Hier (vendredi) soir, au beau milieu du golfe de Gascogne, c’est comme si un nouveau départ avait été donné et que les 52 figaristes s’étaient positionnés, chacun dans son camp, sur une immense ligne pour aborder le front attendu.
Celui-ci est arrivé à l’heure et a emmené son lot de vent et d’humidité. Au près, dans un flux de sud-ouest de 20 nœuds et une mer très agitée, cette deuxième nuit de navigation a été sportive et humide. Ambiance combinaison sèche sous les averses abondantes…
Mais au grand large du cap Ortegal, les solitaires vont bientôt voir leurs efforts soulagés. La bascule du vent au nord-ouest, synonyme de glisse vers l’Espagne intervient au moment où nous écrivons ces lignes… Les modestes vitesses affichées au pointage de 4h30 (entre 4 et 6 nœuds) vont prendre de la vigueur dans les heures qui viennent et l’armada va d’abord filer bon train vers les côtes Espagnoles pour une arrivée prévue ce soir.
Mais dans quel ordre ? Là est toute la question.
Pour l’heure, tout sourit au petit groupe de valeureux sudistes emmené par Yann Eliès (Generali). Dans son sillage, en moins de 4 milles, ses dauphins Nicolas Lunven (CGPI), Laurent Pellecuer (Arnolfini.fr), Erwan Tabarly (Athema), Nicolas Bérenger (Koné Elevators), Eric Drouglazet (Luisina), Armel Tripon (Gedimat) et Michel Desjoyeaux (Foncia) sont tout sauf des enfants de chœur.
Ce top 9, minoritaire dans son choix stratégique, pourrait bien remporter la mise, à condition de toucher le nouveau vent de nord-ouest en même temps que leurs adversaires de l’ouest (Douguet, Veniard) et surtout du centre (Le Cléac’h, Morvan, Duthil, Caudrelier Benac, Treussart, Troussel etc…). Ces derniers, plus décalés au large, ont fait un pari en rallongeant leur route vers La Corogne. Ils ne connaîtront de salut qu’à condition, cette fois, d’avoir une longueur d’avance sur leurs rivaux pour bénéficier du nouveau vent.
Tout l’intérêt de ces 15 dernières heures de course réside dans cette bagarre à distance (36 milles d’écart latéral séparent Gérald Véniard de Yann Eliès), reflet de différentes philosophies de route. Mais il y a une autre possibilité très vraisemblable : que tous les chemins mènent à La Corogne ! S’il y aura bien un vainqueur dans cette première étape, les écarts en temps pourraient être dérisoires entre les 20 premiers concurrents.
Ils ont dit :
Nicolas Bérenger (Koné Elevators), 5e au pointage de 4h30, à 2,7 milles du leader :
« Ce matin est un peu humide et frais. J’ai enfilé ma combinaison sèche, mon gilet de sauvetage et j’ai ma balise de détresse en poche. J’ai fais mon changement de voiles comme tout figariste appliqué à cette heure-ci : j’attends que le front passe ! Il y a une mer de face, avec un mètre de creux environ. Le vent est retombé à moins de 20 nœud, mais on a eu jusqu’à 25 nœuds cette nuit.»
Aymeric Belloir (Cap 56), 34e au pointage de 4h30, à 13,6 milles des leaders :
« C’est humide ! J’ai eu l’impression que toute l’eau du ciel me tombait sur la tête. Ca vient de s’arrêter y’a 5 minutes, donc je me suis déchargé un peu. Je barre sans trop de repère car j’ai perdu mon aérien donc je n’ai plus d’indication de vent. Dans cette première étape, mon départ n’était pas terrible, on essaye de négocier le front au mieux mais ce n’est pas évident… heureusement, mes cirés sont bien étanches ! »