11h, Top départ de la Solitaire : quelles forces en présence ?

Kito De Pavant - Groupe Bel
DR

Les grands favoris.-
On sait depuis Brassens que les trompettes de la renommée sont souvent bien mal embouchées. Tant pis pour Kito de Pavant (Groupe Bel) et l’Italien Pietro D’Ali (Nanni Diesel), grandissimes favoris naturels puisqu’à eux deux ils ont tout gagné ou presque cette saison : la Transat AG2R ensemble et la Solo Méditerranée (de Pavant 1er – D’Ali 2e). Le seul à avoir pu leur arracher quelques lauriers est le Breton Erwan Tabarly, vainqueur d’une Cannes-Istanbul que Kito de Pavant a fini… deuxième. « Si je vais gagner ? Cela dépendra si Pietro est devant ou derrière moi !», plaisante Kito, à qui Cherbourg-Octeville donne des idées : c’est ici qu’il a décroché sa victoire dans l’épreuve, en 2002. « Je suis plus serein que l’an passé, je suis là pour gagner », répond sans détour le skipper de Nanni Diesel, premier bizuth, vainqueur d’étape et longtemps leader du général en 2005. Erwan Tabarly (Iceberg Finance), ne dit pas autre chose, à l’orée de sa 7e participation : « J’ai déjà fait trois fois deuxième et deux fois troisième d’étapes, 5e du général… Le moment de concrétiser est peut-être venu pour moi, mais on est une dizaine à pouvoir espérer le podium. »
Il y a comme de l’écho chez les ténors. Ils sont au moins huit autres, contraints de partager le même rêve. A commencer par ceux qui, comme Kito de Pavant, ont déjà posé une fois le trophée sur la poutre de la cheminée : Charles Caudrelier (Bostik) en 2004, Armel Le Cléac’h (Brit Air) en 2003 et Eric Drouglazet (PIXmania.com) en 2001. Aucun n’est venu pour faire joli. Et que dire d’un Yann Elies (Groupe Generali Assurances), recordman du Tour du Monde, échappant à la victoire d’un rien en 2004, et qui a largement les moyens d’imiter le père Patrick, vainqueur en 1979. Yann veut sortir de la série sur la note maximale avant d’aller voguer sur un plus grand bateau, vers le Vendée Globe. Il sera difficile à battre. Mais ce sera le cas aussi de l’assidu Gildas Morvan (Cercle Vert), vainqueur à Bilbao l’an dernier, de Laurent Pellecuer (Cliptol Sport) épatant en Irlande, de Nicolas Troussel (Financo), affûté à bloc.
On en oublie ? Sans doute. L’outsider-bizuth Gildas Mahé (Le Comptoir Immobilier) – grand connaisseur du milieu – a sa petite idée. Originale, mais pas si idiote :  « regardez du côté de Thierry Chabagny (Littoral). Il a trouvé son budget au dernier moment, il est discret, presque personne ne le cite. Mais moi je sais qu’il est extrêmement fort sur l’eau. Il le prouve à chaque fois. Il est dans une configuration idéale pour faire un grand truc. » Dont acte. Si l’on compte bien, cela fait onze prétendants pour la gloire. Aux dernières nouvelles, le podium ne compte toujours que trois marches.
 
Les outsiders
Ils rêvent de coups d’éclat. D’un podium ou victoire d’étape, voire mieux. D’une place dans le listing d’honneur des 10 à 15 premiers. « Dans l’idéal de mettre le bazar dans la hiérarchie », comme dit le bizuth Corentin Douguet (E. Leclerc-Bouygues Telecom), vainqueur et recordman de la Transat 6.50 cet automne. Voici les dents longues de Fred Duthil (Brossard), deuxième à La Rochelle l’an passé. Celles pas plus courtes d’Oliver Krauss (Axa Plaisance), sur le podium de Port Bourgenay avec Desjoyeaux et Beyou en 2005. Voici les filles aussi ! Jeanne Grégoire (Banque Populaire) et sa 3e place à la Transat AG2R en compagnie d’un autre client, Gérald Véniard (Scutum). Attention encore à sa copine Sam Davies (Roxy), qui connaît mieux que personne les rives de son Angleterre natale où on ira faire joujou dès demain. Honneur aussi à Liz Wardley, l’Australienne de poche qui est la seule à pouvoir se vanter d’avoir gagné Sydney-Hobart et ne le fait pas. Marc Emig (A.ST Groupe), Christophe Lebas (Armor Lux), Nicolas Bérenger (Koné Ascenseurs), Armel Tripon (Gedimat) et grosso modo la moitié des bizuths, à commencer par Gildas Mahé, Robert Nagy (Theolia) et Christopher Pratt (Espoir Crédit Agricole) ne sont pas du genre à faire des courbettes respectueuses pour laisser place sans combattre aux glorieux ténors. Eux non plus ne lâcheront pas le moindre mètre. Eux aussi ont programmé leur préparation au millimètre pour être à 200% demain matin.
Quant au double vainqueur de la Transat Jacques Vabre Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec), sa victoire dans le Prologue Afflelou d’hier a répondu d’éclatante manière à ceux qui pensent que le grand blond du Vendée Globe manque d’expérience sur ce si exigeant support qu’est le Figaro Bénéteau II. Et si un bizuth gagnait la Solitaire ? Seuls Gilles le Baud en 1973 et l’homme-dauphin Laurent Bourgnon en 1988 ont réalisé cet impensable exploit. Mais le mot impossible n’a jamais figuré dans le petit lexique du Figariste. Jean-Paul Mouren (M@rseillentreprises) le sait mieux que quiconque : il fêtera demain l’entrée dans sa vingtième Solitaire ! Respect.
Voilà. On en est à plus de la moitié de la flotte. Pardon pour les autres. Eux aussi s’apprêtent à bouffer de l’écoute et à ferrailler des safrans pour écrire l’histoire de cette 37e Solitaire. Eux aussi auront mérité leurs noms sur les tablettes de la légende

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