Le Sri Lanka est déjà dans leur sillage, mais les concurrents se tiennent toujours dans un carré de 20 milles de côté. Sous grand-voile haute et génois, tous affichent des vitesses similaires – 12 à 13 nœuds de moyenne dans 15 à 16 nœuds de vent de nord-est. Pour créer l’écart, ils n’ont que deux possibilités : se décaler au nord pour profiter de plus de pression, ou rester au centre en espérant utiliser une bascule à l’est à l’approche du détroit de Malacca.
Hier soir, deux bateaux ont pris la première option en se recalant au vent de la flotte : Camper et Telefónica. Opération particulièrement réussie pour le premier, qui a repéré un gros nuage et a su profiter d’une bascule de 60 degrés de vent sans perdre de terrain. « Hier soir, on a eu quelques averses, » raconte Chris Nicholson, le skipper de Camper. « Elles peuvent être bonnes ou mauvaises, mais un des nuages amenait une belle bascule. On a décidé de virer et de naviguer en bordure du nuage où la brise soufflait. Ça nous a simplement permis de nous placer au nord de nos concurrents pour nous donner l’avantage dans les prochains jours. »
« Ça se joue surtout dans les transitions, comme pour Camper dans un grain hier soir, » reconnaît Damian Foxall, chef de quart de Groupama 4. « C’est un travail de vitesse, un travail méticuleux, des angles un peu débridés avec de la vitesse dans les adonnantes. Chaque dixième de nœud, chaque petite ado compte. »
À 14h, le bateau français est toujours en troisième position derrière Mar Mostro, premier, et Camper, deuxième. Damian Foxall : « Puma est un bon lièvre. On va plus vite à deux que tout seul ! Quand on est au contact, ce n’est jamais monotone. Devant, derrière ou à côté : on est naturellement plus exigeants et plus concentrés. Ça nous donne un repère réel. »
Quelque soit leur option, tous sont heureux de pouvoir enfin se comparer – « après quelques jours de course, on a déjà une liste de choses à améliorer à Sanya, » sourit Foxall. « C’est une bonne course contre les autres gars, » confirme Casey Smith, numéro un de Mar Mostro. « Tout le monde se voit plus ou moins, c’est sympa. On a encore 750 milles jusqu’au waypoint (au nord de l’île de Sumatra, NDLR). Il reste de la route. Tout peut se passer ce soir, ça dépend entièrement des grains qui viennent. »
Situation stable jusqu’au week-end
La hiérarchie ne devrait donc pas changer ces prochaines vingt-quatre heures car le golfe de Bengale est plutôt paisible et stable jusqu’au week-end. La course va se décanter à l’approche de Pulau We, quand les effets de côte vont se faire ressentir après une phase de molle, par un nouveau renforcement du vent à une quinzaine de nœuds et une rotation à l’Est. Il faudra louvoyer et théoriquement, il est préférable d’être sous le vent de la flotte quand le vent va tourner. D’ici là, la position des néo-Zélandais est intéressante pour envoyer une plus grande voile d’avant, quand la brise va mollir et il est probable que Camper glissera progressivement sur la route ouverte par Puma et Groupama 4…
Classement de 14h
1 – Puma à 2397,1 milles de l’arrivée
2 – Camper à 2,30 milles du leader
3 – Groupama à 3,90 milles du leader
4 – Abu Dhabi à 12,70 milles du leader
5 – Team Telefonica à 16,30 milles du leader
6 – Team Sanya à 20,50 milles du leader