RIO DE JANEIRO – A Rio les jeux Olympiques de Billy Besson et Marie Riou, favoris pour le titre avant le coup d’envoi des Jeux olympiques, ont connu un épilogue en dos mineur. Trop diminué par une hernie discale, Besson n’a pu atteindre l’objectif fixé il y a 4 ans. Une fin d’aventure douloureuse, probablement synonyme de divorce sportif pour l’unique équipage mixte des séries olympiques.
“Le sentiment, c’est déjà d’être allé au bout de cette épreuve, on a tout donné“. Marie Riou, encore marquée par l’effort mais impassible, comme à son habitude, en a fini en ce mardi après-midi avec les Jeux de Rio et probablement avec l’aventure olympique. A 34 ans, elle a participé à ses deuxièmes Jeux après ceux de Londres qu’elle avait disputés en match-race, avec une 6e place à la clef, avec Claire Leroy et Elodie Bertrand.
Billy Besson qui a encore pris sur lui pour venir faire le métier, à la rencontre des caméras et des micros, est lui au bord des larmes. La douleur, sans doute, à cause de cette hernie discale qui lui lance “comme des coups de couteau dans le dos” depuis qu’il s’est blessé à moins se trois semaines des Jeux, lors d’un ultime entraînement à Quiberon et qui l’empêche de marcher. Mais aussi le trop plein d’émotion, d’arriver au bout d’une aventure de 4 ans avec Marie Riou, et de tout ce qui l’attend, d’abord un rapatriement vers Paris, direction l’hôpital de la Salpétrière et puis la naissance d’un enfant “dans quelques jours”.
“Ca va être difficile pour lui dans les prochains jours, explique leur coach Franck Citeau. Mais il y a aussi un bébé qui arrive et ça, ça va peut-être lui permettre de se reconstruire. Il faut qu’il digère mais Bibi (Billy), il a encore de très belles années devant lui“.
Imaginait-il d’autres Jeux ? “En effet, en effet“, rétorque Besson, qui ne veut pas en dire plus sur ce que représentaient ces Jeux dans son imaginaire. Des années de travail, des centaines de jours loin de la maison. A partager les bonheurs, les doutes, les galères mais surtout ces quatre titres de champions du monde consécutifs, qui faisaient du binôme le grandissime favori en Nacra avant les Jeux. Non seulement Besson impressionne depuis 4 ans mais il avait retrouvé le multicoque, un univers dans lequel il baigne depuis son plus jeune âge.
Et puis “la sortie de piste, qui peut arriver à tout le monde“, raconte Franck Citeau. Lors du stage final à Quiberon, lors d’un entraînement comme tant d’autres, le catamaran, enfourne et Besson morfle. Verdict: une hernie discale que le staff de l’équipe de France cherche d’abord à minimiser en expliquant qu’il ne s’agit que d’un problème musculaire.
A quelques jours des premières courses de Nacra à Rio, le directeur de l’équipe de France, Guillaume Chiellino veut éteindre l’incendie qui s’est allumé. Il n’y a aura pas de forfait de Billy, assure-t-il. “Il participera même s’il n’est pas à 100%“. Même si leur supériorité est insolente depuis des années, comment Billy et Marie peuvent-ils cependant faire bonne figure, alors que Billy peut à peine marcher et que c’est en chaise roulante que le staff tricolore l’emmène chaque matin sur la Marina de Gloria ?
Pendant que le Tahitien s’allonge sur une couverture, Marie prépare elle le bateau.
Leurs débuts dans la baie de Guanabara confirment les craintes. Les deux premières manches, dans des vents qui n’arrêtent pas de basculer ressemblent à une loterie. Jamais depuis 3 ans qu’ils arpentent le plan d’eau, les voileux français n’ont connu des conditions aussi changeantes et imprévisibles. Rien ne va, Marie Riou tombe même à l’eau en se mettant au trapèze.
Besson/Riou accrochent tant bien que mal une manche de 7 pour débuter puis une manche de 17. En ce 10 août, les conditions sont si incertaines que la 3e course programmée est reportée au lendemain.
Pour le dos de Billy, la 2e journée sera très pénible avec deux manches de 15, une de 13 et la meilleure à la 8e place. Devant, les Australiens Jason Waterhouse et Lisa Darmanin ont pris les commmandes et ne les lâcheront que sur la fin, laissant l’or au vétéran argentin Santiago Lange, 54 ans, revenu d’un cancer des poumons et à sa jeune partenaire (29 ans) Cecilia Carranza Saroli.
“Billy c’est une bête“, souligne alors admiratif Waterhouse, qui décrochera finalement l’argent. “Le voir arriver sur une chaise roulante, ça impressionne mais on savait, en le connaissant qu’il en faudrait beaucoup pour qu’il abandonne“.
Et Besson donne toute la mesure de son talent et de son courage au 3e jour lorsque le duo français, contre toute attente claque d’abord une 2e place puis deux victoires. Mais la dernière journée de navigation, déterminant le classement avant la medal race se passe moins bien, avec des places de 3, 11 et 7.
La medal race est certes encore ouverte mais le défi est quasi impossible. Le Tahitien et la Bretonne, 7e à 18 points des leaders argentins Santiago Lange et Cecilia Carranza Saroli, peuvent encore mathématiquement viser l’or. Mais une 5e place dans la medal race sonne le glas de leurs espoirs, ils finissent les Jeux au 6e rang.
Besson a pris aussitôt un avion pour Paris, direction ensuite l’hôpital où le staff avait pris rendez-vous pour lui dès jeudi.
La suite ? A respectivement 35 et 34 ans, Billy Besson et Marie Riou, désignés Marins de l’année en 2015, succédant à Loïck Peyron, vont désormais poursuivre leur route chacun de leur côté. “Marie, il y a d’autres aventures qui l’attendent, aussi bien en voile qu’au niveau familial“, a ajouté Franck Citeau. Il faut dire que la Brestoise, avant de se lancer dans cette campagne de Nacra avait un temps pensé à la course au large.
Besson, qui a déjà goûté aux plus gros multicoques et à la course au large, va lui poursuivre soit sur la Coupe de l’America, soit dans l’olympisme. Avant cela, il doit d’abord se soigner et oublier Rio.