Comme un tremblement de ciel avec cinq années d’écart, la situation météorologique de ces prochaines heures ressemble à une réplique : les bouffées de chaleur tropicale qui se forment sur le Brésil, se décalent vers la mer pour former des grains orageux qui lâchent une énergie colossale de pluie, de vents, d’éclairs et de tonnerres. Mais derrière ces énormes nuages cumuliformes, des plaques de calmes se succèdent car l’atmosphère est perturbée par ces mini dépressions qui font parfois tourner la brise de 360° ! Bruno Peyron et son équipage s’en souviennent, eux qui ont réalisé les trois plus lentes journées de leur Trophée Jules Verne victorieux en 2005…
Vent de partout, vent de nulle part
Franck Cammas et ses hommes se rapprochent donc ce mercredi matin de cette deuxième zone orageuse qui est moins bien organisée que la première qu’ils ont traversée mardi soir. Or de l’activité électrique, éclectique, erratique de cette masse chaude et humide va dépendre l’alternance de vents et de calmes.
« Le prochain virement pour commencer à traverser le système en tribord amure dans des vents de Nord est prévu en fin de nuit ou au lever du jour (vent de Nord-Ouest cette nuit virant lentement à droite). Les grains orageux sont plutôt épars autour de Groupama 3 et viennent du Nord-Ouest en perdant leur activité. L’objectif des prochaines 24h est d’exploiter cette nouvelle dépression orageuse venant du Nord-Ouest pour s’extraire de cette zone (qui s’étend jusqu’à 22° Sud), où le vent est très faible une fois que les grains sont éloignés. La vigilance reste donc de mise encore un certain temps à bord du trimaran géant pour éviter de subir un sort similaire à celui de Orange 2 lors de son 38ème jour de mer, » indiquait Sylvain Mondon de Météo France.
Depuis une journée et demie, Franck Cammas et ses hommes ont réussi à maintenir un écart raisonnable face au temps de référence, autour de 350 milles soit entre 15 et 20 heures de retard. Si leur approche des alizés qui règnent sur le 22° Sud s’effectue sans trop de peine, Groupama 3 va pouvoir reprendre des milles très sensiblement car la situation météorologique est plus stabilisée entre Rio de Janeiro et l’équateur qu’il y a cinq ans. Ce mercredi se présente donc comme une phase importante de ce tour du monde et l’équipage va être particulièrement sollicité : grosse chaleur, fort taux d’humidité, vents variables, pluies et grains.