Une fois n’est pas coutume, c’est un ciel gris et bas qui attendait la flotte de la WOW Cap Istanbul, pour un prologue d’une dizaine de milles le long des côtes de la presqu’île de Giens. Il a fallu toute l’autorité du comité de course pour libérer la flotte sous pavillon noir après plusieurs rappels généraux. A ce petit jeu, c’est Eric Péron (Macif) qui prenait le meilleur départ devant Nicolas Lunven et Gildas Morvan suivi comme son ombre par Eric Drouglazet. Tous ces concurrents, partis du côté bâbord de la ligne, bénéficiaient d’une veine de vent qui leur permettaient de creuser rapidement l’écart sur le reste de la flotte. Pour monter à la bouée de dégagement, il fallait jouer à fond l’option gauche du plan d’eau sans barguigner. C’est ainsi qu’on retrouvait à la première marque Gildas Morvan à la lutte avec Nicolas Lunven, suivi de près par Eric Drouglazet et François Gabart (Skipper Macif 2010).
Au fur et à mesure des variations du vent qui, visiblement, peinait à s’établir franchement, les leaders se voyaient, par moments, rattrapés par leurs poursuivants, pour ensuite creuser un écart qu’on aurait pu croire irrémédiable avant qu’à nouveau Eole ne s’amuse à redistribuer les cartes. Néanmoins, la prime aux premiers jouait son office et un groupe de sept finissait par se détacher du peloton. Aux quatre premiers, à savoir Gildas Morvan, Nicolas Lunven, Eric Drouglazet et François Gabart, se joignaient Eric Péron qui montrait de belles capacités de vitesse, ainsi que Ronan Treussart (Lufthansa) et Erwan Tabarly (Nacarat).
Derrière, les classements connaissaient des bouleversements à répétition, au gré des passages de bouées où tel concurrent subissait d’un coup les dévents d’adversaires, où tel autre profitait d’une bataille devant son étrave pour se décaler et prendre la poudre d’escampette. C’est ainsi qu’on a vu un Sébastien Josse (Vendée) fort mal parti, puisque dernier à la bouée au vent, faire appel à tout son sens tactique et son expérience pour remonter plus de la moitié de la flotte. De même que Selim Kakis (Türk Telekom), pour son premier contact avec la crème du monotype, était tout heureux de laisser dans son tableau arrière une bonne dizaine de concurrents.
Ils ont dit :
Nicolas Lunven: « Ça ne s’est pas joué à grand-chose avec Gildas Morvan. Le vent commençait à tourner, j’ai réussi à garder le spinnaker un peu plus longtemps que lui. Pour moi, le fait de gagner le prologue ne me met aucune pression, au contraire. Maintenant, il faut savoir relativiser : quand on fait avant-dernier du prologue, on se dit que ce n’est pas grave, mais quand on gagne c’est quand même l’indice que l’on est bien dans la course.»
Gildas Morvan, deuxième du Trophée Hyères – Toulon Provence Méditerranée :
« On ne peut pas dire qu’on a eu des conditions désagréables. Un temps presque breton avec 8 à 10 nouds de vent, c’était une bonne mise en route. Tout s’est bien passé, mis à part un envoi de spi un peu scabreux. Mais Nico Lunven gagne à la régulière, il n’y rien à dire. Pour tout avouer, ça m’arrange plutôt : on dit dans le milieu que ce n’est jamais bon signe de gagner le prologue. J’ai beau ne pas être spécialement superstitieux, autant mettre tous les atouts de mon côté… »