De la Haute Normandie aux Asturies, il y a 515 milles et peut-être autant de chausse-trapes. Les premières minutes de course ont donné un aperçu de la difficulté de ce début de parcours joué dans les petits airs et les courants havrais. Deux concurrents, Louis-Maurice Tannyères (St.Ericsson) et le Portugais Francisco Lobato (ROFF/Tempo Team) sont rappelés à l’ordre pour leur départ prématuré devant le cap de la Hève tandis qu’une poignée de fins limiers prend un avantage immédiat dans les premières longueurs vers la bouée de dégagement Seamobile.
Peron le plus prompt
C’est Eric Peron (Skipper Macif 2009) qui réussit le mieux son entrée en scène dans la baie de Seine. Parti en bout de ligne sur la gauche du plan d’eau, il va mener le bal en compagnie d’un petit groupe composé de Frédéric Duthil (Bbox Bouygues Telecom), Adrien Hardy (Agir Recouvrement), Laurent Pellecuer (Arnolfini.fr), le bizuth Damien Guillou (La Solidarité Mutualiste), Laurent Gouezigoux (Trier c’est préserver), Fabien Delahaye (Port de Caen Ouistreham), Marc Emig (Marcemigetmoi.com), Jean-Pierre Nicol (Bernard Controls) et Alexis Loison (All Mer Ineo GDF Suez). Après 47 minutes de course poussive dans un vent de nord-ouest qui va osciller entre 4 et 9 nœuds, ce top 10 enroule dans l’ordre la bouée Radio France. Dans la lumière laiteuse et les quelques gouttes de ce début d’après-midi, la flotte, étalée sur un mille, est enfin libérée. Cap vers le crépuscule et Barfleur, premier point redouté de cette remontée en Manche.
« Tout pour faire un pataquès au mois d’août »
« Je ne suis jamais rassuré quand j’entends les routeurs dire que ça va être très simple. J’ai assez d’expérience pour vous dire que ça va être au contraire très compliqué. C’est une étape de 500 milles avec tout ce qu’il faut pour faire un gros pataquès du mois d’aout » lançait Eric Drouglazet ce matin au moment de quitter les quais du Havre. Le skipper de Luisina, vainqueur de l’édition 2001 et partant pour la 18e fois, n’est pas le seul à prédire des heures alambiquées et sans sommeil au moins jusqu’au passage des îles anglo-normandes demain à la mi-journée…
Ils ont dit …. ce matin sur les pontons :
Frédéric Duthil (Bbox Bouygues Telecom) : « des conditions favorables pour moi »
« J’ai passé une bonne dernière nuit avant ce départ d’étape qui ne sera pas si simple que ça par rapport à ce qu’il y a d’écrit sur le papier. Tout le problème sera de savoir quel bord tirer jusqu’à Barfleur et faire très attention aux algues. Les conditions sont quand même hyper favorables pour moi physiquement (Fred s’est cassé le coude droit il y a quelques semaines et est toujours en phase de récupération, ndr) car les conditions seront relativement clémentes. Ca va peut-être me sauver la mise sur le fait de pouvoir terminer l’étape sans trop de mal. Je vais tout mettre en œuvre pour me préserver, être là à Gijón et essayer de récupérer au maximum pour la deuxième étape. »
Damien Guillou, bizuth (La Solidarité Mutualiste) : « J’ai réussi à débrancher »
« J’ai même mieux dormi que la nuit avant le prologue. Je n’ai pas pensé à la course, j’ai réussi à débrancher le cerveau hier soir en m’endormant ! Donc, ça va, je suis en forme. La première étape est un peu compliquée quand même. On sait qu’il va falloir faire gaffe à la toute première partie qui est très importante. Mais ça va, je me sens bien, je ne suis pas si stressé que ça. On va partir avec peu de vent pour aller chercher la pointe de Cherbourg puis le raz Blanchard. Il y a des passages à niveau, donc il faut vraiment essayer d’être devant le paquet tout de suite. Il ne faut pas faire d’erreur, ne pas prendre de risque, dès le début. Il ne faut pas passer avec du retard au raz Blanchard. Il faudra être dessus car c’est une zone dangereuse avec beaucoup de courant. En fait, il faudra être dessus au moins jusqu’à Guernesey. »
Jeanne Grégoire (Banque Populaire) : « conditions de rêve »
« Je regrette déjà mon petit lit douillet. En me levant, je me suis dit : hum, j’en ai pour au moins trois jours et je ne risque pas de redormir avant demain matin ! Je me dis qu’il faudra faire des pauses mais ne pas paniquer si je ne fais pas de sieste avant la sortie des anglo-normandes. Ce sera ça la logique…En tout cas, ce sont des conditions de rêve pour cette première étape ».
Isabelle Joschke (Synergie) : « Vers une nuit difficile »
« Il y a un peu de stress et surtout beaucoup de concentration. Avant de quitter le quai, il faut analyser rapidement les informations météo reçues ce matin. Le début d’étape s’annonce délicat, cela va demander pas mal de perspicacité et une fois en mer je bataillerai avec les autres, concentrée sur ma vitesse, et il faudra déjà savoir ce que je veux faire en terme de stratégie. Nous allons partir avec un vent d’Ouest-Nord Ouest pas très fort, de quoi tirer des bords dans la Baie de Seine. Nous arriverons à contre-courant pour le passage de Barfleur, puis nous franchirons cette nuit le raz Blanchard avant d’arriver au petit matin dans les îles anglo-normandes. Une nuit difficile donc, où il sera quasiment impossible de dormir car on naviguera dans des endroits dangereux, à raser les cailloux. Il faut me souhaiter bonne chance parce qu’il y a toujours une part de réussite. Je vais faire le travail mais quand les éléments sont avec vous, c’est plus facile. »
Départ de la première étape de La Solitaire du Figaro
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