La nuit dernière s’est passée à empanner de caps en caps pour profiter des maigres brises thermiques le long des côtes espagnoles. Mais ces grandes manœuvres nocturnes n’ont pas modifié la hiérarchie au sein de la flotte. Tel un métronome, l’équipage de Sidney Gavignet a parfaitement exploité chaque système de vent, chaque transition, chaque effet de site, semant encore un peu plus ses poursuivants. Ce matin, ils étaient les premiers à bénéficier du nouveau flux de secteur sud qui va bientôt balayer toute la Méditerranée. Aux commandes de cette 4e étape depuis 48 heures, l’équipage omanais se retrouve aujourd’hui dans une situation idéale pour aborder la suite du programme. « On ne va pas pousser à fond. On va se contenter de gérer notre avance » confiait le navigateur Jean-François Cuzon à la vacation de midi.
Dans leur sillage, les enjeux sont bien différents. A 12 milles l’un de l’autre, Race for Water et Foncia vont rester à la lutte jusqu’au bout. Pour l’instant, avantage à Stève Ravussin et ses acolytes qui ont réussi à grappiller une dizaine de milles la nuit dernière au passage du cap de Gata. Toutefois, Michel Desjoyeaux et sa troupe, actuellement en tête du classement général de l’European Tour, ne veulent pas se contenter d’une troisième place au pied de la Bonne Mère. D’ici l’arrivée, ils comptent sur les dernières difficultés à négocier : des empannages à placer, faire parler la poudre au portant et surtout ne pas casser. Car à la vitesse où vont glisser les bateaux (20 nœuds et plus) un écart de 40 milles ne pèse plus très lourd en cas d’avarie. Et dans ces conditions, une place est aussi facilement gagnée… que perdue.
C’est pourquoi Charles Caudrelier (le navigateur de Foncia), surveillait aussi ses arrières. A plus de 150 milles des leaders, les deux derniers trimarans, Spindrift racing et Groupe Edmond de Rothschild ne sont plus tout à fait dans le même schéma météo, ni dans la même logique stratégique. Contrairement à leurs prédécesseurs, la route idéale les fait passer à l’extérieur des Baléares (en laissant les îles à bâbord)… Bref, cette dernière nuit de course pourrait réserver quelques surprises, d’autant que la météo sera très compliquée demain matin aux abords de Marseille avec une rotation radicale du vent du sud-est au secteur ouest…
Afin d’assurer une arrivée suffisamment tôt lundi, et de permettre à l’ensemble de la flotte de récupérer après cette étape marathon, la Direction de Course des MOD70 European Tour a décidé de raccourcir légèrement le parcours de cette quatrième étape. Les multicoques n’iront plus contourner l’île de Porquerolles. Ils iront virer le phare de « Cassidaigne », à 4 milles de l’entrée du port de Cassis, avant de revenir franchir la ligne d’arrivée située dans la rade Sud, devant le port du Roucas Blanc. Les premiers sont attendus lundi matin vers 8 heures.
Classement de 17h30
Musandam-Oman Sail Sidney Gavignet à 266 milles de l’arrivée
Race for water Stève Ravussin à 101,3 milles
Foncia Michel Desjoyeaux à 113,6 milles
Spindrift racing Yann Guichard à 159 milles
Edmond de Rothschild Sébastien Josse à 170 milles