Une longue ligne droite vers la Tasmanie

Groupama 3
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À quelques semaines de la déclaration des revenus, Franck Cammas et ses hommes ont subi de plein fouet la crise éolienne qui les a frappés dès l’Afrique du Sud ! La Taxe sur le Vent Absent (TVA) n’était heureusement indexée qu’à 2,5%, le pourcentage de retard de Groupama 3 sur le temps de référence d’Orange 2 établi en 2005… Soit 440 milles en ce dix-huitième jour de mer. Ce jeudi midi, le trimaran géant positionné au Sud de l’île Crozet, avait enfin retrouvé le flux de Nord-Ouest de vingt-cinq nœuds qu’il cherchait à atteindre depuis trois jours. Les vitesses moyennes prenaient par la même, un sérieux coup de fouet à près de trente nœuds !

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« Nous sommes contents d’avoir enfin trouvé le vent que nous attendions : on envoie les chevaux ! Trente nœuds de moyenne depuis ce matin, pas encore tout à fait stable, mais les vitesses redeviennent raisonnables… C’était frustrant ces jours derniers avec ce front qui pouvait nous libérer : par trois fois nous avons tenté de le traverser et cela n’a fonctionné qu’à la quatrième tentative. Le front s’est enfin arrêté : il fallait patienter… En ce moment, il ne fait pas si froid que ça puisque nous ne sommes que par 42° Sud, mais il pleut pas mal sous le front. C’est plutôt bon signe, puisque cela signifie que nous sommes sortis du piège, » déclarait Franck Cammas à la vacation radio.

Indien « contraire »

Malgré un Atlantique peu coopératif, malgré un Indien « contraire » en ce début de traversée, malgré une trajectoire assez Nord qui rallonge la route par rapport à la voie optimale (autour du 55° Sud, mais au milieu des glaces…), Groupama 3 n’a jamais eu une journée de retard lors de cette troisième tentative sur le Trophée Jules Verne. Et en entamant en ce dix-huitième jour de navigation, le deuxième tiers de ce parcours autour du monde, Franck Cammas et ses neuf équipiers ne sont finalement pas en ballottage, au contraire ! En effet, la suite de cet Indien « tordu » s’annonce plus claire : une longue ligne droite vers la pointe de Tasmanie sans beaucoup de manœuvres si ce n’est l’adaptation de la voilure aux fluctuations en force du vent de Nord-Ouest, mais avec tout de même beaucoup d’attention à la barre et aux écoutes…

« Nous allons rester devant le front dans un vent de Nord-Ouest d’une vingtaine de nœuds (avec des renforcements passagers à trente-cinq nœuds et plus) pendant presque toute la traversée de l’océan Indien. Nous pourrons suivre une trajectoire presque idéale avec une mer pas trop dure : nous naviguerons à des moyennes de plus de trente nœuds ! »

Sylvain Mondon de Météo France, précisait que Franck Cammas et ses hommes n’avaient pas à trop tirer sur la machine puisqu’il ne servait à rien d’arriver trop tôt du côté de la Nouvelle-Zélande : une dépression venue d’Australie fait barrière à l’entrée du Pacifique. Avec désormais moins de 16 000 milles à parcourir jusqu’à Ouessant, soit les deux tiers du tour du monde, Groupama 3 conserve toutes ses chances de descendre sensiblement en dessous des cinquante jours de mer… Mais c’est aussi la partie la plus rude à vivre à bord d’un trimaran où l’équipage est tout de même bien exposé aux éléments extérieurs.

« Il commence à faire très humide : il faut ranger ses affaires et être bien ordonné. Il n’y a pas beaucoup de visibilité et on ne voit aucun oiseau ou mammifère à l’horizon ! Nous avons chacun notre propre sac de couchage, mais on se partage les trois couchettes à l’avant au gré des quarts. Pas facile de garder des vêtements secs jusqu’au cap Horn… »