sur cette étape retour. Ceux qui auront les nerfs suffisamment solides pour faire abstraction du classement, rester concentrés sur la marche du bateau, faire confiance dans leur choix. Positionnés les plus au nord de la flotte, Jörg Riechers et Etienne David comptent rééditer le coup de l’édition 2009 quand les deux vainqueurs de la course, Karine Fauconnier et Giovanni Soldini avaient même fait route au nord-ouest pour aller chercher les régimes de vents puissants, les emmenant aux allures portantes vers les Sables d’Olonne. Dans l’est de la flotte, Yannick Bestaven et Christophe Bouvet cherchent avant tout à s’extirper des calmes qui entourent le centre de l’anticyclone, quitte à retarder le moment où ils accrocheront les vents d’ouest. Dans un premier temps, leur route devrait leur permettre d’occuper les avant-postes du classement, car ils progressent plus vite sur la route directe. Mais ils devront veiller à avoir suffisamment de milles d’avance quand les hommes du nord embarqueront dans l’express vers le golfe de Gascogne.

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Une étape tout en contraste

A ce petit jeu de chat et de souris, la guerre psychologique peut vite battre son plein. Ceux qui s’estiment titrés d’affaire auront beau jeu de jouer les victimes en clamant qu’ils ne sont sûrs de rien… A contrario, un équipage englué dans des calmes persistants veillera à témoigner d’un optimisme péremptoire. A priori, il va bien falloir encore près de vingt-quatre heures avant que l’on ne sache lesquels des hommes de l’est ou du nord ont misé sur la bonne option. Une seule chose est certaine : une fois le choix fait, il faudra l’assumer jusqu’au bout et, pour ceux qui auront joué le mauvais cheval, ne pas ruminer les regrets et cravacher jusqu’à l’arrivée. Même si une grosse partie de la course risque de se jouer dans le nord des Açores, l’arrivée sur les Sables d’Olonne peut encore réserver des surprises. Au vu des derniers fichiers météo, c’est un coup de vent qui devrait cueillir les navigateurs à la hauteur du cap Finisterre. Il va falloir gérer les risques de casse, les pannes d’électronique, les départs au tapis quand le bateau, surchargé de toile, se couche dans une vague plus abrupte que les autres.

Réparations express

Pour plusieurs concurrents, l’escale s’est révélée studieuse entre vérification des vérins de pilote, réparation de quelques fuites d’étanchéité, électronique à remplacer, girouettes à réinstaller en tête de mât. Ce qui n’empêche pas parfois des interventions de dernière minute. L’équipage d’Aquarelle.com s’est ainsi fait peur en étant contraint de rentrer au port d’Horta quelques dizaines de minutes avant le départ pour pallier une défaillance de l’interface entre pilote et centrale de navigation. D’autres se sont déjà plongés dans les entrailles de leur bateau dès la première nuit de mer, tel Lionel Régnier (Wanted Partner) aux prises avec une panne de vérin de pilote. Certains ont pris la chose avec une certaine philosophie tels les Anglais de Spliff qui, plutôt que de se mettre en pétard à vouloir à tout prix réparer leur girouette, ont choisi de s’en passer. Ce qui ne les empêchait pas de naviguer depuis ce matin dans le trio de tête. La navigation à l’ancienne a parfois du bon…

Ils ont dit :

Stéphane Le Diraison (Bureau Veritas): « Pas toujours facile de se remettre en mode course ! Résultat un départ calamiteux en prenant les effets de site à l’envers. Heureusement on a commencé à mieux naviguer à la tombée de la nuit. Le clair de lune éclairait d’une lumière sublime l’archipel, tandis que les dauphins, toujours attirés par notre speedomètre à ultrasons, foisonnaient autour du bateau. A l’approche de Graciosa, on s’est décalés dans l’est avec Aquarelle.com mais on a jugé leur bord vers Sao Jorge trop dangereux. On a viré et on s’est abreuvés d’effets de site au vent de l’ile ! Maintenant c’est la pétole, annoncée et redoutée. Un vrai casse tête…»

Jean-Edouard Criquioche (Groupe Picoty): « La nuit a été laborieuse mais d’une beauté rare. Réglages incessants sous une pleine lune curieuse de voir autant de jouets s’exciter à faire s’allonger leur sillage… Mer aux reflets sombres et argentés, cette lune et le volcan Pico en toile de fond. Bien que le classement ne veuille pas dire grand chose ce matin, on apprécie notre deuxième place. Le plus important actuellement c’est notre placement par rapport à l’axe de la dorsale anticyclonique. Et à ce petit jeu, mon ami Jörg (que je surnomme en secret " S-1" en rapport à notre arrivée serrée de la première étape) semble le mieux placé. Une grande partie de la course va se jouer aujourd’hui dans ces airs vaporeux… Il n’y a plus de vent et il faut tout de même trouver le moyen d’avancer. Chaque dixième de noeud, chaque mètre gagné vaudra de l’or ce soir au moment de toucher le vent. »

Classement du 14 juillet à 16h
1 Groupe Picoty (J Fournier – JE Criquioche) à 1 191.04 milles de l’arrivée
2 Aquarelle.com (Y Bestaven – C Bouvet) à 1 192.11 milles
3 Grassi Bateaux (O Grassi – JB Glin) à 1 192.50 milles
4 Bureau Véritas (S Le Diraison – V Barnaud) à 1193,33 milles
5 Spliff (A. Dawson – J. Mc Coll) à 1195,66 milles
6 Techneau (A Daval – B Daval) à 1196,77 milles
7 Velevent (S Alran – J. Pulvé) à 1196,96 milles
8 Matetmat.com (M Galland – M Prochasson) à 1197,99 milles
9 L’Express Sapmer (D Lazat – F Nouel) à 1198,58 milles
10 Hip Eco Blue (A Fantini – S Merolla) à 1200,36 milles
11 Mare.de2 (J Riechers – E David) à 1201,73 milles
12 Wanted Partner (L Régnier – D. Van Weynbergh) à 1201,97 milles