Dans le jeu virtuel que se livrent Orange 2 et Groupama 3 à cinq ans d’écart, Franck Cammas et ses hommes ont choisi de « roquer », de déplacer leur pièce maîtresse pour se recaler au Nord dans l’optique de porter le coup fatal avant le passage du cap Horn. Car après avoir navigué en bâbord amure dans du vent d’Ouest à Nord-Ouest pendant plus de 24 heures, le trimaran géant est remonté de 5° pour empanner vers 5h00 (heure française), cap au Sud-Est à trente noeuds. En termes d’écart par rapport au temps de référence, le résultat est négatif bien que Groupama 3 ait été toujours plus véloce ces dernières heures parce qu’il a parcouru plus de route sur l’eau que son concurrent virtuel. Mais la tendance va s’inverser de nouveau et oscillera encore jusqu’à la fin du Pacifique : l’avance devrait ainsi varier entre 450 milles comme ce dimanche matin et 550 milles comme samedi soir…
« En effet, le vent fluctuant désormais entre l’Ouest et le Sud-Ouest, Franck Cammas et son équipage ont repris le temps d’une journée, une route plus directe vers le Horn. Mais le cap est encore loin (2 400 milles à 4h30 TU) et ce ne sera pas la dernière manoeuvre avant d’atteindre la sortie de l’océan Pacifique. En effet contrairement à l’océan Indien, la deuxième moitié de la traversée s’annonce plus complexe puisque Groupama 3 devra composer avec un vent assez variable ce dimanche (Ouest à Sud-Ouest) puis devra gérer une perturbation venant de l’Ouest à grande vitesse en début de semaine, tout en longeant une zone connue de fréquente présence d’icebergs. La progression de Franck Cammas et son équipage nécessitera donc encore de nombreux efforts jusqu’au cap Horn et une concentration maximale dans ce milieu peu accueillant, » analysait Sylvain Mondon de Météo France
Les conditions de navigation vont donc se durcir et devenir plus « rock’ roll » ! Pas le même tempo, pas le même rythme, pas la même ambiance, pas la même musique, même si la moyenne restera toujours comprise entre 27 et 30 noeuds. Plus de froid, plus de mer, plus de dangers (des icebergs à surveiller), plus de manoeuvres, plus d’humidité : Franck Cammas et ses neuf équipiers entrent réellement dans le « pays de l’ombre » ! Mais normalement, cette partie la plus difficile du Trophée Jules Verne ne durera que quatre jours… Jusqu’au cap Horn attendu pour la nuit de mercredi.